Chapitre 13

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Malgré toutes ces nouvelles je me sens sereine. A première vue, ces révélations peuvent paraître surprenantes et angoissantes mais je me suis faite à l'idée. Je suis différente des autres depuis 10 ans. Maintenant, je commence à trouver ma place et je commence à sentir qui je suis réellement.

Thomas m'a dit que je ne commencerai pas mes entraînements avant la semaine prochaine car je dois être en forme. Entraîner son pouvoir c'est également entraîner son corps et son mental. Il faut être solide car pour maîtriser son pouvoir, il faut acquérir un équilibre, être en harmonie et en accord avec nous-même ainsi qu'avec ce qui nous entoure.

Je sors de ma voiture pour me diriger vers le lycée. A l'approche de l'hiver, les nuits sont de plus en plus longues et les jours de plus en plus courts. Il ne fait donc pas encore totalement jour et la température est un peu fraîche. J'ai beau porter une grosse veste et une écharpe en laine, je sens le vent s'infiltrer et s'inviter sur mon corps. Un souffle de vent plus fort que les précédents fait voler mes cheveux. J'ai l'impression d'être dans ces pubs où les cheveux des mannequins volent au vent d'une manière absolument pas naturelle.

Soudain le souffle devient plus fort et s'enroule autour de moi. Je sens mes cheveux former une sorte de couronne autour de ma tête tandis que ma veste et ma jupe se gonflent. C'est dans ces moments que je maudis fortement les uniformes.

Même si je suis sûre de ressembler à une meringue, la sensation est assez agréable. L'air est chaud et j'ai l'impression de me trouver sur le bord de la mer. Mais ici nous ne sommes pas à la mer. Je me tourne alors et me retrouve face à celui qui est à l'origine de ce phénomène : Matthew.

Il se tient appuyé contre ma voiture, les mains dans les poches. Il porte un bonnet et sa capuche est rabattue sur son visage, comme à l'accoutumé. Je ne comprends pas d'où lui vient ce regard sombre et cette posture si agressive. Je sais que ce qu'il montre au lycée n'est aucunement sa véritable personnalité. Malgré son comportement, j'arrive quand même à discerner une sorte de souffrance au fond de son regard et également, même si cela semble complètement absurde, un appel à l'aide. Comme s'il implorait quelqu'un de venir l'aider.

- Je te trouve particulièrement belle comme ça, me raille-t-il de son éternel sourire moqueur tout en avançant vers moi.

Tiens, ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu celui là.

- Je sais, merci, rétorquais-je. Fais attention à ce que tu dis, je pourrais presque te croire.

- Il ne manquerait plus que ça, s'exclame-t-il en prenant un air faussement choqué.

- Tu sais, il n'y a pas de honte à avouer que tu es tombé sous mon charme légendaire, dis-je ironiquement, en levant mon sourcil.

Moi aussi je peux me moquer de lui.

- Je crois qu'il faut arrêter de rêver princesse, murmure-t-il en se penchant légèrement vers moi.

De là où je suis, je suis obligée de le regarder dans les yeux. Son regard est brûlant. Je crois que je n'ai jamais vu des yeux de cette couleur. Ils sont tellement foncés que l'on pourrait presque les confondre avec la pupille, s'il n'avait pas ces petites tâches argentées réparties tout autour de cette dernière.

Je me penche alors vers lui et attrape ses joues avec mes deux mains en les pinçant fort, comme on le ferait à un enfant. Mon action lui fait faire une grimace qui lui déforme le visage, me provoquant un immense fou rire.

- Je crois que c'est toi qui rêves un peu trop, lui dis-je toujours en riant.

Puis je le lâche et me retourne pour aller en cours. Déjà que j'étais en retard avant de le croiser, maintenant je suis plus qu'en retard.

Je l'entends qui court pour me rattraper. Je me tourne vers lui et lui fait un grand sourire. Lui, de son côté, me lance de nouveau un de ses regards noir dont il a le secret. Pourtant, je sais que maintenant notre relation a changé et que son regard n'a plus la même signification qu'avant.

Je crois que notre amitié vient de commencer.

***

- Capu ! J'ai absolument besoin de ton aide !

Je lève la tête de mon bouquin et regarde Maria se laisser tomber lourdement sur la chaise en face de la mienne.

- Oui ? Demandais-je.

- Je ne comprends absolument rien en maths c'est incroyable ! Le prof a beau essayer de m'expliquer, j'ai toujours cette impression étrange qu'il parle chinois.

- Maria tu n'écoutes même pas ce qu'il te raconte alors ne me fais pas rire en disant que tu es concentrée pendant son cours, soufflais-je amusée et désespérée à la fois.

- C'est pas de ma faute si pratiquement toutes nos heures de maths sont après le repas ! Je ne peux pas me concentrer pendant que je digère ! Et en plus c'est hyper mauvais pour la santé d'être stressée pendant la digestion ! Demande à tes parents et tu verras que j'ai raison, déclare-t-elle avec un grand sourire.

- Elle n'a pas tout à fait tort, répond une voix derrière moi.

Je me retourne d'un coup et lance un regard surpris à William.

- Sérieusement ? Tu ne vas pas t'y mettre non plus, dis-je en levant les yeux au ciel et en riant.

- Et pourquoi pas ? Rétorque-t-il en s'asseyant à côté de moi. Ça pourrait être sympa comme sujet pour les exposés de biologie : En quoi le stress a-t-il un impact négatif sur la digestion ? Thèse, antithèse et synthèse. Et comme Matthew se met avec Dave, je suis tout disponible pour faire ce merveilleux exposé avec toi, ajoute-t-il en me faisant un clin d'œil.

- Nickel comme ça je me mets avec Abby, s'écrie Maria en tapant des mains.

Je suis consternée. D'abord j'avais complètement oublié cette question d'exposé et ensuite je ne comprends pas du tout, mais alors pas du tout la joie de Maria.

- Alors ? Demande William en levant son sourcil. Est-ce que Madame veut bien de moi comme équipier ou dois-je faire une présentation de 20 pages pour présenter les pour et les contre concernant ma demande ?

- C'est bon pour moi, répondis-je. Mais je te préviens, hors de question de faire ton truc sur la digestion !

- Yees ! S'exclame-t-il en faisant un high five avec Maria. Elle a dit oui !

Malgré ma tentative de garder mon sérieux, je suis bien obligée de craquer. Ils sont vraiment insupportables !

La sonnerie retentit au moment où nous arrivons à retrouver notre sérieux. Alors que je commence à ranger mes affaires, William se lève et me lance :

- On se voit demain Capu ! 14h chez toi !

Puis, il se penche vers moi et me murmure, pour éviter que Maria ne l'entende :

- J'ai hâte de te revoir, tu es magnifique aujourd'hui.

Feu et GlaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant