27 - La vérité

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J'ai bien failli me perdre plusieurs fois sur le chemin du retour. Mon sens de l'orientation légendaire a encore frappé. Je n'ai pas joué avec le feu, j'ai demandé et redemandé et re-redemandé mon chemin pour être sûre de prendre la bonne rue, ce qui ne m'a pas empêché de tourner en rond deux fois dans le quartier avant de trouver l'appartement.

Je n'ai qu'une envie : me blottir dans les bras de Roméo et trouver sa chaleur. Tout lui dire, le laisser me réconforter, être désolé pour moi. Après tout je ne suis pas médecin, ce n'est pas mon quotidien, ça ne fait pas partie des choses que je sais gérer. Je préfèrerais tout oublier, que toute cette scène qui se rejoue encore et encore dans ma tête n'ait jamais eue lieu.

Lorsque j'ouvre la porte, seule la cuisine est allumée. J'entends l'eau qui coule depuis la salle de bain : Roméo est en train de se doucher.

Pendant une seconde je m'imagine sans la moindre retenue débarquer dans la pièce – Roméo ne ferme jamais à clé – et plonger dans ses bras en pleurant, sans me soucier ni de l'eau, ni de sa nudité.

Et alors, la porte de la salle de bain s'ouvre et Cole en sort, une serviette autour des hanches.

Il me salue, je détourne la tête et il se dirige tout naturellement en direction de la chambre de Roméo. J'avais oublié. Pendant quelques précieuses secondes, j'avais oublié que nous étions plus souvent trois que deux sous le même toit.

Ils se douchent tous les deux ensemble. Ça ne devrait même pas me surprendre. Si tu couches avec quelqu'un, que tu le vois nu et le caresse, il n'y a pas de problème à partager une douche. Mais à chaque fois que je les imagine tous les deux, c'est un coup de poignard.

Je me dirige vers la cuisine et m'apprête à ouvrir le frigo :

TO-DO liste Roméo :

- rencontrer l'homme de ma vie

Mon sac à main tombe lourdement par terre. Ce n'est pas possible. Roméo a des ailes, il file l'amour le plus parfait de sa vie et moi je descends au trente-sixième sous-sol.

Ça ne va pas ?

Je sombre à cette allure vertigineuse et je n'ai pas vu Cole revenir – cette fois-ci habillé – qui ramasse mon sac à main. Je le lui arrache des mains.

Non ça ne va pas. En fait ça ne va pas depuis un moment !

Cole prend le temps de répondre. On a beau être de la même famille, mais je ne sais pas à quel point il sait gérer les conflits. Je suppose que je vais découvrir.

Tu veux en parler ?

Tu prends trop de place !

J'ai envie et besoin de me défouler et il est la seule personne présente. Cole accepte la remarque sans broncher.

Tu es toujours là, c'est chez moi aussi je te signale et ça ne me convient pas comme fonctionnement.

Je peux te faire un calendrier avec mes horaires de passage si c'est ce qui peux te rassurer.

Ne te moque pas de moi, Cole !

Ma voix part dans les aigus, alors que ma gorge se serre. Cette journée merdique ce termine avec la cerise sur le gâteau. La vie est injuste.

Dis-le Alicia.

Quoi ?

Plus je crie, plus il semble parler bas.

Crache le morceau, dis-moi le fond de ta pensée

Je viens de te le dire.

Le syndrome RoméoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant