Chapitre 3

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Désemparée, Mara ne sait comment se comporter en présence de ce sublime inconnu qu'elle venait à peine de rencontrer et dont le regard azur éveillait en elle le plus troublant des sentiments... Depuis que leurs regards se sont croisés, un désir insensé s'était épris d'elle. C'était bel et bien la première fois qu'un homme parvenait à lui faire ressentir ce genre de chose rien qu'avec un regard !

Même lorsqu'elle fréquentait Darius, elle n'avait jamais ressenti cela. Darius était son premier vrai coup de cœur de l'époque qui après six mois de relation, n'avait pas hésité une seule seconde à la tromper avec la fille aînée de Mme Hartmann puis dans la foulée de faire sa demande en mariage. Ce goujat n'avait même pas eu l'audace ni le courage de rompre correctement avec elle, laissant sa fiancée lui tendre le faire-part de leur mariage qui aurait dû se dérouler en avril dernier. Elle avait été stupide de croire à toutes ses promesses. Le pire dans tout cela ? Eh bien, elle avait appris son mariage et son infidélité le jour même après être descendue de sa montagne pour lui faire une surprise afin de le féliciter d'avoir obtenu un poste en tant que shérif.

Ce jour-là, le regard désolé presque peiné que lui avait lancé la mère de Darius avait brisé quelque chose en elle. Elle le savait. Elle le savait depuis le début mais n'avait préféré rien dire sans doute pour ne pas la blesser ou ne pas avoir à payer les pots cassés de son fils. Elle était évidemment passée par plusieurs sentiments contradictoires avant de se demander depuis combien de temps ce cirque durait ? Comment avait-elle pu la regarder dans les yeux et lui assurer que son fils l'aimait ? Qu'elle était la meilleure chose qui soit arrivée à son fils, qui plus est ! Tout n'avait été que mensonge.

Le cœur brisé, elle s'était approchée de Darius avec un sourire de façade, tenant dans ses mains le bouquet de fleurs qu'elle avait mis tant de temps à préparer, et le lui avait tendu. D'une voix étranglée, elle l'avait félicitée avant de lui dire qu'elle ne prendra pas part à son mariage, mais tenait tout de même à leur souhaiter tout le bonheur du monde lui et sa fiancée.

Mara se souviendra à tout jamais de l'expression ahurie, puis embarrassée de ce dernier, qui ne s'attendait sûrement pas à la voir. Le pauvre était gêné et ne savait pas quoi dire ni comment lui faire face.

— Nous sommes terriblement désolés, Mara, mais nous ne savions pas comment te l'annoncer, s'était alors excusé le père de Darius, suivi ensuite de sa mère.

— Oh, Mara. Tu ne peux pas imaginer à quel point nous nous en voulons de ne pas te l'avoir dit plus tôt, je...

Mais elle les avait tout de suite arrêtées.

— Ne vous en faites pas, je ne vais pas faire un scandale et ruiner les fiançailles de votre fils. J'étais simplement venu le féliciter pour son poste de shérif, rien de plus. Toutes mes félicitations pour le mariage de votre fils, je suis sûr que mademoiselle Hartmann sera une merveilleuse belle-fille pour vous. Je vais vous laisser maintenant, le chemin est long jusqu'au chalet.

Elle ne s'était même pas rendu compte que tout le monde avait les yeux rivés sur eux, et notamment sa grand-mère, la femme qui avait trahi de la même manière son grand-père. Ses souvenirs étaient vagues, mais elle se rappelait avoir croisé un court instant son regard avant de quitter la maison d'un pas pressé. Cette dernière semblait hésiter de s'approcher pour la réconforter, mais s'était tout de même retenue à la fin.

— Attends, Mara ! L'avait alors interpellé Mme Bühlmann. En tant que mère, je ne peux définitivement pas te laisser reprendre la route jusqu'au chalet de ton grand-père à une heure aussi tardive.

— Ma sœur à raison, une jeune femme ne devrait pas se promener seule en pleine campagne. Et si tu croisais par mégarde un animal sauvage ?

— Madame Bühlmann, madame Schneider, alors vous aussi, vous le saviez ? Se souvient-elle avoir rétorqué.

L'appel du désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant