Chapitre 30

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Lorsque je sens nos lèvres se toucher, je réponds à son baiser. William descend ses mains pour les poser sur ma taille et je passe les miennes dans ses cheveux. Mon ventre ne cesse de se tordre dans tous les sens : j'ai la chair de poule.

Je ne sais pas combien de temps nous restons comme cela mais suffisamment pour pouvoir entendre :

- Je vous dérange peut-être ?

- Un petit peu Matt, répond William en ne se retournant même pas.

Au contraire, il me rapproche encore plus de moi et me caresse délicatement le visage avec des yeux remplis d'amour.

Je jette un coup d'œil à Matt qui ne semble nullement dérangé par le comportement de son ami. Il est adossé au chambranle de la porte et nous regarde d'un air amusé mais avec quelque chose dans le regard, comme de la douleur. Mais je dois me tromper.

- J'ai cru qu'il ne te ferait jamais sa déclaration, dit-il dans ma direction. Il avait tellement peur que tu le rejettes que ça en devenait comique parfois.

Je ris légèrement face à la gêne apparente de Willy. Il est trop mignon.

- Dégage Matt, je suis sûr que tu as mieux à faire, lance William, mi-amusé, mi-sérieux.

Je vois Matthew rire puis se diriger vers les escaliers.

- Il est juste jaloux, me dit William en riant.

Nous finissons la fin de la journée emmitouflés dans les couvertures devant notre film.

***

- Qu'est-ce que vous avez fait pour qu'elle dorme comme ça ? Entendis-je.

J'ouvre les yeux doucement pour m'habituer à la lumière. Je tombe nez à nez avec une paire de yeux bleus glace. Tiens, à qui sont ces yeux me demandais-je en mon for intérieur ? William a les yeux beaucoup plus foncés.

Je me relève d'un coup. Ce sont les yeux de l'agent chargé de ma sécurité. Je ne connais toujours pas son nom d'ailleurs.

J'entends un rire.

- Il ne faut pas lui en vouloir, dit Matthew en ricanant, la journée a été forte en émotions.

Je lui lance un regard noir. J'étais sûre qu'il ferait des sous-entendus.

- Les déclarations d'amour, c'est fatiguant, je compatis, continue-t-il.

Je crois que je vais le tuer. C'est quoi son problème à la fin ?

- Je vais aller me doucher, déclarais-je dans le vacarme général.

- Je vous accompagne, enchaîne alors l'agent chargé de ma sécurité.

Silence. Plus personne ne parle. Je regarde, interloquée, l'auteur de cette phrase. Ce dernier nous regarde avec surprise avant de comprendre ce que sa phrase peut sous-entendre. Je le vois rougir de honte et balbutier des excuses et des justifications.

- Capucine, commence Thomas, c'est l'agent de classe 1, Peter Mcqueen, qui est chargé de ta sécurité. Il a pour ordre de ne pas te quitter d'une semelle.

- Même sous la douche, ricane Matthew. J'en connais un qui ne va pas aimer, souffle-t-il plus doucement.

- Matthew ça suffit, le menace William. Au début c'est drôle, après ça ne l'est plus.

Je passe devant Matt et lui lance un regard noir avant de continuer mon chemin vers la salle de bain, Peter sur mes talons.

- Je resterais dehors, murmure ce dernier, encore mortifié par le contresens qui s'est fait plus tôt.

C'est assez drôle car lorsque je l'ai rencontré il faisait très sûr de lui, fier de cette image du chef froid et dur, alors qu'en réalité c'est un homme qui est très sensible.

- Pas de soucis agent Mcqueen, répondis-je en souriant. Il y a une question que je me pose depuis que je vous ai vu, continuais-je, quel âge avez-vous ? Vous semblez vraiment jeune pour être un agent de première classe.

- J'ai 26 ans mais je suis un agent depuis mes 11 ans, me répond-il. J'ai été recruté par les services secrets car j'ai sauté cinq classes.

- Cinq classes ? M'exclamais-je, choquée. Mais vous êtes un génie ! Ce n'est pas du tout étonnant qu'ils vous aient recruté. Quelles classes avez-vous sauté ?

- J'ai sauté le CP et tout le collège, je suis rentré directement au lycée à l'âge de 11 ans.

- C'est incroyable, dis-je stupéfaite.

Je n'ose même pas imaginer à quel point ça a dû être dur pour lui. Arriver au lycée en ayant 11 ans et en n'ayant jamais connu le collège, ce n'est absolument pas commun. L'accueil des lycéens a dû être plutôt froid et méchant.

- Et vous avez fait des études ? Demandais-je.

- J'ai fait des études à travers plusieurs missions d'infiltration et j'ai reçu de nombreux cours pour mieux me fondre dans la masse donc, oui, d'une certaine manière, je peux dire que j'ai fait des études.

C'est à la fois fascinant et triste. Il a certes eu un parcours étonnant mais il a toujours été seul.

Je me dirige vers la salle de bain tandis que Peter s'installe dans le couloir. Je trouve cette précaution complètement stupide. Qu'est-ce qu'ils croient ? Que je vais me faire attaquer dans la douche ?

Installée sous le jet d'eau chaude, je repense à la journée qui vient de s'écouler. Je suis tellement heureuse ! Bien qu'elle ait mal commencé avec l'attaque de l'Organisation, elle s'est extrêmement bien finie.

Les images du baiser avec William me reviennent et je sens mes joues rougir face à ces souvenirs.

- Capu ! Crie Matthew de l'autre côté de la porte, brisant ainsi ma petite bulle. Thomas a des nouvelles concernant le Porteur d'Eau. Je t'attends en bas.

Ce n'est quand même pas croyable. On ne peut pas avoir un moment de tranquillité dans cette maison.

- Matt, demande à Peter de descendre s'il te plaît et reste derrière la porte, ordonnais-je.

J'entends des pas s'éloigner de la porte, des voix murmurer puis les pas revenir.

- C'est bon, je suis là Capu, dit Matthew.

- Pourquoi est-ce que tu as fait ça tout à l'heure ? Demandais-je. Ça te dérange que William et moi soyons ensemble ? Tu penses que je ne suis pas assez bien pour lui ?

Je l'entends souffler derrière la porte mais pourtant, il ne dit rien pendant un bon moment.

- Matt ? Soufflais-je doucement.

- C'est pas ça Capu, ce n'est pas ça, répond-il enfin. Je savais que Willy avait des sentiments pour toi mais je ne savais pas que c'était réciproque. Je pensais que... je pensais que peut-être... peut-être tu pensais à quelqu'un d'autre...

- Quelqu'un d'autre ? Répétais-je abasourdie.

- Ne t'inquiètes pas Capu, je ne recommencerais pas c'est promis. Soyez heureux Willy et toi, vous pourrez toujours compter sur moi tous les deux.

Et il partit.

Feu et GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant