Chapitre XV - La gaffe de Lolli

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À l'intérieur, son père était installé à son bureau, griffonnant sur un parchemin d'un air concentré. Il ne paraissait pas l'avoir entendue, alors Lisa se racla la gorge pour attirer son attention. Il sursauta et se tourna vers elle en attrapant sa baguette d'un mouvement vif. Voyant que c'était elle, il se détendit et lui demanda d'un air surpris :

— Tu ne dors toujours pas, Lisa ? Quelque chose ne va pas ?

— J'ai... j'ai fait un cauchemar, avoua-t-elle.

Une lueur de compréhension passa dans le regard de son père, et il lui fit signe de la rejoindre. Elle referma la porte derrière elle, puis alla s'installer sur une chaise à côté de son bureau.

— Tu veux en parler ? lui demanda-t-il gentiment.

— Je ne sais pas, dit-elle en gardant les yeux rivés sur le sol. C'était à propos du professeur Boyle et des serpents. Je sais que je suis stupide d'avoir peur de ça.

— Ce n'est pas du tout stupide, la réprimanda son père. Nous sommes tous inquiets, c'est normal que ça te tracasse.

— Lolli ne fait pas de cauchemars, elle !

— Nos angoisses n'apparaissent pas toujours dans nos rêves, elles se manifestent différemment pour chacun de nous. Ce n'est pas parce que ta sœur ne fait pas souvent de cauchemars qu'elle n'est pas aussi inquiète que toi.

— Elle ne pourra jamais l'être autant que moi, marmonna Lisa. Elle n'a jamais peur de rien.

Son père soupira et passa une main dans ses cheveux en ayant l'air de réfléchir.

— Vous devriez vraiment arrêter de vous comparer, toutes les deux. À mes yeux, vous êtes aussi exceptionnelles l'une que l'autre !

Lisa haussa les épaules, peu convaincue. Elle ne voyait pas comment elle pourrait être aussi bien que sa sœur. Ses parents avaient forcément un jugement biaisé, puisqu'elles étaient leurs filles. Il ne servait donc à rien qu'elle tente de discuter de ça avec eux.

— Pourquoi tu travailles à cette heure-ci ? demanda-t-elle pour changer de sujet, jetant un regard à son bureau.

— J'essaye d'avancer sur la potion. Votre mère a dû repartir pour Poudlard, un élève a fait une indigestion. J'attends qu'elle rentre avant d'aller me coucher.

— Ça te dérange si je reste un peu ici ? demanda Lisa d'une petite voix. Je n'arriverais pas à me rendormir pour l'instant...

— Bien sûr que tu peux rester, répondit son père en lui ébouriffant les cheveux. Tu dois te changer les idées ! Et, sans vouloir me vanter, je suis plutôt doué pour trouver des moyens d'oublier les mauvais rêves.

— Pourquoi ? Tu en fais souvent aussi ?

— Non, je suis comme ta sœur, avoua Lorcan avec un demi-sourire. J'ai presque toujours un sommeil calme. En revanche, votre mère faisait beaucoup de cauchemars après notre affrontement avec Ludwig. Alors, j'ai de l'expérience dans le domaine...

— Elle n'en parle jamais, pourtant, dit Lisa d'un air dépité. J'aimerais être aussi courageuse qu'elle...

— Être courageux, ce n'est pas garder ses peurs et ses angoisses pour soi, lui répondit son père. Faire ça ne peut que te détruire intérieurement !

— Alors je suis censée faire quoi ? Me plaindre sans arrêt auprès des autres jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus me supporter ?

— Lisa, les gens qui t'aiment vraiment te supporteront toujours. Même s'ils disent parfois le contraire, comme Lolli : en vérité, elle sera toujours là pour toi. Un jour, elle se rendra compte qu'elle préfère t'entendre te plaindre en permanence plutôt que de savoir que tu souffres toute seule dans ton coin.

Tant que tu es avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant