Chapitre XXIII

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Nous descendons en bas, main dans la main. Il me la serre tendrement mais durement comme si j'allais m'échapper à nouveau. Je ne compte plus partir. Parce que je n'ai plus rien à gagner d'avoir cette liberté. Je suis un être rempli de tristesse et ma vie est devenue désastreuse en une seule seconde.

- Je vais devoir t'expliquer Rachel, du début jusqu'à maintenant.

Il m'invite à m'assoir sur une des chaises du salon. La cuisine fait très vieillot avec des carrelages de couleurs extravagantes comme dans les années 70. En même temps, c'était des personnes âgées. La modernité pour elles n'est sûrement pas ce qu'il leur plait. Je regarde Jin droit dans les yeux. Son visage est étincelant. Depuis que ma mémoire est revenue, il ne cesse de me lâcher des sourires sans en être agressif ou effrayant comme il a pu le faire.

Il sourit avec sincérité. Il ne sourit plus dans le but de me faire du mal. Pendant que je scrute la totalité de son visage, il vient ouvrir la bouche pour commencer son récit.

- C'était il y a des années de ça, je vivais un calvaire avec ma mère. L'envie de la tuer était de plus en plus prenante et quasiment inévitable. J'ai voulu me barrer pour prendre l'air et j'ai pris le premier train qu'on m'a présenté. C'était chez toi, Rachel. Dans ta ville.

Il s'arrête en me prenant la main. Il vient me la recouvrir totalement.

- Pendant que j'errais dans ta ville, je t'ai rencontré à ce moment-là. Tu étais devant le cabinet de ta psychologue et tu attendais. Ses yeux s'illuminent subitement en repensant à ce passage de sa vie. Je ne sais pas pourquoi mais tu étais la plus belle créature que j'ai vu de ma vie. Et pourtant, tout le monde autour de moi n'avait aucuns intérêts. Ils méritaient tous la mort, de mourir entre mes mains mais toi, tu étais celle que je voulais avoir et chérir.

Je ne réponds pas. Il continue à sourire bêtement.

- Tu devais être au collège encore à ce moment-là. En troisième quelque chose comme ça, car j'étais rentré au lycée. J'ai fini par te suivre. Tous les jours. Je me cachais derrière des buissons ou derrière ta fenêtre chez toi. Je suis même rentré par effraction une fois.

Cela me donne des frissons dans le dos. Il m'a observé en train de dormir ? C'est assez particulier.

- Je n'avais qu'une seule envie : t'embrasser. Malgré la tentation forte, je ne l'ai pas fait et j'ai arrêté de venir te voir la nuit. Puis un soir, - ce fameux soir- tu es partie de chez toi en disant à ta mère que tu devais récupérer quelque chose chez une de tes amies. Tu semblais complètement possédée et hors de toi. On pouvait ressentir la colère émaner de toi. Tu avais trouvé une sorte de batte au coin d'une rue et tu es allée la voir. J'ai admiré la scène derrière un mur. Je ne pensais pas que tu serais ce genre de personne Rachel. Mais je te jure que l'obsession que j'ai eu pour toi grandissait à vue d'œil.

- Alors, tu as tout vu ? Comment se fait-il qu'aucuns policiers ont retrouvé ma trace ? L'ADN, ma localisation, je ne sais pas...

- Je m'en suis occupé, je te l'ai déjà dit. J'ai balancé le corps dans une fosse en pleine forêt. C'était pas facile, je n'avais même pas de voiture, ni quoi que ce soit. Mais j'ai réussi pour toi. Il ricane doucement. Je pense qu'elle a du se faire bouffer par les loups.

- Je n'ai pas souvenir de m'être fait interroger par la police.

- C'était une disparition. Ils s'en doutaient que c'était un crime, vu les traces de sang laissés par terre mais rien n'était certain. Puis, tu as beau être sa patiente, tu n'avais pas eu de rendez-vous avec elle ce jour-là. Le suspect potentiel était le dernier qu'elle a reçu. Ils l'ont interrogé mais sans succès. Ils n'ont rien obtenu. Pas de corps, pas de preuves.

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