Ma vie de Grosse

CHAPITRE II

Monsieur mon chef se pointe à 10h. Ah le plaisir d'être un ancien dans la boîte !
Il est assez âgé et va bientôt prendre sa retraite, ce qui le rattrape c'est le fait d'avoir rectifier son âge. Eh oui, c'était une pratique très courante à un moment donné chez nous.
Nous voilà avec un homme de 58ans sur le papier qui a en réalité 68 ans, les autres enlèvent 5 ans au plus lui c'est 10 ans qu'il a enlevé, vous comprenez sa fatigue sévère presque Constante, c'est d'ailleurs parce qu'il avait besoin d'être secondé que j'ai pu avoir le job. Personne ne voulait travailler avec lui, il a eu dans sa carrière plus stagiaire que les dossiers de l'Office National de l'emploi ne puissent fournir, bon j'abuse un peu mais c'est pour montrer à quel point il est grincheux ce vieux papi.
Mais il ferait pas de mal à une mouche.

Lorsque j'ai commencé, il a fait deux semaines sans me dire un mot, mes salutations passaient dans le néant, j'avais eu vent de son comportement mais je me disais que c'était du Fillon ( des salades quoi? Je n'aime pas trop la laitue c'est pour ça) mais après deux mois à classer les dossiers par jours, mois et années... j'avais saisi le papi.
Il se contentait de m'observer sans rien me dire mais je ne laissais rien paraître. Puis un jour, il s'est juste mis à me donner des tâches à faire en m'expliquant ce que je devais faire. Et depuis ce jour, c'est Monsieur mon chef. Il n'est pas le plus souriant mais il sait me donner l'amour du travail bien fait.

Il est 11h et on part pour le site d'entreposage, on fait l'inventaire de chaque matériel. C'est long et ça me fatigue parce que je dois rester debout et être debout de manière prolonger me donne mal aux genoux et au dos.
Vous pouvez pas savoir comment ça me tire et comment c'est douloureux. Je sais que c'est dû à mon poids mais je n'arrive pas à faire quelque chose pour ça. Je me contente d'avancer et c'est tout. D'autres diront que je suis un esprit faible, que je n'ai pas encore bien eu mal ou encore que j'aime cette douleur mais j'y arrive pas. Perdre du poids est au dessus de mes forces, la nourriture ? J'en suis esclave, elle a triomphé de moi depuis n
Belle lurette et après moult régimes, j'ai abandonné.

Nous finissons à 14h34 exactement. Oui oui, j'ai regardé l'heure, le dos.
Monsieur mon patron également, n'était pas en reste, parfois je me demande comment il fait? Je vois bien qu'il a mal, je vois les petites grimace quand il doit solliciter son pied Gauche mais il fait comme si ça allait. Et moi, pour ne pas le heurter, je n'en parle pas. Je me contente de lui faciliter la vie le plus possible : de l'eau, une chaise, je fais le maximum de tâches possible, surtout les tâches ingrates qui nécessitent de courir à gauche et à droite pour un parafeur etc ce genre de choses.il ne fait que le strict nécessaire. Je sais qu'il sait que je sais mais entre nous on fait comme s'il en était rien et que tout le boulot était pour lui.

C'est un homme dur, strict mais il a un bon fond.

Après l'inventaire, direction les bureaux, je fais un tour aux vestiaires histoire de remettre de l'anti transpirant, du parfum, refaire ma bouche, essuyer mon visage trop gras et je retourne attendre l'heure de fermeture.
Oui oh pour aujourd'hui c'est fini mais comme je dois attendre l'heure bah je reste là.
Monsieur mon chef est parti, dure journée pour son âge quand même !

Une fois l'heure arrivée, je monte dans ma voiture et m'arrête dans un salon de thé sur le chemin, je commande et prend un burger double cheese et à cheval à emporter puis je me prends un cocktail et des carbonara que je dévore sur place. J'aime la nourriture des fast-foods et avec le boulot d'aujourd'hui, j'ai bien droit à une petite récompense voyons !

Je rentre chez moi à 17h, je ferme tout, je le déshabille et me mets un film d'amour dans lequel je vois des gens heureux. L'amour moi ça me fait rêver, j'aime voir les gens s'aimer.

Je finis par m'endormir sur la canapé pour pas changer et je plonge dans un sommeil réparateur.
Hier soir j'ai pas pu dormir, j'avais de l'insomnie, du coup j'ai suivie toute une saison de mangas.
Ohhhhh je vous vois venir, elle a quelle âge n'est pas la question qui sied.
Oui j'ai 27ans et oui je suis des mangas, mais il existe des mangas dont le fond est tellement profond, les mangas c'est pour les adultes aussi vu qu'il en existe. Je suis de ceux qu'on appelle dans le langage des Otaku, des fans de mangas, scans, livres, animés je n'en rate pas une miette, d'ailleurs je suis tellement fan que l'un de mes rêves est d'aller au Japon...

Je me réveille en sursaut, mon téléphone sonne et j'avise l'heure : 23h48. Je pensais avoir dormi plus longtemps que ça, d'ailleurs qui m'appelle ? Un numéro inconnu le genre d'appels que je n'aime pas.

- ...

-...

on s'entend respirer, il y a quelqu'un qui bout du fil mais pour je ne sais quelle raison la personne ne parle pas, si elle attend que je dise allô en premier, bah elle a tout faux.

-...

-...

Je voulais raccrocher quand j'entends

- Yaya?

Et là mon cœur manqua un battement. Je reconnaîtrai cette voix entre 1000. C'était lui, mais que me voulait-il ?

- Oui? Qui est-ce ?
Bien sûr que je savais qui c'était mais bon, disons que ça me ferait plaisir qu'il sache qu'il n'est pas le centre du monde étant donné comment notre histoire c'est fini.

- C'est Charles, tu vas bien?

Quelle question !!! Franchement, tu m'appelles à 23h pour me demander si je vais bien? Nyambie !!! Eh Dieu! Les choses de mon corps.

- je te signale qu'il est 23h, il est même presque minuit, qu'est ce que tu veux ? D'ailleurs d'où tu as eu mon nouveau numéro ? Tout ça c'est long, je vais bien merci de t'en inquiéter, je crois que tu devrais prendre des nouvelles de ton fils ou de ta femme que me veux-tu à la fin?

Je débitais ça d'un coup, le cœur battant, à la fois triste et heureuse...

- Yaya dit-il dans un murmure, on est pas ennemis que je sache

- on est pas ami non plus que je sache.

- ...

-...

- avant on l'était pourtant.

Je sentis une pointe de regret de sa voix mais je préférais ne pas m'arrêter dessus, je me connais, je suis faible au fond et si j'écoute mon cœur, surtout lorsqu'il s'agit de lui, je sais que je ferai de grandes erreurs et ça, je ne veux plus souffrir une seconde fois, trop c'est trop.

- écoutes Charles, si tu n'as plus rien à me dire à part parler du la pluie et du beau temps, je vais raccrocher. Et s'il te plaît, ne m'appelle plus. Clic

Je restais là, dans mon salon à regarder la télé qui passait encore sans vraiment la voir.

Charles, Charles, Charles...
Je ne sais pas si un jour j'arriverai à l'oublier, mais une chose est sûre, je ferai tous mes efforts pour ...

Charles, si tu n'avais pas tout gâché, peut être qu'on serait une famille heureuse aujourd'hui qui sait? Peut être qu'on serait marié, que j'aurais eu mes jumeaux... Peut-être...

Je me mis en position fœtale, tirais la couverture sur moi et je ne pus m'empêcher de revenir en arrière, encore une fois.

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