Chapitre 2

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Pendant que la jeune femme s'occupait des bêtes à l'extérieur, Salvatore jeta un regard en direction du gros matou qui n'était toujours pas descendu de l'escalier et qui l'observait silencieusement depuis un coin sombre. Fermant les yeux pour essayer de reprendre des forces, il parvint à s'endormir dans un sommeil léger. Depuis toujours, il était impossible pour lui de dormir sur ses deux oreilles, craignant pour sa vie, mais aussi par question d'habitude.

Ce n'est qu'une vingtaine de minutes plus tard, qu'il entendit la porte d'entrée s'ouvrir, puis les pas de la jeune femme s'engouffrer à l'intérieur. Elle semblait discuter joyeusement avec quelqu'un. Se demandant qui cela pouvait bien être, car il n'y avait aucune autre habitation dans les environs, il tendit l'oreille.

— Merci pour ton aide Moly, je n'y serais jamais arrivé sans toi. Ah, ces vaches sont si têtues, elles n'en font toujours qu'à leur tête quand c'est moi qui m'occupe d'elles !

Ouvrant un œil pour s'informer de la situation, il aperçut Mara accompagnée d'un énorme Saint-Bernard. Quelle étrange petite femme ! C'était bien la première fois qu'il rencontrait une personne à la fois si fragile et si sauvage, se comporter ainsi avec lui. Elle n'avait pas peur de lui dire les choses en face et ne s'en cachait pas si quelque chose ne lui plaisait pas. Quelque chose en lui vibra alors qu'il l'observait s'affairer en cuisine pour préparer le dîner du soir. Mara avait de longs cheveux bruns bouclés qui descendaient en cascade dans son dos. Sa longue chevelure était retenue par un ruban rouge, formant un petit nœud adorable sur le haut de son crâne. La jeune femme ne semblait également pas avoir conscience de son pouvoir de séduction.

Au bout d'un moment, il finit par la quitter des yeux, pour laisser son regard se perdre sur le mobilier ancien qui décorait l'intérieur du chalet. Son regard tomba ensuite sur le petit cadre se trouvant sur la table basse à côté de lui. Sur le cliché, on pouvait voir une petite fille très heureuse, en train de donner câliner un étalon noir deux fois plus grand qu'elle sous le regard attendrit d'un vieil homme. Il en déduit alors que la petite fille sur la photo n'était nulle autre que Mara, et l'homme en arrière-plan son grand-père.

La jeune femme semblait si heureuse et si insouciante sur ce tirage. Qu'avait-il bien pu se passer pour qu'une profonde tristesse vienne ternir ce regard si brillant ? Était-ce la mort de ce vieil homme ? Quelque chose d'autre ?

Somnolant sûrement à cause de la perte d'une trop grande quantité de sang, Salvatore finit par fermer les yeux, et laissa l'image de la jeune campagnarde s'imprimer dans son esprit. Il finit malgré lui par sombrer dans un sommeil profond, car quand il ouvrit brusquement les yeux en sentant une petite main lui toucher l'épaule, il n'avait pu s'empêcher, par pur réflexe de survie, d'attraper son arme pour le pointer sur son ennemi.

Lorsque sa vision redevint normale, il découvrit avec surprise, le visage apeuré de Mara.

— Merde, jura-t-il. Simple réflexe.

— Eh bien, vos réflexes sont bien étranges ! Je veux dire, qui pointe une arme par réflexe dès son réveil ?

Salvatore baissa son arme. Il inspira, expira, et fit en sorte de se détendre.

— Ne refaites plus jamais ça, avertit-il. Si je ne m'étais pas rendu compte à temps, j'aurais pu vous tuer.

— Je voulais juste voir si vous n'aviez pas de fièvre, vous êtes en sueur comme si vous étiez en train de faire un horrible cauchemar...

La douce odeur florale qu'elle dégageait parvint jusqu'à ses narines, bouleversant un peu plus ses sens. Posant son regard sur son visage, il put enfin mieux l'observer sous la lumière du feu crépitant dans la cheminée. Avec ses traits fins et délicats, ses grands yeux noisette, elle ressemblait plus à un petit chaton vulnérable dans l'antre d'un loup. Ses pupilles glissèrent ensuite sur son petit nez, pour finir par s'arrêter sur ses lèvres carmin. Sa bouche appelait à être embrassée, pensa-t-il en sentant un courant électrique traverser tout son être. Se rendant compte de la tournure que prenaient ses pensées, il détourna les yeux.

L'appel du désirWhere stories live. Discover now