HEAVEN [en pause]

Chapitre 3

Ben voyons. Croisant son regard encre, j'y décelai de l'intérêt soudain pour la question. Je réfléchis un instant avant d'annoncer:

- Si je gagne, tu m'aides à faire la disserte sans constamment me provoquer et m'énerver. Si je perds...

- Danse avec moi.

Avant même d'avoir rassemblé ce qu'il me restait de bon sens, j'acceptai. Sans réfléchir, je suivis sa silhouette. A chaque pas que je faisais, je me répétais que c'était insensé mais je ne voulais qu'une seule chose : gagner le pari.

Ed, expliqua rapidement aux autres joueurs de poursuivre la partie sans lui puis m'entraîna vers une table de billard encore inoccupée. Il paya la caissière, qui la lui légua pour une partie.

-Tu sais jouer ?

- Je me débrouille.

Il me tendit la queue de bois.

- A toi l'honneur, dit-il en pointant la table.

Je me penchai sur celle-ci et frappai. Toutes les billes se dispersèrent. Alors que je priai pour qu'une d'entre elles soient empochées, mon portable sonna.

- Où es tu ?

Emma ne se rendait pas compte que sa voix avait atteint un octave supérieure à la normale.

- Je joue au billard avec Ed, répondis-je en lançant un regard à l'intéressé.

Il était concentré sur une bille, comme s'il se préparait à un coup délicat.

- Ed Larkin ?

- Oui.

Sans même la voir, je savais qu'Emma affichait un sourire sournois.

- Je te ferais remarquer que tu me déconcentres, maugréai-je.

- Je ne pense pas être réellement la cause de ta déconcentration, riposta-elle malicieusement.

Je soupirai, veillant avec application à ne pas lui répondre.

- Je me trompe ?

Je l'ignorai, raccrochai et me tournai vers mon binôme qui assis sur la table me regardait, la tête penchée de côté. Cherchait-il à m'observer sous un angle meilleur?

- Tu ferais mieux de déclarer forfait, mon ange.

Je lui lançai un regard glacial auquel il répondit par une moue narquoise.

- N'y pense même pas, protestai-je.

Il descendit de la table et me fit face.

- Tu es curieusement irrésistible Kayla.

Son corps n'était plus qu'à quelques centimètres du mien. Je sentis son souffle sur ma joue et son regard transpercer mes pupilles.

- C'est à mon tour, décrétai-je avec assurance, prenant soin de le contourner.

Je l'entendis rire.

La partie se poursuivit désastreusement pour moi. Rares étaient les billes que je parvenais à empocher provoquant des rires incontrôlés de mon adversaire. J'étais soudain prise d'une envie d'abandonner, mais c'était certainement ce qu'il voulait. Ne cédant pas d'un pouce, j'optai pour une attitude de glace.

A la fin de la troisième manche, j'avais commis trois fautes dont éjecter une bille de la table. Ed semblait trouver cela si drôle qu'il n'avait pas cessé de découvrir ses dents.

Alors que je me préparais consciencieusement à empocher une bille, il tendit le bras. Avant que je n'aie pu réagir, il me prit la queue de billard des mains.

- La partie est terminée. J'ai empoché ma dernière bille, me fit-il remarquer. Je t'avoue adorer regarder tes adorables fesses rebondies mais je les aimerais d'avantage sur la piste de danse.

Examinant les pensées qui me traversaient l'esprit, j'essayai de comprendre comment j'avais pu me laisser emporter à tel point dans ce pari pour ne pas me rendre compte que la partie était terminée.

Je soupirai. J'étais non seulement forcée de partager une danse avec lui -autrement dit un espace restreint entre nous deux- mais je devais renoncer au faible espoir que je cultivais quant à faire notre disserte.

Il n'attendit pas ma réponse, prit ma main et m'entraîna parmi les corps déjà présents. Sans même lui accorder un regard, je me faufilai parmi les couples formés et commençai à bouger mon corps au rythme de la musique, balançant sensuellement des hanches en faisant mine d'ignorer le regard étonnement fiévreux d'Ed. Je sentis soudain qu'il me maintenait fermement par les hanches associant son corps au mien. Le sentiment que faisait naître le contact de ses mains sur moi n'avait plus rien d'indifférent. J'étais consciente que mes réactions trahissaient un état second mais je sentais qu'il n'était églement plus de marbre. La pression de ses mains se faisaient de plus en plus insistante. Le morceau suivant s'enchaîna mais ni lui ni moi ne manifestâmes notre envie de retourner au bar. Les lumières aveuglantes me faisaient tourner la tête me forçant à la poser sur son épaule. Il resserra alors son étreinte, posant mes mains autour de son cou, parcourant ma peau satinée d'un geste expert. D'abord hésitante, je m'y opposai faiblement, mais ne pouvant résister plus longtemps, je me laissai faire. Je relevai alors la tête croisant son regard, inhabituellement intense. Il m'observait comme s'il souhaitait pouvoir lire mes pensées et sonder mon espri, d'un sourire empli de promesses. La musique n'était plus qu'un lointain bourdonnement sur lequel nous nous balancions machinalement. Quand je sentis son souffle dans mon cou, je me reculai brusquement.

Quand avai-je réellement perdu le contrôle de la situation ?

Surpris que je romps l'échange aussi brutalement il m'étudia.

- Désolée, il faut que j'y aille.

Réaction plutôt faiblarde mais ne trouvant rien de mieux j'omis volontairement de préciser qu'il éveillait des sentiments en moi incontrôlés.
Ne cherchant pas à m'éterniser davantage, je me détournai et partis à la recherche d'Emma. Il était temps de rentrer à la résidence.