Nina&Ian

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            Ian n'était pas parvenu à fermer l'oeil de la nuit. Et quand, vers 4 heures du matin, il avait sombré. Il avait rêvé qu'il bastonnait un homme d'une quarantaine d'années dans une campagne Bulgare. Autant dire que la nuit n'avait pas été de tout repos après qu'il eut déposé Nina dans sa suite. Il avait tant à lui dire, tant à lui faire savoir... Il serait là pour elle. Il la protégerait, la ferait oublier.

            En attendant, il avait à faire ses valises car le cast rentrait au pays. Ca se sentait au fil des dernières interviews accordées que chaque acteur avait hâte de retrouver Atlanta et le tournage. Ian plus que les autres. Sa famille et ses chiens -non négligeable, lui manquaient. Il était comme ça, il avait besoin de ses points de repère, un point d'ancrage, un lieu vers lequel revenir signifiait se retrouver.

            Ne vérifiant même pas s'il n'avait rien omis dans l'immense suite d'hotêl, il sortit en enfilant un chapeau et ses ray-ban pilotes. Il était déjà en retard pour rejoindre ses partenaires.

"Ian ! Attends ! " l'appostropha une voix dans son dos.

            Il fit volte face et découvrit Zach, flanquée de Candice.

"Salut les gars."

            Sa voix avait été monotone, éteinte et complétement dénuée de l'enjouement habituel avec lequel il s'exprimait d'emblée.

"T'es pas content de rentrer ?!" remarqua Zach.

"Si. Bien sûr." Son attention se porta sur la main de Candice, entourée de celle de Zach. Ca l'acheva. "Où est Nina ?"

"Oh, Paul m'a raconté..." intervint Candice. "J'imagine qu'elle décuve et qu'elle prendra, comme à son habitude, un avion beaucoup plus tard que le notre... "

"Ouais."

            Puis il partit dans le sens opposé à la sortie, laissant coîts les acteurs. Ils savaient tous deux que quelque chose se tramait depuis quelques temps. Tout le monde le savait. Mais personne n'osait faire de réflexions par respect pour Ian. Car c'était bien du respect qu'il inspirait. Ils avaient beau ne pas estimer Nina pour toutes ses frasques et tentatives d'attraction d'attention sur elle, pour ce qui était de Ian, ils l'adoraient. Il avait le coeur sur le main, n'hésitait pas à recommencer telle ou telle scène pour satisfaire un technicien ou pour gommer certains détails que Julie remarquait au montage. Non seulement, il avait du temps pour chacun de ses fans, où qu'il soit, dans la queue d'un supermarchés ou bien dans les toilettes d'un restau', mais il accordait une attention particulière à chacun, conscient que sans eux, il n'en serait pas là. Quelques paparazzis avaient maintes fois essayé de découvrir ce que cet homme dissimulait derrière son masque de bon samaritain. Il ne pouvait pas être si parfait. Il devait avoir un défaut, une arnaque dans l'emballage si soignée de cet acteur à la bonté extrême.

            Le "défaut de fabrication" résidait bien quelque part.

            En effet. Il avait un talon d'achille. Au fond de lui, il possédait une faille qui, chaque jour, deplus en plus, le faisait sombrer. De désespoir. D'amertume. De rancoeur contre le monde entier.

            Elle s'appelait Nina. Pour elle, il aurait été capable de déplacer monts et merveilles, de parcourir l'univers tout entier rien que pour accrocher un sourire sur son visage, de prendre ce fameux risque qu'on n'ose qu'une fois dans sa vie (après, on réalise que ce fut stupide d'y croire car le désenchentement est tel, qu'on choisit de ne plus recommencer...) ; aimer. Oui, il aurait été capable de l'aimer.

            Se devant de la retrouver, il planta son sac et courru comme un fou jusqu'à la porte 1008.

            Il toqua plusieurs fois mais personne ne répondit.