Chapitre 20

15 2 3
                                    

 Malgré l'analyse juridique de Laura, Jenifer ne place plus trop d'espoir en la vérité. Et, au passage, a du mal à imaginer le paparazzi donner à la police une version des faits qui l'avantage elle. Et d'après Sarah, ils n'iront pas chercher plus loin... Alors elle redevient leur seule coupable.

Son château de carte, constitué d'espérances et de chimères vient d'être soufflé. Et elle s'écroule avec.

Pour le moment, tout ce que Jenifer souhaite, à nouveau, c'est disparaître. Alors ce soir-là, elle monte très tôt dans la chambre, dont elle a décidé qu'elle serait la sienne. Mais très peu à l'aise dans un lieu qui ne lui est pas familier, elle avance doucement à travers les couloirs un peu sombres de la maison. De là où elle est, des bruits sourds lui parviennent. Il s'agit des filles qui mangent en bas. Jenifer a préféré s'éclipser avant le repas. De toute façon, ça ne lui disait pas vraiment de manger.

Le long du couloir vide, elle traîne ses pieds sur le vieux tapis, directement posé sur le sol en pierre, en délogeant la poussière qui s'y niche. Un peu curieuse, elle entrouvre des portes au hasard. Finalement, elle n'a jamais vraiment fait le tour de la maison. Elle est arrivée pour s'endormir et quand elle s'est levée, elle n'a pas pris le temps de découvrir où elle était tombée.

Dans une des pièces, elle reconnaît le sac de Sarah, alors elle referme la porte et continue de se promener. Même si c'est un peu glauque et sans vie, c'est un peu comme une balade. Sauf que c'est dans la sécurité de cette maison. Dans le noir. Et au calme.

Très vite, elle remarque que l'étage où elle dort n'est pas le dernier. Un vieil escalier semble conduire à un étage supplémentaire. Elle se laisserait bien tenter par sa curiosité mais un petit miaulement la rappelle à l'ordre. C'est toujours le même petit chat qui est là. Cette fois, il est assis devant la porte de la chambre où il est venu la retrouver le matin même.

Sans grande conviction, elle fait demi-tour et s'engouffre dans sa chambre, le chat sur ses talons. Elle ne lui prête plus trop attention. Elle veut juste se changer et aller se coucher pour dormir et échapper à tout ça, au moins pour quelques heures. Que ce soit ce qu'il s'est passé ou bien ce qu'il se passera dans le futur.

Cette fois-ci, elle prend le temps de retirer la grosse couverture pleine de poussière qui protégeait le lit et elle se glisse sous les draps froids. Elle n'accorde même pas une caresse au chat qui vient de la rejoindre sur le lit, et même s'il n'est pas si tard que ça, elle s'endort immédiatement.

À table, les filles finissent leur dîner tranquillement. Même si Jen n'est pas elle-même ces derniers jours, pour des raisons évidentes, là elle ne devient plus rien de ce qu'elle était. D'ailleurs, elles évitent toutes habilement le sujet depuis que Jen a disparu à l'étage. La situation commence à peser sur tout le monde. La fuite n'arrange pas les choses. Elles sont inquiètes pour Jenifer mais aussi pour elle-mêmes. La complicité leur pend au nez, et probablement aussi l'entrave à une enquête en cours. Elles ont toutes les trois des enfants, des vies, chacune de leur côté. Et malgré leur dévotion à Jenifer, ça commence à être étouffant.

« Je comprends pas, elle devrait être contente qu'on puisse prouver son innocence, lâche soudainement Sarah alors qu'elles sont en train de faire la vaisselle.

— Pour commencer, on n'a pas prouvé son innocence, précise Salomé.

— Et ensuite, on a rien prouvé formellement, complète Laura. On a juste fait le clair sur ce qu'il s'est passé. On a des preuves de rien.

— Ce qu'il nous faut, c'est le témoignage de ce gars. Le vrai, comprend Sarah. Mais quand-même, elle a une lueur d'espoir là !

— Les chances pour que ce type dise la vérité sont minimes, Salomé explique-t-elle.

La CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant