Zack - 8

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« Je préfère être détesté pour ce que je suis qu'aimé pour ce que je ne suis pas. »

Kurt Cobain.

Mes potes ont fait des pieds et des mains pour me sortir de mon hibernation soudaine. Depuis quelques jours, je ne décolle plus de chez moi, je suis brutalement devenu asocial. Tout le contraire de ce que je suis en temps normal.

Ce qui me met à cran, c'est le fait d'avoir été négligé par cette petite Montaine qui me titille les nerfs. Elle n'en sait rien, mais le fait de me faire perdre mon temps m'agace et me challenge à la fois. Je suis complètement dérouté sur la manière dont je devrais agir avec cette fille. Soit je m'y prends mal avec elle, soit j'ai perdu ce charme naturel qui fait habituellement fondre les femmes.

Or, ici, il n'en ai rien. Je suis au point mort le plus total.

Alors quand David ajoute le détail le plus important pour moi, j'ai immédiatement sauté sous la douche pour me préparer.

Ce soir, c'est l'occasion de revoir Montaine. Je saisis cette opportunité malgré la fatigue qui me tenaille à cause des nuits blanches que j'ai récemment accumulées par sa faute, n'ayant toujours pas eu de réponse à ma sollicitation.

Cependant, quand je l'aurais enfin face à moi, elle sera au pied du mur. Je ne compte pas la lâcher d'une semelle, elle est à moi, j'ai mis une option sur elle, donc si quelqu'un tente quoi que ce soit, je l'enterre vivant et sur le champ.

J'ai l'impression de radoter, mais je la veux irrémédiablement. Je ne sais pas ce qui m'attire à ce point chez elle, mais il faut absolument qu'elle partage une toute petite partie de mon quotidien. Je serais fière d'avoir une fille dans son genre parmi mes plus belles conquêtes.

Quand nous arrivons David et moi au bar, je m'installe sur la banquette face à l'entrée, sur le qui-vive. Les minutes s'égrainent et je commence à le demander si mon pote ne m'a pas fait une mauvaise blague, car je perds de plus en plus patience.

– Tu te fous de moi où on va crécher ici toute la nuit ?

– Détends-toi, mon vieux, on va bientôt avoir de la compagnie. Les filles se font toujours désirer, tu connais ça.

Si lui semble très serein, moi je le suis beaucoup moins. Étrangement, mon cœur bat à tout rompre à chaque fois que je regarde l'heure sur ma montre. Mon pied gauche s'agite sous la table et mes doigts pianotent sur celle-ci. Je suis plus qu'impatient, je suis stressée et Dieu sait que je ne suis angoissé que lorsque je dois monter sur scène. Et encore, c'est pour moi un bon stresse.

Au bout du rouleau, je m'éclipse pour me rafraîchir les idées dans les toilettes des hommes. J'y reste plusieurs minutes avant de rejoindre David, mais à peine sorti, je la vois franchir la porte de ce bar irlandais. Plus en retrait que sa copine, elle affiche une moue nerveuse en triturant un pan de sa robe qui me laisse bouche bée.

De fille sage telle que je l'ai rencontré à la bouquinerie de ma tante, je la revois presque femme fatale. Elle est sublime dans sa robe noire qui lui descend quasiment jusqu'aux chevilles. Certes, je suis friand des vêtements moulants où l'on peut admirer les courbes de ces demoiselles, néanmoins, chez elle, je suis amplement satisfait par ce qu'elle m'offre comme vu.

Étonnement, je la trouve plus belle comme cela. Cette fille se respecte et au fond de mon être, j'aime ça. Elle est différente, je l'ai su dès que mes yeux se sont posé sur elle la première fois, dos à moi et pourtant si attrayante, tel un aimant.

Sans grande surprise, Clarisse se jette au cou de mon camarade, tandis que Montaine les regarde, emprunt d'un malaise indéchiffrable. Est-ce qu'elle m'évite ? Est-ce le lieu qu'elle n'aime pas ? La foule ? Mon pote ? Tout un tas de questions me taraudent l'esprit.

Debout, comme un idiot, j'attends. Moi ne la lâchant pas des yeux, elle ignorant ma présence. Je ne tiens pas en place, mais je tente de ne pas le montrer. Je préfère paraître comme un véritable gentleman en premier lieu.

Je finis par les rejoindre, mes yeux toujours ancrés sur elle.

– Salut, Zack ! s'écrit Clarisse, me cassant un ou deux tympans. Comment tu vas ?

– La routine, réponds-je en répondant à sa bise fixant toujours sa copine.

– Prétentieux, va ! Vous n'allez pas me dire que vous, les Cheeky Boys, vous avez une routine ?

Elle commence à m'agacer celle-là, elle est beaucoup trop agitée pour moi. J'ai déjà un mal de crâne puissant à cause de la fatigue, mais là, elle en rajoute une bonne couche !

– J'ai traîné Montaine jusqu'ici. Il fallait la sortir la petite casanière ! se moque cette dernière.

Pour qui se prend-elle pour parler de cette façon de sa copine ? Ce n'est pas normal. Une amie est censée glorifier ceux qu'elle aime, non pas les rabaisser ! Une pointe d'énervement s'immisce en moi et en un éclair, sans même avoir tourner sept fois ma langue dans ma bouche, je réplique d'un ton sec :

– Il n'y a rien de mieux qu'un bon chez soi.

Ma réplique à l'air de faire effet chez le sujet de mes convoitises, car Montaine me porte enfin de l'attention en esquissant un bref sourire.

Elle me rend fou cette nana, sa timidité me décontenance. Je ne me reconnais pas du tout.

Hésitant un moment, je reprends mes esprits et retrouve l'ancien Zack qui n'a peur de rien. Remonté à bloc, je m'approche de la jeune femme et lui enlève sa magnifique veste en cuir qui lui sied à merveille, dévoilant enfin un cou plus qu'enivrant.

J'ai envie de me jeter sur elle... tellement envie !

L'embrasser sur les joues, descendre jusqu'à son cou que je pourrais enfin humer. Déposer mille baisers jusqu'à ses clavicules, pour enfin remonter jusqu'à sa...

– Zack ? Ici la Terre ? m'interpelle David, les sourcils froncés.

– Pardon ? bégayé-je, perdu dans des pensées beaucoup plus intéressantes que les remarques de mon pote lourdingue.

– On se demandais si on allait en boîte après. Ça te dit ?

– Non merci. Tu sais que j'ai accepté juste pour le bar, rien de plus. Je suis fatigué.

– Juste pour le bar ou pour autre chose ?

Quel boulet ce mec ! Je comprends mieux pourquoi ils se sont directement bien entendu avec Clarisse. Ils sont pareils !

– Ferme-là, murmuré-je à son oreille alors que je reprends place sur la banquette.

– Nous, on va y aller en tout cas, ajoute cette dernière, excitée comme une puce.

Comment je pourrais aborder Montaine sans qu'elle se renferme sur elle-même ? J'ai besoin et envie de lui parler, mais avec ces deux autres fous à mes côtés, je n'arrive décidément pas à réfléchir convenablement.

You give Love a bad nameDonde viven las historias. Descúbrelo ahora