Voix

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Tu étais cette voix. Tu étais cette voix qui au début ne représentait rien, pas même l'ombre d'une vérité pour moi. Tu étais cette pensée insignifiante que j'enfouissais au fond de mon coeur pour continuer à sourire.

Puis tu as pris le dessus. Tu t'es imiscée doucement dans ma vie. Tu n'étais rien mais tu as grandi, alimentée par mes peurs cachées. Je prenais soin de toi sans savoir que tu me détruisais.

Je me suis menti sans vraiment me mentir. Tu faisais partie de moi, pourtant je ne voulais pas le voir, je ne pouvais pas l'accepter. J'étais simplement normale et la souffrance était simplement la norme. Tout allait bien.

C'est ce que tu m'as toujours promis. Tu m'as toujours soufflé que je deviendrai plus belle, plus épanouie, plus normale. C'était tout ce que je désirais. Au fond, voilà ce que tu étais : un désir malsain.

Pourtant, là où je n'ai pas eu le courage de me battre, d'autres l'ont fait pour moi. Oh, tu as bien résisté. Tu t'es tant aggripée à moi que j'ai failli tomber - et cette fois je n'étais pas sûre de me relever. Mais j'ai tenu bon.

Un jour, enfin, tu es partie. Tu n'as pas hurlé, tu n'as pas supplié. Tu savais que c'était la fin ; moi aussi. Tu m'as chuchoté que je ne serai rien sans toi, seulement j'étais déjà tout.

Ce jour-là, j'ai crié en silence. Puis j'ai souri à mon reflet, et je me suis trouvée belle. Pas normale, pas mince, belle. J'ai aimé mon sourire, mes yeux, mon corps et ce coeur qui battait, qui avait toujours battu en moi.

C'est fini. J'ai répété ces mots dans le silence de mes pleurs. J'avais tant espéré que quelqu'un me les murmure en me tendant la main...Alors j'ai levé les yeux. Ce quelqu'un avait toujours existé, il avait toujours été là.
Et je savais qu'il serait toujours là quoi que je fasse. Je m'étais enfin trouvée.

PerdueWhere stories live. Discover now