Chapitre 11

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- Je suis née sur la petite île d'Ohara, qui se trouve sur West Blue. A l'époque, l'île n'avait pas encore été détruite par le gouvernement mondial et j'y vivais donc des jours paisibles avec ma famille. J'habitais une jolie maison traditionnelle avec ma mère et ma sœur, un peu à l'écart du village, là où j'étais au plus près de la nature car Ohara était une île magnifique, remplie de champs de fleurs et de forêts. Ma mère n'aimait pas qu'on se mélange aux autres habitants. Elle aimait nous garder dans ce petit espace intime qu'était notre maison. En parlant de ma mère, pour ma part, je trouve que c'est la plus jolie femme qui existe. Elle était grande, fine, jolie et son visage était si doux ! C'était une mère aimante et très gentille. On allait souvent se promener dans le champ de fleurs à côté de chez nous, et chaque jour, je lui ramenais un bouquet de ces fleurs que j'avais cueillies moi-même. Elles les prenaient toujours avec un grand sourire et m'embrassait sur le front. Ma sœur avait trois ans de plus que moi. Je la collais souvent en la priant de jouer avec moi, mais elle préférait aller lire à la bibliothèque d'Ohara, qui se trouvait dans un arbre au milieu de l'île. Cela m'ennuyait donc je ne l'accompagnais jamais, mais je pense que ça l'arrangeait. Sinon, elle faisait attention à moi et m'aimait beaucoup, bien qu'elle ne le montrât pas trop. Quoi dire d'autre ? Ohara organisait tous les ans le festival d'Hanami, tu sais, là où on contemple les cerisiers en fleurs. On s'y rendait toutes les trois, vêtues de yukata traditionnels, et on s'asseyait, le nez en l'air toute la journée. Je ramenais une fleur de cerisier tous les ans que je mettais dans une enveloppe, elle rigola. Ma mère me disait de faire un vœu et de garder la fleur auprès de moi jusqu'à ce que mon vœu se réalise. Chaque année donc, je faisais mon vœu et l'année d'après j'en faisais un autre, ainsi de suite. Seulement, depuis que je suis dans l'équipage, je n'ai jamais assisté de nouveau au Hanami. Mine de rien, ça me manque. Enfin, continuons ; tous les soirs ma mère me racontait une histoire. Elle me faisait voyager à travers le monde rien que par ses mots, et moi je ne pouvais que m'imaginer tous ces lieux. C'est elle qui m'a donné envie de découvrir le monde. Je me souviens que je lui demandais souvent où était mon père et à quoi il ressemblait, ce à quoi elle me répondait toujours la même chose :

- Ton père a les cheveux blonds et les yeux marrons. Il est grand, fort et loin. Il aime la liberté, et un jour tu le rencontreras, j'en suis sûre. Sache qu'il t'aime et que c'est contre son gré qu'il vit loin de nous. Il fait ça pour nous protéger.

- Nous protéger de quoi ?

- De méchantes personnes qui lui veulent du mal et qui donc nous veulent du mal.

- Mais ils ne vont pas venir ici ?

- Non rassure-toi.

Puis elle me prenait sur ses genoux et me faisait un câlin. J'aimais ça car ma mère sentait très bon la vanille et avait une peau toute douce. Ses cheveux me chatouillaient le visage et ses caresses pleine de tendresse me rassuraient. J'adorais ma mère, tout comme j'adorais ma sœur.

Ma vie a basculé le jour où ils ont débarqué. Ces foutus chiens de la Marine. Ce jour-là, ma mère m'avait envoyée chercher des plantes aromatiques sur le marché du village. Je devais avoir environ  huit ans, et ma sœur onze. Je partis donc précipitamment, car j'allais revenir dans peu de temps. Je me rappelle encore : ma mère cousait nos yukata pour Hanami, qui allait bientôt avoir lieu et ma sœur lisait au soleil. Je marchais en longeant la plage lorsque je vis au large de nôtre île des navires, qui n'appartenaient pas à des pirates. C'est là que je vis leur emblème. Ma mère m'en avait déjà parlé en me disant de courir si je rencontrais des gars qui portaient cet emblème. Au lieu de courir, je restai figée sur place pendant que les types débarquaient sur la plage. Ils se dirigeaient vers moi et, voyant que je ne bougeais pas, l'un d'eux me poussa. Je me relevai avant de voir qu'ils se dirigeaient vers le milieu de l'île, à l'opposé du village. Au lieu de courir chez moi, j'ai continué mon chemin jusqu'au marché et je suis allée chercher les plantes. Quand je retournai chez moi, j'étais tendue. Je ne saurai pas expliquer cette sensation, mais j'avais un mauvais pressentiment. En effet, en arrivant devant mon jardin, je remarquai que les fleurs avaient été piétinées et que la porte de ma maison était grande ouverte. J'entrais alors chez moi et découvrit le plus atroce des spectacles : les meubles détruits, les carreaux brisés, et une abominable odeur de sang qui flottait dans toute la pièce. Mais le pire dans tout ça, c'est quand je vis ma mère, gisant au milieu de la pièce, ouverte sur toute la longueur du ventre. On pouvait voir ses entrailles et elle avait encore les yeux ouverts. Quant à ma sœur, elle était allongée dans un coin de la pièce, entourée d'une mare de sang. Ce moment est un peu flou mais il me semble que je n'ai pas hurlé, ni pleuré. J'étais tout simplement sans voix. J'étais juste une gamine de huit ans qui avait devant ses yeux sa propre famille éventrée et morte. Je m'étais juste approchée de ma mère et me mit à la secouer, comme si j'espérais que c'était une blague, et qu'elle était encore en vie. Mes mains étaient pleines de son sang à elle. C'est à ce moment que je perdis connaissance je crois. Je me suis réveillée dans un lit, sur un bateau. J'appris plus tard que c'était le Moby Dick. C'est Barbe Blanche m'a trouvée inconsciente sur l'île d'Ohara. Il m'a soignée, recueillie et m'a donné une famille. Certes il ne m'a pas rendu ma mère et ma sœur, mais il m'a donné des compagnons. Je lui en suis reconnaissante, il m'a sauvé, je lui dois la vie. Quelques années plus tard, je voulu retourner à Ohara, je me sentais prête à revoir ma maison et tous les souvenirs qui s'y liaient. Pendant une escale de ravitaillement, on apprit qu'Ohara avait été entièrement détruite par le Gouvernement Mondial. Je sentis alors que mon âme se brisait en mille morceaux. De retour sur le bateau, je me suis cloitrée dans ma cabine et j'ai pleuré durant toute une semaine. J'ai tout extériorisé, tout ce que je renfermais depuis cinq ans : la mort de ma famille, le choc, la rencontre avec l'équipage et la destruction de mon île. Je mis beaucoup de temps à digérer cette nouvelle, je n'arrivais pas à me dire que l'île aussi belle et paisible qu'était Ohara avait été la cible de ce sale gouvernement et que désormais, je ne pourrais plus jamais me plonger dans les souvenirs de mon enfance, cette belle époque où j'étais encore insouciante.

Anaé s'arrêta là. Elle avait dit sa dernière phrase d'une voix pleine de sanglots et de mélancolie. Ace le sentit, et la serra encore plus fort contre lui.

- Je suis désolé, ça a vraiment dû être dur.

Elle hocha la tête.

- Oui, mais ça m'a libéré d'un poids cette confession ! Je ne me rendais pas compte à quel point ça me pesait. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout, Ace.

Le brun sourit et lui caressa doucement les cheveux. Ils regardaient à nouveau les étoiles.

- Dis Anaé ?

- Mmh ?

- Comment tu réagirais si tu apprenais que Gold Roger avait un gosse ?

Et je t'aimerai pour toujours (Ace x Oc)Where stories live. Discover now