-Qui aurait cru...

-Tu sous entends quelque chose Noélie ?

-Qui aurait cru que même sa mère me remplacerait par une fille comme toi.

Je serre les poings et les dents. J'en n'ai ras le bol d'entendre ces mots-là « une fille comme toi ». Qu'est-ce que je suis ? Que veut dire « comme moi » ? Qu'est-ce que j'ai de si différent d'elle bordel. Je suis si différente de ce monde ? Du plus profond de moi, j'aimerais qu'on n'arrête de me catégoriser dans une case extérieure à eux, comme un putain d'extraterrestre. J'aimerais juste être vu comme tout le monde, mais il faut croire que ça n'est pas près d'arriver.

En tout cas, plutôt mourir que de me montrer blesser.

-Et ouais, qui aurait cru.

-C'est moi qui aurais dû y être, j'espère que tu le sais.

Sur ce, elle me foudroie du regard en ouvrant la porte des vestiaires. Une fois à l'intérieur, je m'assoie sur le banc pendant qu'elle fouille dans un casier, puis dans un sac. Elle me toise de haut en bas, elle examine mon corps, puis sort le même uniforme bleu qu'elles portent toute. Une jupe, et le croc top qui va avec.

Je n'avais pas réfléchi sur le coup, et la pression me monte. Je ne peux pas porter ça. C'est beaucoup trop... dévoilant. Elle jette les habits sur mes genoux, et je fixe ces bouts de tissus.

L'uniforme est magnifique, Noélie est magnifique aussi. Mais moi, je ne suis pas en capacité ni physique, ni mental de porter ça.

-Vas te changer.

-Vous n'avez pas autre chose ?

-Non, répond-t-elle sèchement.

Ok. Super.

Je m'enferme dans une cabine et enfile, difficilement, l'uniforme. Sérieux c'est du combien son truc ? Mes hanches ont du mal à entrer dans cette mini-jupe, mais je fini par y arriver. Le haut me compresse la poitrine et le ventre, mais je suis dedans.

J'ai l'impression d'être un poulet rôti dans son filet. Je me sens compressée, serrée, mais la partie sensible de mon être n'osera pas demander la taille au-dessus.

Dios mio pourquoi je suis comme ça ? Je le sais au fond de moi qu'il n'y a rien de mal à ça, et pourtant, j'ai si peur quand ça concerne mon physique.

Je jette un œil dans le miroir, mais tourne vite les yeux, ne supportant pas mes cuisses et mes bourrelets.

Tous les corps sont beaux Alyah, même le tien, ne cesse de me répéter le petit ange sur mon épaule.

Oui, tous, mais pas le tien connasse, me répète le petit diable qui lui fait concurrence.

Allez-vous faire foutre, tous les deux.

Je sors de cette cabine qui m'étouffait, mais tombe sur le regard de Noélie, ce qui est pire. A ma grande surprise elle ne dit rien et les détourne directement. Moi qui m'attendais à des vacheries gratuites, faut croire que même elle n'est pas si affreuse. C'est surement moi qui psychose.

-Besoin que je te fasse une couette ou une tresse ? me demande-t-elle.

-Non, c'est bon.

Je commence à me tresser les cheveux face au grand miroir, et je l'entends souffler. En deux trois mouvements elle est à côté de moi, et s'empare de mes cheveux.

-Ce n'est pas ça qui va tenir tes cheveux crois moi. Ils vont te gêner si tu ne coiffes pas bien.

Noélie se met à me coiffer comme une pro, habituée à ça surement. Elle ne met aucune délicatesse dans ses gestes et je suis sûr qu'elle le fait exprès, et prend un malin plaisir à m'arracher quelques cheveux au passage. Elle me fait un chignon haut, serrée comme jamais sur mon crane, mais au moins, il est clair que je n'ai aucuns cheveux qui dépassent.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEDove le storie prendono vita. Scoprilo ora