chapitre 1 : Une vie ordinaire

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- Maddaaaa !

Je m'appelle Maddalena.
J'ai 17 ans et je vis à Saignon, un petit village dans le sud de la France.
Là, c'est ma grand-mère qui m'appelle comme tous les matins, pour partir au lycée...
Vous vous demandez sûrement pourquoi ce n'est pas ma mère qui me réveille... eh bien pour la simple et bonne raison que je ne connais pas mes parents.
Du plus lointain que je me souvienne, j'ai toujours vécu avec mes grands-parents, Pito et Mima.
En fait, on en parle pas souvent mais Mima m'a expliqué que ma mère est morte à ma naissance et que mon père est parti quand j'avais six mois, autant dire que je n'ai pas le moindre souvenir de lui. Vous vous rendrez vite compte qu'à part ce tragique destin d'orpheline dont je me satisfais, ma vie n'a rien de passionnant. Je réussis pas mal à l'école et comme toutes les filles de mon lycée, je suis dingue de Matéo le mec canon de ma classe.
Le plus incroyable chez lui c'est que ses yeux bleu océan, son look branché et sa popularité me donnent environ une chance sur un million qu'il me remarque.
Sans prétention je peux affirmer qu'il m'a déjà adressé la parole... pour me demander de lui prêter une copie double lors d'un devoir. C'est d'ailleurs depuis ce jour-là que je ne prête plus de feuilles .
Pas par égoïsme ou quoi que ce soit mais simplement parce qu'après Matéo ça a été au tour de Lucas, d'Augustin et évidemment de toute la classe de m'en réclamer.
Depuis, j'ai gagné le merveilleux surnom de « Clairefontaine ».
Vous allez me dire que je relativise trop mais honnêtement ça aurait pu être pire... Par exemple jusqu'à mes dix ans mon surnom à l'école c'était « l'alien ». Pourquoi "alien" ... en fait c'est assez dur à croire et compliqué à expliquer mais depuis que je suis née j'ai une aptitude qui m'a valu de nombreuses victoires aux concours d'escalade ou encore à l'accrobranche : je sais voler.
Ne vous méprenez pas, je ne suis ni un ange ni un génie en robotique, j'ai juste la capacité de m'élever à plusieurs mètres au-dessus du sol sans rien toucher autour de moi.
Je le précise parce que bien des gens ont demandé à mes grands-parents s'ils s'étaient renseignés auprès des plus grandes écoles d'ingénieurs à mon sujet, pensant qu'on touchait là un cas de génie rare.
Ils leur répondaient toujours très naturellement que j'étais née avec cette capacité, car pour eux j'étais leur petite fille et qu'importe mes aptitudes originales, je n'en étais pas moins humaine. Ils ne m'ont d'ailleurs jamais interdit d'utiliser ce pouvoir. Malheureusement, ce n'était pas l'état d'esprit de tout le monde. Après les explications de mes grands-parents, la réaction des gens était toujours la même. Ils reculaient d'un pas, et tandis que les plus sceptiques conseillaient à mes grands-parents d'aller se faire soigner, les plus croyants se signaient et s'en allaient. Ceux dont je connaissais les enfants leur demandaient d'arrêter de me fréquenter, ce qui m'a coûté beaucoup de camarades.

Cette capacité inutile et embarrassante m'a value régulièrement soit des moqueries soit du rejet. En même temps qui veut être ami avec une fille bizarre... Cette malédiction m'a suivie en entrant au collège. La rumeur que j'étais infréquentable a circulée pendant ma sixième puis au fil des années, s'est calmée. Enfin en entrant au lycée, je n'ai presque retrouvé personne de ma primaire, et j'ai enfin pu vivre normalement. « Normalement » signifie pour moi, de ne pas parler à trop de monde, de ne pas me faire remarquer en classe et surtout de ne pas voler. Il m'a fallu du temps pour accepter le fait qu'il n'était pas normal pour les autres de me voir m'envoler pour regarder le tableau quand j'étais au fond de la classe. Aujourd'hui je ne vole presque plus, seulement quand je suis seule. Je ne suis que Maddalena, Madda pour les intimes... ce qui se résume à Pito et Mima. Je pense sincèrement que le pouvoir qui m'aurait été le plus utile aurait été l'invisibilité. Mais revenons-en au début... pourquoi Mima m'appelle-t-elle ? On est le premier samedi des grandes vacances...

Madda et le Miracle MadrigalWhere stories live. Discover now