Zack - 10

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« J'aime les gens qui secouent les autres et qui les rendent mal à l'aise. »

Jim Morrisson.

Mais ça ne va pas bien dans ma tête ? Depuis quand je parle littérature avec une fille ? Je perds complètement la boule, ça devient grave ! Je vais finir par croire que cette nana a une poupée vaudoue dans sa chambre et qu'elle s'amuse à me manipuler à sa guise.

Or, dès que son sourire fait apparaître ses jolies petites facettes, tout ce bordel en moi s'évanouit en une fraction de seconde. C'est ahurissant comme elle me rend fou. Jamais personne n'a réussi à me rendre chèvre à ce point. Sauf que là, je commence sérieusement à me poser des questions et ça me fait froid dans le dos.

- Avant le prologue, il faudrait aborder les bases du récit, tu ne crois pas ?

Elle rentre dans mon jeu et j'adore ça ! Ça m'excite tellement que j'aimerais que cette discussion ne se termine jamais.

– Je te laisse m'aiguiller, c'est toi la spécialiste dans ce domaine, rétorqué-je, un sourire niais à mes lèvres.

Celle-ci sourit timidement à mes paroles et ça me fait encore plus craquer. Je vais finir par terre à ramper à ses pieds si ça continue comme ça.

– Je suis désolée, mais je suis loin d'être celle qui fera le premier pas.

Ça, je le sais très bien. C'est le genre de fille qui ne court pas après un mec, et qui ne cherche pas non plus à ce qu'on s'intéresse à elle. J'ai vraiment trouvé la perle rare autant que je dois relever un énorme défi. Sacré challenge !

– Ce n'est pas ce que je souhaite de toi, au contraire, je veux que tu restes comme tu es. Parce que c'est ce qui me plaît chez toi.

Montaine plisse des yeux, sans doute méfiante. Moi-même je n'arrive pas à savoir si je dis la vérité ou pas et si je suis capable d'être celui que je lui vends.

– Zack, soupire cette dernière, visiblement gênée, c'est flatteur ce que tu me dis, mais je le répète, je ne suis pas prête pour une possible relation.

– J'aimerais comprendre. Sincèrement.

– Comprendre pourquoi j'évite les garçons ?

– Plus ou moins, oui.

Je vois bien qu'elle réfléchit et qu'elle pèse le pour et le contre. Tant bien que mal, j'essaye de l'aider à se dévoiler, à la découvrir un peu plus. Je veux tout savoir d'elle, c'est devenu une obsession !

– Je promets que je ne te jugerais pas. Je suis mal placé pour le faire de toute manière, ajouté-je tentant de faire redescendre le malaise qui s'est érigé entre nous.

– Zack, je te connais à peine !

– C'est souvent avec les gens qu'on ne connait pas qu'on arrive à se confier.

– Tu as décidément réponse à tout. Mais je ne peux pas. Pas ce soir et pas maintenant. C'est trop tôt.

Les larmes aux yeux, je n'insiste pas plus. Loin de moi l'envie de la faire pleurer, mais j'ai semble-t-il franchi une certaine limite. Son histoire doit vraiment être difficile. Difficile au point de ne plus faire confiance aux hommes. En tout cas, c'est ce que j'en déduis.

– Je vais rentrer. J'étais contente de te revoir, malgré tout.

Contente ? Elle est contente de me revoir ? Intérieurement, c'est le carnaval de Rio, de Dunkerque, de Venise, bref, c'est la folie !

– C'est réciproque.

Son sourire refait surface. Y aller en douceur, c'est comme ça que je dois m'y prendre avec elle. Au fur et à mesure, je vais savoir comme agir de la meilleure façon possible et c'est ça la clé de ma réussite.

– Tu veux que je te raccompagne ?

– Non merci, j'ai seulement ce pont à passer.

– Tu es toute seule, Montaine. Ce n'est pas très rassurant pour moi.

– Tu as peur ? demande-t-elle en écarquillant ses yeux. Pour moi ?

– Pourquoi personne n'aurait le droit d'avoir peur qu'il t'arrive quelque chose, à bientôt minuit ? Bien sûr que je crains le pire ! C'est normal, non ?

Il faut que j'arrête de parler, sinon je risque de dire des choses que je pourrais potentiellement regretter par la suite.

Mec, c'est juste une fille que tu veux ajouter à tes conquêtes, rien de plus !

Sauf que c'est plus fort que moi, je ressens le besoin de lui dire de belles choses, de la faire sourire, de la sentir sereine.

– Je ne sais pas, souffle Montaine, d'une voix à peine audible.

– Laisse-moi te raccompagner.

Purée, je vais passer pour le lourdingue de service ! Je viens de m'en rendre compte un peu tardivement.

Celle-ci fait la moue avant de me lancer :

– Bonne soirée, Zack.

Un tacle. Voilà ce que je me suis prit en pleine face. Je n'ai jamais ressenti ce que je ressens à l'instant T. Du rejet, de l'indifférence...

Finalement, est-ce que je lui plais ? En réalité je ne le sais pas vraiment. Je ne veux pas d'elle comme d'une simple amie, je la veux bien plus que ça. Et si je n'y arrive pas, alors je serais obligé de rompre ce contact qui vient à peine de débuter.

Rien que d'y penser, j'ai une épine qui me transperce le cœur avec sadisme.

– Bonne nuit, Montaine.

You give Love a bad nameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant