Chapitre 12

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PDV Elena

Contrairement à ce que j'avais planifié, je passais mon vendredi soir chez Alex. Moi qui pensais qu'il voudrait éviter de m'avoir chez lui, voilà qu'il m'invitait pour qu'on passe la soirée ensemble. Appuyée contre le plan de travail, j'observais Alex pendant qu'il coupait un concombre en rondelles. Il avait décidé de faire des hamburgers maison, chose que je ne mangeais jamais chez moi. Maman n'aimait pas perdre son temps à cuisiner après le travail, alors elle se contentait de préparer des plats simples et rapides. C'était étrangement domestique d'avoir Alex qui nous préparait à manger.

- Donc non seulement tu es beau et intelligent, mais en plus de ça tu sais cuisiner. disais-je tout en continuant de l'observer. Les atouts ne sont vraiment pas distribués de manière égale à la naissance.

Cet homme était trop parfait. Je commençais à me sentir vraiment nulle en sa présence. Mis à part le sport et l'étude par cœur, je n'avais rien pour être à sa hauteur.

- Au lieu de te plaindre, tu ne voudrais pas m'aider ?
- Je ne sais pas cuisiner

Sans me laisser le temps de filer, Alex me passait une planche en bambou, un couteau et des tomates.

- Il n'est jamais trop tard pour apprendre. Coupe les tomates en dés.
- Oui m'sieur.

Je coupais la première tomate tant bien que mal et grimaçais en voyant le résultat. Chaque dé de tomate avait une taille et une forme différente. En coupant la deuxième tomate, je me coupais comme une conne. Alex levait les yeux vers moi, étonné.

- Je rêve ou t'as réussi à te blesser en coupant une tomate ?
- Je t'ai dit que j'étais nulle en cuisine.

Une fois ma plaie nettoyée, je m'asseyais sur le plan de travail, laissant Alex s'occuper du repas. Chaque fois qu'il ne regardait pas, je picorais dans le plat de salade, piquant des rondelles de concombres. À un moment donné, Alex réalisait que la quantité de crudités diminuait. Il retirait le saladier et le mettait hors de ma portée.

- Si tu ne cuisines pas, tu ne picores pas.

Je soupirais.

- J'ai intérêt à me trouver un copain qui sait cuisiner ou je vais mourir de faim.
- Ne t'en fais pas, j'ai plusieurs recettes dans ma manche.
- Quoi ?

Ses paroles me prenaient au dépourvu. J'étais incapable de répondre quoi que ce soit de cohérent. Il ne pensait pas ce qu'il venait de dire, si ?

- Toi et moi, on est casse-pieds. Je ne crois pas qu'on trouvera quelqu'un qui va vouloir de nous une vie entière. Alors restons ensemble.

Cette conversation avait une toute autre tournure. Même si je savais qu'il plaisantait, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander s'il pensait ce qu'il disait.

- Tu me trouves casse-pieds ?
- Oui. Toi aussi tu me trouves casse-pieds.

Ces mots eurent l'effet d'une gifle au visage. Bien sûr, je savais que j'étais ennuyante, mais l'entendre le dire à voix haute me faisait mal.

- Pas vraiment. marmonais-je.

Il était vrai que je n'aimais pas le fait qu'il se soit incrusté dans mon quotidien sans me laisser de choix, mais j'appréciais sa compagnie. Quand il ne passait pas son temps à faire des blagues nulles, Alex était plutôt gentil et attentionné. Le fait qu'il me trouve chiante ne me plaisait pas. Comme toujours, j'avais l'impression de ne pas être assez bien.

- Je t'ai vexé. Pourquoi ?
- Tu me trouves casse-pieds. Pourquoi ?
- Parce que tu ne me laisses pas entrer dans ta vie.
- D'accord, jouons cartes sur table. Si je te raconte mes secrets les plus douloureux, tu feras pareil ?
- Je n'ai pas de secrets.

Alex mentait. J'étais stupide, mais pas à ce point.

- Et tu disais que tu n'aimais pas l'hypocrisie.

Alex serrait et desserrait les poings. Je devais lui taper sur le système. Généralement il faisait preuve d'un calme imperturbable, mais je commençais à voir les craquelures dans sa façade. J'avais un aperçu de la personne qui se cachait sous les faux-semblants, et je ne savais pas si cela me plaisait ou non. Alex était ravagé, tout comme moi. Or, lui et moi avions évolué de manières différentes. La vie avait fait de moi une fille apeurée et renfermée sur elle-même. Alex semblait avoir une bête sauvage enfermée au fond de lui. Et lorsqu'elle se libérait de ses chaînes, je n'osais pas y penser. J'avais entendu de nombreux murmures dans les couloirs de l'école, disant qu'Alex avait encore une fois perdu son sang-froid et s'était battu avec quelqu'un à sang. On disait qu'il devenait incontrôlable lorsque la colère le submergeait. En fait, plus je passais de temps avec Alex, plus je comprenais à quel point je ne savais rien de lui. La partie raisonnable en moi me disait de laisser tomber et de ne pas creuser. Pourtant je n'arrivais pas à m'écouter. Comment étais-je censée faire confiance à Alex et construire une amitié avec lui s'il ne me parlait pas ?

- Que s'est-il passé pour que tu sois devenu ainsi ?
- Ainsi comment ?
- Tu sais... disais-je en tournant mes doigts. Légèrement ravagé ?
- Tu crois que je suis ravagé ?
- Ne sommes-nous pas tous un peu ravagés dans le fond ?
- Tu n'as peut-être pas tort.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
- Est-ce que ça a de l'importance ?

Alex commençait à devenir défensif. Une lueur dangereuse dansait dans ses yeux sombres, et je sentais que mes mains commençaient à trembler. J'avais vu ce genre de regard un nombre incalculable de fois, ils m'avaient souvent été adressés. Je savais aussi comment les choses pouvaient mal tourner en un clin d'œil si je ne faisais pas attention.

- Oui, ça en a.
- Arrête ! Laisse tomber.

Sentant ma peur m'envahir, je décidais de lâcher l'affaire et de prendre du recul. Peu importe ce qu'il cachait, le jeu n'en valait pas la chandelle.

- Crois-tu que tu saurais capable de me faire suffisamment confiance pour que tu puisses m'en parler un jour ?
- Il ne s'agit pas de confiance. Je ne veux pas que mon passé influence l'image que tu as de moi. 


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Hello,

pas le chapitre dont je suis le plus fière (et encore moins satisfaite) , mais au final, écrire c'est se faire plaisir. Alors je dois cesser de me prendre la tête pour un chapitre 🤪

déjà une idée de ce que notre jeune homme taciturne cache ? 😏

Parle-moi - Le RemakeWhere stories live. Discover now