— Bien-sûr que non, voyons. Ne dis pas de bêtises. Je suis ravie que tu sois avec moi.

— Alors quoi ?

— …

— Tu sais, si on veut que ça marche entre nous, il va falloir communiquer, être honnête l’un envers l’autre. C’est ce que tu reprochais à ton mari, souviens-toi. Sa façon de se renfermer, de ne jamais dévoiler ses émotions.

— Oui, je me souviens. C'est que...

Je passe mes mains froides sur mon visage, le temps de trouver comment aborder les messages que je n’ai lu.

— Viens ! On va se poser un peu à l’écart.

— D’accord.

Mon amant nous trouve un coin de la plage protégé du vent et d’éventuels promeneurs, même si, pour l’heure, ils ne sont pas nombreux. Il a la délicatesse de m’asseoir entre ses jambes repliées, ses bras se refermant autour de mes épaules.

Cette position très intime me réchauffe instantanément le corps et le cœur. Je me sens en sécurité entre ses bras. Suffisamment pour oser lui dévoiler ce qui me rend sombre depuis notre sortie.

Je contemple quelques instants la mer légèrement en contre-bas, le ressac des vagues, l’écume qui se déverse sur le sable mouillé. J'écoute le cri des goélands qui se nourrissent à proximité et me lance.

— Lorsque je t’ai cherché près de l’hôtel, j’ai tenté à de nombreuses reprises de t’appeler, sans succès à cause du temps et du réseau médiocre. Mon téléphone s’est retrouvé à plat mais ce n’est que ce matin que je l’ai remarqué. Durant ma douche, il a eu le temps de se recharger un peu, juste assez pour que je vois qu’on m’avait appelé. Dix-neuf fois.

— Ils étaient de qui ces appels ?

— Mon mari, lui réponds-je en me tournant vers lui afin de lui faire face.

— Ça me semble logique. Que te voulait-il ?

Je suis assez surprise de sa réaction. Je m’attendais à ce qu’il se fiche de savoir la raison de ces coups de fil. Il doit voir ma propre réaction car il se met à rire.

— Quoi, ma douce ? Tu t’attendais à ce que je te dise de laisser ce couillon là où il est, c’est ça ?

— Pour être honnête ! Oui.

— C’est ton mari, même si tu es parti. Je ne vois pas pourquoi je devrais faire comme s’il n’existait plus.

— Tu es plus bienveillant que moi pour le coup.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Je n’ai pas écouté ses messages, ni lu un seul de ses textos, lui confies-je en me blottissant davantage contre lui.

— Pour quelle raison ?

— Par égoïsme, je pense.

— T’es loin d’être une femme égoïste, souligne-t-il en m’embrassant tendrement.

— Tu trouves ! Je me vois plutôt comme la reine des garces. Je le trompe, pars du jour au lendemain et lorsqu’il tente de me joindre, je fais la sourde oreille. Si ce n’est pas être une harpie, je ne sais pas ce que c’est.

— Les plumes t’iraient à merveille, j’avoue, plaisante-t-il, un grand sourire aux lèvres.

Je le houspille gentiment pour sa remarque, le décoiffe, sachant pertinemment qu’il a horreur de ça et tente de me relever afin de lui échapper. Il lui faut à peine une seconde pour me plaquer contre le sable et se venger.

À l'ombre d'une vieWhere stories live. Discover now