CXL. Sourire Insolent & Sourire Fou

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Le début du devoir n'étant pas très compliqué, j'eus rapidement terminé de répondre aux problématiques de la première partie.

Je soupirai en tournant la page de garde de la seconde partie. Il s'agissait d'une liste de questions, sur les bases de la télépathie, bases que je ne connaissais pas.

Au moins apprendrai-je des choses au moment de la correction, pensai-je, si correction il y a.

Je repris mon stylo et entrepris de répondre aux questions les plus accessibles. Au bout de quelques minutes, j'en avais fait le tour.

Je soupirai de nouveau en tournant la tête vers mon voisin, qui était censé faire ce devoir avec moi, étant donné qu'il n'avait pas pris de dossier.

Celui-ci me regardait, confortablement accoudé sur sa table, parfaitement inutile.

Je fis glisser le dossier sur sa table.

Il détacha un moment son regard de moi pour lire la question sur laquelle je bloquais, la 12, puis me fixa de nouveau.

As-tu une idée pour les trois types manquants ? l'interrogeai-je, soutenant son regard.

Pour toute réponse, il sourit.

Déconcertée, je répétai :

Qu'est-ce qu'on met pour... arrête de sourire, ordonnai-je.

Mais lui, sans me lâcher du regard, s'étendit un peu plus sur la table, ses mains soutenant paresseusement son visage insolent.

Reprenant le dossier, je mis une main en œillère pour ne plus le voir, inexplicablement confuse. Je finirai donc ce devoir comme je l'avais commencé, c'est-à-dire seule.

 Je finirai donc ce devoir comme je l'avais commencé, c'est-à-dire seule

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Adossée à la pierre froide des murs du réfectoire, j'attendais que Nikolas en sorte. Quelques demoiselles empressées devaient le retarder.

La neige tombait, silencieuse, se rajoutant à l'épaisse couche qui recouvrait déjà le sol. Les vieux arbres, alignés près des grands bâtiments, tendaient leurs branches blanchies vers le ciel sombre ; et les lampadaires finement ciselés formaient des flaques de lumière jaune au sol.

Ce tableau paisible semblait hors du temps tant il était immuable jour après jour. Rien ne permettait de deviner que nous étions au XXIème siècle, et je me plaisais à penser qu'un(e) élève, un, trois, cinq siècles avant moi, s'était fait la même remarque en regardant les flocons voler.

Je baissai les yeux vers mes mains. Le froid également était constant, il avait eu raison de ces dernières, qui étaient toutes rougies et fragiles.

C'est à ce moment que je m'aperçus de la présence de Nikolas.

Glissant mes mains dans mes poches en frissonnant, je me mis à marcher en direction du bâtiment des Nyfødt, passant devant lui. Cette après-midi, nous avions la collectionneuse de cailloux.

A peine étions-nous arrivés devant la classe que Mme Desmond apparut au fond du couloir, ses courts cheveux orange bondissant sur ses épaules comme des flammes folles. Habillée d'un éclatant tailleur vert et jaune, la joie de vivre -à défaut d'un "fashion éclat"- se dégageait d'elle.

J'avais presque failli ne pas la reconnaître tant le sourire qu'elle arborait illuminait son visage, modifiant ses trait d'ordinaire maussades.

Bonjour Nyfødt, vous pouvez entrer, fit-elle d'une voix posée, dont elle tentait -en vain- de maîtriser les tremblements d'excitation.

Si la plupart de mes camarades était dans le même état d'esprit que moi, c'est-à-dire surpris et légèrement inquiet pour la santé mentale de la professeure, certains affichaient la même joie que cette dernière.

Quand nous fûmes assis, que la porte fût fermée et qu'elle se fût appuyée sur son bureau, elle braqua ses yeux jaunes délavés sur nous et déclara :

Nyfødt, Noël approchant, l'école organise comme chaque année des festivités autour de cette date. Le 23 décembre, soit demain, nous partirons le matin tous ensemble dans le village voisin acheter un costume ou une robe pour chacun, ainsi qu'un élément décoratif individuel qu'il est coutume de garder secret. (elle s'interrompit et ses yeux pétillèrent de joie) Cette année, ce sont les Nyfødt qui sont chargés de la décoration générale de la salle du Bal et des lieux festifs.

A cette annonce, la partie de la classe au courant de cette tradition applaudit, bientôt rejointe timidement par l'autre moitié, agréablement surprise. Puis, les questions fusèrent, à propos du lieu, des horaires, des invités, de l'organisation, de la présence du directeur, de la musique, de la nécessité ou pas d'inviter un cavalier ou une cavalière...

— Silence, je vous prie, fit la professeure d'un ton sans appel.

Puis elle reprit avec un sourire :

Demain après-midi, nous nous diviserons donc en deux groupes : l'un décidera de la manière de décorer la pièce du bal et agencera la décoration des autres lieux, tandis que l'autre mettra en place ces décisions.

C'est-à-dire les maîtres décideront, les chiens exécuteront.

— Le matin du 24 décembre, nous nous entraînerons à la valse, danse qui ouvre traditionnellement le Bal ; l'après-midi sera pour vous quartier libre, et le soir se déroulera le grand dîner de Noël puis le Bal, en présence du directeur. Quant à ce matin, nous allons apprendre la valse.

Avant que le brouhaha reprenne de plus belle, elle tapa dans ses mains.

Je vous distribue le programme de ces prochains jours, je compte sur vous pour que ce Noël soit mémorable !

— Je vous distribue le programme de ces prochains jours, je compte sur vous pour que ce Noël soit mémorable !

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[NdA : ce Noël le sera, mémorable...]

Selena - Les Lunes JumellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant