24. Choc

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Braham se figea, prit une profonde inspiration, puis une autre, puis encore une, en vain

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Braham se figea, prit une profonde inspiration, puis une autre, puis encore une, en vain. Une sensation de brûlure embrasant sous sa chair, dans sa poitrine et irradiant dans la complétude de son histoire surgit. Une main ferme agrippa l'épaule de Johan, puis l'autre.

— T'as dû confondre, glissa-t-il d'une voix éteinte, presque inaudible avec la sirène retentissant en arrière-plan. Elles devaient dormir. Johan, elles devaient dormir, t'as dû confondre. Zoé et Helen ne peuvent pas mourir. Elles sont... Elles sont importantes pour Jill, elles sont vivantes. Elles...

— Elles sont mortes, Braham. Mortes.

Mortes. Ses yeux coururent partout — où un signe ferait dire à Johan qu'il se trompait, cherchant désespérément, comme Adán et Nari, un moyen d'apaiser cette boule d'angoisse ornée d'une amertume naissante. Ils en étaient la cause. Leur sang, leur famille en était la cause ! Il n'y avait aucun moyen de ne pas se sentir coupable, de faire disparaître ce misérable sentiment de culpabilité. Têtes baissées. Braham haleta, inspira et exhala à grand-peine. Les larmes de Johan explosèrent.

— Elles sont mortes dans les guérites. Ils les ont asphyxiées. Braham, elles sont putain de mortes et ça a dû être lent — Braham, je vais pas tenir le coup, non plus.

Les maux de tête, les douleurs thoraciques, le poids lourd sur ses épaules, les paupières tombantes d'épuisement, tout fit croire à cette chose qu'il repoussait tant...

— J'suis entré dans la salle d'observation pour voir si tout allait bien. Elles étaient blanches, sans veines apparentes, sans la poitrine en mouvement. J'me suis rapproché pour vérifier que j'hallucinais pas, mais elles... (Menton tremblant) elles avaient le regard vacant. Et là tout à coup...

Braham glissa son regard sur les veines de ses bras. Progressivement sombres, semblaient-elles. Ses mains agrippèrent ses vêtements, ses doigts enfoncés dans son pantalon, espérant atteindre la chair pour contrôler la douleur. Son regard fuyant, anormalement insaisissable, cherchait désespérément une forme de soulagement de la douleur aiguë en lui. Braham laissa échapper un hoquet. Cette prise de conscience alla au-delà de la douleur subie par Johan.

— Un Infecté Colibri s'est agrippé à moi, annonça-t-il d'une voix déchirée, alors que Braham fermait les yeux. Il a enfoncé ses doigts dans la peau de mon épaule et sa bave a suinté à travers le tissu. Et puis un autre Colibri infecté est arrivé, et j'ai failli y passer. Ma bouche était grande ouverte, j'étais au sol, je me battais, je luttais en grimaçant et leur bave... Braham, je les ai tués, mais ils sont peut-être pas les seuls si moi je m'ajoute à la liste.

Son corps chevrota de peur de le voir partir. Les jambes de Johan se pliaient de manière incontrôlable, épuisée par cette lutte invisible. Silence. Braham se figea dans l'incompréhension et le manque de temps pour se rendre compte que son monde s'effondrait.

Il ne savait plus comment bouger son corps, penser rationnellement, ni où regarder. Johan attrapa les cheveux de Braham en deux temps trois mouvements et porta sa bouche près de son oreille.

Rouge sur Noir (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant