Chapitre 5 : La flûte de Pan

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Henry -ou plutôt Peter- avançait seul dans la rue de la petite ville de Storybrooke. Il fit un petit détour jusqu'au commissariat où il alla libérer son fidèle compagnon, Felix. N'ayant nul besoin de clé quand on maîtrise la magie, ce fut un jeu d'enfant. Quelques heures après, David et Emma s'y rendirent et à leur plus grand regret, virent que le prisonnier n'était plus dans sa cellule, c'était déjà trop tard. Ils donnèrent à Rumpelstilskin la noix de coco magique où était encore capturée l'ombre de Peter, au moins il la savait avec lui en sécurité...

La nuit finit par tomber, mais une étrange mélodie envoutante résonnait aux quatre coins de la ville. Bien sûr, peu des gens pouvaient l'entendre... Mais les enfants perdus, si. Même s'ils avaient retrouvé un chez-soi et une nouvelle famille, chaque soir avant de s'endormir, un semblant de cette musique était jouée dans leur esprit. Comment l'oublier alors qu'ils l'avaient entendus pendant des années, à danser autour du feu, animé par Peter Pan, dans leur cher Pays Imaginaire ?

Ernest se retournait dans son lit, essayant de boucher ses oreilles avec son oreiller. Il le pressa si fort qu'il crut même qu'il allait exploser. Il avait été enfant perdu avec Peter, mais encore jeune et naïf, il avait compris qu'il n'avait pas fait le bon choix. Il avait aidé la famille de la Forêt Enchantée à s'enfuir du Pays Imaginaire et à présent il voulait retrouver la sienne. Sauf que depuis leur arrivée, presque tous ses anciens camarades avaient retrouvé des parents, des frères, des sœurs, des oncles, des tantes, ou au moins des gens qui voulaient bien d'eux. Lui, il était seul, et cette nuit encore Granny avait bien voulu lui prêter gratuitement une petite chambre de son hôtel.

Mais la mélodie, elle semblait bien réelle. Il l'entendait toujours dans ses cauchemars, mais là, il était réveillé ! Ne supportant plus cette envie de la suivre, il se leva de son lit et ouvrit la fenêtre. Il l'entendait encore plus. Chaque note, chaque son, chaque rythme ! Il pouvait presque percevoir la respiration de Peter entre chaque mesure. Bientôt, il vit s'élever une ou deux silhouettes dans la nuit sombre. Des enfants perdus qui cherchaient leur maître. Il se pencha et appela un des enfants.

"Devin ? C'est toi ?

-Ernest ! Sors de là et viens... Peter nous attend.

-Il est... vivant ? Pas-pas question de venir, balbutia-t-il. Il va nous tuer en sachant qu'on lui a tourné le dos pour rejoindre le camp ennemi...

-Je préfère qu'il nous punisse maintenant mais qu'il nous pardonne qu'il vienne nous chercher de force. Là, son châtiment serait pire que la mort..." expliqua-t-il avant de reprendre sa route.

Devin disparut au tournant, avec comme seul guide la mélodie incessante, visiblement hypnotisé par celle-ci, ou obsédé de retrouver son ancien maître. Ernest, lui, restait dubitatif mais surtout effrayé. Il ne voulait pas revoir Peter Pan. Il avait peur de lui. Au Pays Imaginaire, il avait réussi, ou plutôt avait été forcé, à oublier son ancienne famille... Cependant, dès qu'il avait entendu parler d'une famille qui était venue chercher leur fils en ce lieu et, quand il avait rencontré Henry, qui avait placé un espoir en eux de retourner chez lui... Il avait remis en question Peter Pan.

Il savait que des gens, mêmes s'ils ne les connaissaient pas encore, l'attendraient un jour. Et il avait cru que ce jour était arrivé lorsqu'il était rentré à Storybrooke. Voilà que maintenant, Peter était revenu, personne ne pouvait le protéger, ni l'aider, il n'avait pas le choix. Comme l'avait dit Devin, il fallait mieux venir s'excuser tout de suite auprès de lui que de subir sa colère envers les futurs traîtres. Ernest laissa la musique envenimer son esprit, sortit de chez Granny et traversa les rues sombres jusque la source de cet air de flûte.

Lorsqu'il arriva, au niveau d'une corniche dans les bois donnant une vue époustouflante sur la ville, d'autres enfants perdus étaient là, mais sûrement pas tous. La silhouette menaçante de Felix lui donna un frisson, il avait presque honte de venir à présent. Mais il ne vit pas Peter... Seulement Henry qui les regardaient d'un air mauvais. Il croisa son regard sans comprendre ce que le garçon faisait là. Où était Peter ? Que faisait Henry ici ? Celui-ci prit la parole.

"Alors voilà ce qu'il reste de vous ? Quelques pauvres gamins trop peureux pour faire demi-tour ? Je devais presque épargner les autres pour leur courage de ne pas être venus..."

Henry se comportait comme Peter. Il parlait comme Peter. Il les observaient de haut comme Peter. Il posa son regard sur Ernest comme l'aurait fait Peter. Il s'approcha de lui comme Peter. A présent à quelques centimètres du visage du jeune garçon, à fixer ses prunelles où la terreur se reflétait, il sourit comme Peter. Une intense douleur traversa le torse d'Ernest, presque aussi forte que celle qu'il éprouvait lorsqu'il repensait à ses parents.

"Comment croyez-vous que j'ai pu atterrir à Storybrooke ? Je suis Peter Pan."

A moitié suffoquant, il regarda impuissant son propre cœur luisant et battant précipitamment entre les doigts de Henry. Il suffirait qu'il le presse un peu pour le réduire en poussière. Mais le simple fait de le posséder lui permettait d'avoir un contrôle total sur sa victime.

"Et maintenant, on va s'amuser."

Ernest ne pouvait rien faire. Même s'il ne voulait pas, il était obligé. Il était de nouveau un enfant perdu... Ou plutôt, il n'était jamais redevenu un enfant normal, et ne le sera probablement plus jamais.

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Et voilà ! J'aime ce chapitre car il change un peu en se focalisant sur les enfants perdus, en particulier celui que j'ai inventé, Ernest. Mais que va faire Peter avec le cœur de celui-ci ?...

Henry's Neverland - FanFiction OUAT (Peter Pan)Where stories live. Discover now