Chapitre IX

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Il me tient la main dans la montée d'escaliers. Ils sont toujours aussi grinçants et flippants. Il met une certaine pression sur ma main. Je suis littéralement coincée. Mon regard se porte sur la clé qui pend à son jean. Cette clé est mon seul espoir.

On passe devant l'ancienne chambre de sa mère. Il y a encore des affaires par terre, notamment des sous-vêtements. Je tourne la tête. Je trouve ça impensable d'avoir fait vivre son fils dans un endroit aussi lamentable. Après tout, elle méritait peut-être de mourir ?

« Mais qu'est-ce que tu racontes bon sang ? Tu deviens dingue ! »

Je ne sais pas où se trouve la frontière de la folie. J'en sais rien. J'ai beau être en psychologie, à ce moment là, j'ai plus l'impression d'être proche du gouffre qu'éloigné. Aujourd'hui nous sommes sains, demain nous serons fous.

Il suffit d'un événement, rien qu'un seul. Et nous pouvons sombrer dans cet enfer jusqu'à l'éternité. C'est bien pour ça que je suis allée en psychologie, pour en apprendre plus de cette frontière. À quel moment perdons-nous la raison ? Pourquoi nous devenons un être possédé par des pulsions ? Quelles sont les objectifs réels d'un psychopathe assoiffé de sang et de meurtres ?

Toutes ces questions me turlupinent sans cesse. Je n'arrive pas à les résoudre. Et pourtant, je ne m'aurai jamais imaginé devant un vrai malade. Un malade fou de moi. J'en ai les larmes aux yeux. J'essuie discrètement avec le revers de ma manche. Nous arrivons au fond du couloir.

Il m'ouvre la porte pour m'indiquer de rentrer à l'intérieur. Je plisse les yeux : je ne supporte vraiment pas ce désordre. Cela me rend mal à l'aise et augmente mon anxiété.

- Je peux ranger ta chambre ?

- Hein ?

- Je peux ranger ta chambre ? Je répète. Je n'aime pas trop vivre dans un endroit qui n'est pas rangé.

- Je sais que tu es assez maniaque. Je te connais mieux que quiconque, Rachel. Cela fait des années que je t'observe.

- Je- Quoi ?

- Je n'attendais qu'une chose, c'était que tu viennes me voir à la fac. C'était le rêve ultime pour moi. Mais.. tu vois le jour où je me suis fait agresser ?

Je hoche la tête.

- Je t'observais à ce moment là. J'étais caché derrière les buissons et ces mecs me sont tombés dessus.

Je ne réponds pas. J'en suis incapable. Je recule doucement. Tout se bouscule dans ma tête. Il.. m'observe depuis des... années ? Depuis tout ce temps, je suis épiée. Je me remémore cette sensation d'être suivie, d'être observée. J'étais mal à l'aise et je ne comprenais pas d'où venait ce sentiment. C'était donc lui.

- Tu-

- Je ne veux pas que tu me traites de psychopathe ou de tout ce que tu veux. Je ne veux pas entendre ça de toi.

Il fit un geste de la main pour me faire comprendre qu'il faut que je m'assois sur le lit. J'exécute sans broncher. À vrai dire, je n'ai pas la force de rétorquer quoi que ce soit. Je veux juste me reposer. Surtout qu'il doit être seize heure de l'après midi.

Je m'installe correctement avant de tendre mon poignet pour qu'il m'accroche. Je suis vraiment mal pour être commander comme ça. Il se penche pour m'embrasser le front.

- Je reviens dans une petite heure, le temps de faire mes affaires. En attendant, repose-toi bien !

Sa voix est tellement joviale. Il existe un contraste énorme entre son apparence et sa personnalité : il est doux de l'extérieur mais pourri à l'intérieur. Je hoche la tête en signe de remerciement. Il tire une tête satisfaite mais crispée. Il attendait une réponse qui allait dans son sens mais semble ravi que je lui donne un minimum d'importance.  Il se lève et s'en va me laissant seule avec ma conscience.

Him Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt