chapitre 3: les préparatifs

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Je suis allongée sur le rebord de ma fenêtre, il fait nuit mais je ne dors pas. Je me sens bien mais étrangement le sommeil ne vient pas. La discussion avec mes grands-parents tourne dans mon esprit et de nouvelles questions apparaissent sans cesse. L'air nocturne doux de la fin juin souffle doucement sur moi ; je ferme les yeux et me laisse envahir par un sentiment de bien-être. Après dix-sept ans de questions, à me demander sans-cesse : pourquoi moi ? Les nombreuses nuits passées à pleurer, à espérer qu'un jour j'arrête de voler pour de bon, que je devienne enfin normale, que Matéo me voit... Tout ça me semble maintenant loin derrière moi et en même temps je sens comme un pic de nostalgie qui s'immisce en moi à chaque fois que je repense aux goûters avec Pito et Mima dans le champs de lavandes. Ces souvenirs heureux se mêlent à l'excitation que je ressens en pensant à la semaine avenir. Je vais déménager ! Je me glisse dans mon lit et c'est sur ce sentiment incroyable de renouveau et d'incertitude que je m'endors.

- Debout là-dedans ! Il est neuf heure, faut se lever !
Pito plus en forme que jamais fait irruption dans ma chambre, pose par terre un tas de cartons et ressort. Je m'étire avant de me redétendre mollement dans les draps. Un rayon de soleil entre par ma fenêtre et baigne la chambre d'une lumière chaude. Je me sens en pleine forme malgré la nuit courte mais riche en réflexion que je viens d'avoir. Je ne ressens plus la crainte qui m'a envahie la veille et je décide de ne pas trop cogiter sur le futur qui m'attends mais de vivre à fond le moment présent en me concentrant sur aider mes grands-parents. Je sors de mon lit et une fois habillée je commence à remplir les cartons ; d'abords, les livres, puis mes affaires de bureau, mon matériel de bricolage et de dessin, mes affaires décoration. Lorsque je descends mes trois premiers cartons la matinée est bien avancée. Je salue Mima et remonte ... les draps, certains de mes vêtements et du bazar. Lorsque vers midi je redescends enfin avec le reste de mes cartons, il est l'heure de déjeuner. Je passe ce jour-là mon après-midi avec Pito à descendre des meubles ou avec Mima à faire du nettoyage. Je ne vois pas la journée défiler et le soir, lorsque je me couche je suis exténuée.
Le lendemain se passe plus calmement, les meubles sont emmenés le matin, laissant la maison très vide. Je pars me promener dans la campagne et en fin d'après-midi je me baigne dans la rivière en bas du village. J'essaie de profiter de ces derniers moments dans le cadre de mon enfance en me repassant les souvenirs que je garderai pour toujours de ces endroits. Lorsque je rentre, le soleil est en train de se coucher. Mima est assise à côté de la porte d'entrée, elle a l'air de m'attendre. je m'approche d'elle est m'assoie à ses côtés sur le banc en pierre chauffé par le soleil. Elle se tourne vers moi et me sourit.
- Tu as pu profiter de ces derniers moments dans notre petit paradis ma Madda ?
Je souris et lui prend la main. Je ne peux rien faire d'autre car je sens à ce moment-là une vague de nostalgie qui monte et me serre la gorge. Mes yeux s'embuent et je sais qu'à la moindre parole je risque de fondre en larmes, mais je ne veux surtout pas gâcher l'instant.
- Tu sais ma chérie, je suis tellement contente que nous ouvrions cette nouvelle page avec toi. Ces changements sont grands mais tu verras, Alma et toute sa famille sont au courant de notre arrivée, tu ne seras pas perdue longtemps. Et puis la maison que nous avons trouvé avec Pito est magnifique, tu pourras voir la mer depuis ta fenêtre ! Je suis certaine que tu t'y plairas.
Elle m'embrasse sur le front et se recule en prenant mon visage dans ses mains.
- Tu es une vraie jeune femme maintenant ma chérie, belle comme un soleil . Là-bas, tu verras, tu n'auras pas à te préoccuper de garder les pieds au sol, tu pourras t'envoler comme bon te semble...
Je lève des yeux étonnés vers elle.
- Nous avons remarqué depuis bien longtemps Madda, que tu étais malheureuse de cette différence mais nous avons compris récemment que tu souffrais encore plus de devoir restreindre ce plaisir de voler... cela nous a décidé à acheter cette maison près des Madrigal. Nous voulons que tu te sentes à ta place, et pas seulement lorsque tu es à la maison.
Je regarde ma grand-mère, le cœur gros.  Alors que des larmes coulent sur mes joues je sers ma grand-mère. Nous rentrons dans la maison et ce soir-là, je m'endors apaisée en pensant au grand départ du lendemain.

Madda et le Miracle MadrigalWhere stories live. Discover now