Chapitre 42

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- Ils nous ont menti depuis le début, dis-je peinée de ne pas m'en être rendu compte plus tôt. Je savais qu'ils cachaient quelque chose de louche mais pas à ce point là.

- Ils se sont rapprochés de nous pour savoir ce que l'on faisait et pour que nous nous confions à eux, continue Matthew, un air dégoûté sur le visage.

- Tu crois que ce sont eux qui sont à l'origine du mal de William ? Demandais-je songeuse.

- Ça ne m'étonnerait même pas, répond Matthew durement.

Nous sommes toujours dans la bibliothèque du Palais, installés à même le sol, des livres nous entourant de partout.

Je suis allongée sur le dos, perdue dans la contemplation du plafond de verre qui me donne une vue splendide sur le ciel étoilé. Soudain, je remarque du mouvement. Mon corps se tend, mes yeux se plissent pour chercher à trouver la cause de ce mouvement. Apparaissent d'un coup deux sortes d'animaux que je ne connais pas.

- Qu'est-ce que c'est que ça ! criais-je presque sous le coup de la surprise.

- De quoi ? Demande Matt en suivant mon regard.

Les deux créatures s'approchent de lui et, au moment où je crois qu'elles vont l'attaquer, elles se posent délicatement sur son épaule en ronronnant presque.

- Ce sont des petites elfes, déclare Matthew en souriant. Elles ne sont pas dangereuses du tout. De nombreuses créatures vivent ici, dans la Bibliothèque, car la magie y est beaucoup plus présente.

- Cette pièce est magique ? Demandais-je surprise.

- Bien sûr ! Il y a des présences de magie partout dans le Palais. Elles sont juste beaucoup plus présentes à certains endroits plutôt que d'autres.

- Donc si j'utilise mon pouvoir ici..., commençais-je.

- ... il sera beaucoup plus puissant, complète Matthew.

Tout d'un coup ma colère et mon découragement face aux révélations qui nous ont été faites disparaissent. Je me lève, plante fermement mes pieds dans le sol, ferme les yeux et laisse la concentration m'envahir. Petit à petit, mon corps se détend et je sens la vibration magique qui se trouve dans la bibliothèque. Mon pouvoir monte doucement, comme pour jauger cette nouvelle atmosphère puis, commence à sortir de moi. Ayant les yeux fermés je ne peux pas voir ce qu'il se passe, mais j'imagine qu'une sorte de brume m'entoure. Intérieurement, je formule ma requête puis, je sens une partie de mon pouvoir me quitter.

- Qu'est-ce que tu fais ? Entendis-je.

- J'essaie de mettre à profit la magie que renferme cette pièce pour nous faire gagner du temps.

- Tu utilises ton pouvoir pour trouver un livre ? Me demande Matthew incrédule. Je ne savais pas qu'on pouvait faire ça.

- Moi non plus, figure-toi. Mais je ne sais pas si ça va fonctionner.

Je scrute les profondeurs de la Bibliothèque dans l'espoir d'apercevoir quelque chose, mais la brume semble s'être volatilisée.

- Je crois que c'est un échec, soufflais-je dépitée.

- Au moins tu auras essayé, me répond Matthew en me souriant.

Au moment où je l'entend prononcer ces mots, je vois revenir vers moi la lumière argentée caractéristique de mon pouvoir. Je sens mon coeur bondir de joie et espère que c'est bien le bon livre.

- Regarde ! m'écriais-je, folle de joie.

Matthew arbore un air admiratif sur son visage.

- Quel livre as-tu demandé ? S'enquiert-il, curieux.

- Celui sur les plantes médicinales et les poisons, répondis-je. J'avais lu dans un livre que le meilleur moyen de tuer quelqu'un c'est d'utiliser des plantes car c'est plus difficile à distinguer.

- Tu es redoutable !

Dès que le livre arrive à portée de ma main, je le saisis et commence à le feuilleter rapidement.

- Il faudrait qu'on trouve les plantes qui donnent les mêmes symptômes que ceux de William, dit Matthew en regardant au-dessus de mon épaule.

- Je sais mais il y a beaucoup de plantes.

- Il ne faut pas regarder les poisons mortels, continue Matt en me prenant le livre des mains. Ce qu'il faut regarder ce sont les plantes hallucinogènes ou délirantes. Il doit bien y avoir un index dans ce bouquin, grogne-t-il.

- Regarde à la fin, dis-je.

Nous sommes tous les deux penchés sur le livre, chacun cherchant à trouver en premier la solution. Je vois les feuilles voler sous les gestes brusques de Matthew. Je suis impatiente ! Nous allons peut-être enfin trouver un remède à cette maladie mystère et William deviendra de nouveau le William que nous connaissons.

Le livre est magnifique. Sa couverture est verte et la reliure est en or. Je suis émerveillée devant la finesse des écritures. Je me demande qui avait commandé ce livre et surtout, pour quoi ? Pour tuer ou pour guérir ?

- Ah ça m'énerve ! crie Matthew. Je ne trouve rien.

Au moment où j'ouvre la bouche pour répondre, des bruits de pas retentissent dans le couloir ainsi que des voix.

- Le Porteur du Feu s'est échappé !

- Encore ?

- Il faut prévenir le Mage !

- Cherchez partout ! Vous deux, vous vous chargez de cet étage ! Commencez par la bibliothèque.

Je vois Matthew me regarder avec de la panique dans les yeux.

- Il faut qu'on parte, me chuchote-t-il. Vite !

Je ne perds pas une seconde et, suivant son mouvement, je me précipite vers le passage secret. Dans ma précipitation, je prends le livre des poisons avec moi. Une part de moi me dit qu'il n'a pas fini de livrer ses secrets.

La porte du passage n'a pas le temps de se refermer que les deux gardes chargés de la fouille de l'étage sont déjà à l'intérieur.

- Ils vont forcément voir que quelqu'un était là, soufflais-je. Les livres sont étalés partout et ils vont sentir qu'on était là.

- Du moment qu'ils ne découvrent pas que c'est nous, c'est bon, répond-il.

Nous restons quelques instants aux aguets derrière la porte pour suivre leur échange.

- Il y avait du monde ici, déclare l'un des gardes comme nous l'avions prévu.

- Le Porteur de Feu est seul, ça ne peut pas être lui, répond l'autre. La seule aide qu'il pourrait éventuellement recevoir viendrait des autres Porteurs mais ces derniers sont sur Terre sous bonne surveillance.

- Pourtant il y avait des gens, insiste le premier garde méfiant.

- Ecoute, c'était sûrement un des membres du personnel ou alors des enfants du château, dit lassement le second garde. Nous devons trouver le Porteur de Feu et, visiblement, il n'est pas là. On va quand même fouiller le fond de la bibliothèque puis nous passerons aux autres pièces. De toute manière, il ne doit pas être bien loin étant donné qu'il est à moitié fou.

Je réprime des larmes de tristesse. Pauvre William. Traité de fou alors qu'il a été trompé par des personnes en qui il avait confiance. Ce qui est assez ironique d'ailleurs car il était le seul parmi nous à pouvoir supporter les jumeaux.

- On y va Capu, me souffle Matthew. On doit rentrer sinon on va se faire attraper.

Il me saisit délicatement la main puis me tire doucement pour que je le suive.

Feu et GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant