Roulant des yeux, je poursuis sans faire attention à sa remarque sarcastique :

-Voyons... Je vais déjà aller chercher des noisettes et des noix. Il me semble que les écureuils cachent ça dans des troncs pour survivre, en hiver.

-Ouf, tu remontes un peu dans mon estime, Sherlock. T'es donc au moins dotée d'un petit peu de culture générale.

-On pourrait croire ça, effectivement, Watson.

-Je préférais Blaireau.

-C'est ça ! Aucune personne censée ne voudrait se faire appeller comme ça.

-Je suppose que je suis l'exception qui confirme la règle.

Un léger silence durant lequel je fais craquer mes mains et il poursuit :

-Bon, ok, j'suis pas original, je déteste que tu m'appelles Blaireau et je préfère largement Watson. Quoique Sherlock serait mieux.

-On fait un pacte ? J'arrête de te surnommer Blaireau et pareil pour toi et Princesse.

-C'est d'accord... Princesse.

-T'es fort, Einstein. Je croyais presque que t'étais sincère, au début.

-Il faut dire que je cache bien mon jeu.

Jayme avance jusqu'à la caisse automatique et je paye nos achats avec ma carte en achetant également un sac en plastique pour les emporter.

  -On prend le métro, pour aller à Central Park ?

-Mmh... Non.

-Pourquoi ?

Bonne question, Watson.
Mais je préfère ne pas y répondre honnêtement.

  -Oh, euh, je pensais simplement prendre un taxi, c'est plus pratique.

Jayme hausse les sourcils sans mot dire et je suis soulagée, même je sais bien ce qu'il en pense. Il faudrait vraiment qu'il arrête de juger tout le monde sans savoir ce qu'ils vivent.

Ça me rend folle de savoir que par la faute d'un vieux dégueulasse comme ça, je n'arrive plus à reprendre le métro depuis l'autre jour. Ne plus pouvoir se déplacer librement dans sa ville juste parce qu'il existe encore des vieux types tordus, ça devrait être inimaginable.

Même si il ne s'est rien réellement passé ce jour-là, je n'arrive plus à grimper dans une rame de métro de peur que je revoie quelqu'un comme ça et que, cette fois, je ne parvienne pas à me défendre par moi-même.

Je ravale mes larmes et je hèle un taxi jaune en me tournant du côté de la route pour éviter que Jayme puisse me voir lors d'une minute de faiblesse.

Un chauffeur freine à côté de nous au même instant, un énorme sourire plaqué sur les lèvres. Son aura soleil me contamine et je lui réponds avec la même expression.

À l'instar du conducteur de ce taxi, Jayme m'inspirait beaucoup lorsque je l'ai rencontré. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'ai accosté.

Celui-ci est d'ailleurs en train de m'ouvrir la porte le bras tendu vers moi pour me faire signe d'avancer. Je m'exclame joyeusement :

-Hé, merci !

Je profite d'admirer ses mains tatouées lorsque je passe à côté de lui. La semaine passée, en mangeant une boîte de nouilles chinoises assise en tailleur sur mon lit, j'ai craqué et j'ai fini par chercher la signification du mot en français écrit sur ses doigts.

Vivre.

J'aime bien ce tatouage. Chaque jour, en le regardant, cela doit lui rappeler de ne pas perdre de son temps avec des futilités car on n'a qu'une seule vie. Une vie, ce n'est pas assez long pour perdre son temps à cause de bêtises.

Lorsque je lui indique notre destination Henri, notre chauffeur, nous raconte avec un regard tout fier que ses deux enfants adorent aller regarder les écureuils à Central Park.

Apparemment, ils sont passionnés par tout ce qui est bestioles et ils rêvent d'aller au zoo. Il ne nous raconte pas pourquoi ils n'y sont jamais allés mais il me semble clair que c'est à cause de l'argent.

Quand on arrive, je lui donne un généreux pourboire en lui disant qu'il pourrait penser à emmener ses enfants aux zoo avec ça.

On entre dans Central Park et je vois immédiatement des tonnes d'écureuils qui s'agitent dans tous les sens à la recherche d'un peu de nourriture.

D'ailleurs, je me concentre sur l'un d'entre eux qui grignote une petite graine coincée entre ses pattes, le nez levé vers un arbre aux feuilles orangées.

Je sors une grande couverture de mon sac et je l'étend sur l'herbe, déposant également toutes nos provisions au milieu.

On s'assoit et Jayme ouvre le paquet de noisettes en en lançant une poignée peu plus loin. Immédiatement, deux écureuils s'en approchent en courant. Le plus rapide d'entre eux s'en empare et s'enfuit pour la déguster un peu plus loin avec une moue victorieuse.

Je déchire ensuite le paquet de noix et j'en envoie dans une autre direction pour faire profiter d'autres écureuils de notre butin.

Ces petits animaux sont fascinants. J'ai toujours adoré admirer leurs déplacements élégants et leurs yeux pleins d'intelligence.

  -J'aimerais bien être un écureuil, je déclare.

-Ah bon ?

-Ouais. On se contente de vivre, de sautiller dans tous les sens et de chercher de la nourriture pour survire. Et puis quand on habite à Central Park, on ne manque de rien.

-La vie d'écureuil est quand même un peu plus compliquée que ça ! Imagine quand quelqu'un promène son labrador ici. Ces chiens adorent chasser.

-Tu en as un ?

-Oui. Mais pas à New York, chez ma mère. Quand je vivais encore là-bas, j'adorais me balader avec lui  au bord de la rivière, le soir, avec mes écouteurs.

-J'aurais bien aimé avoir un chien. Mes parents détestent les animaux.

-Ah, dommage. C'est vrai que j'ai eu de la chance. Un chien, ça ne te lâche jamais. Ils restent à tes côtés jusqu'à ton dernier souffle, pour autant que tu t'en occupe correctement. On peut même râler et se plaindre de tout pendant des heures sans qu'il se lasse une seconde de t'écouter.

Je souris, regardant les arbres s'agiter aux gré du vent devant moi. Une étrange sensation de chaleur envahit mon ventre lorsque je repense à sa façon d'adorer son chien. Son regard brillait, illuminé par quelque chose que je n'avais jamais vu chez lui.

De l'amour.

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IN MY NYC APARTMENT (En pause)Where stories live. Discover now