Chapitre 7 : L'étau se resserre

202 11 3
                                    

Le placard sentait la drogue dure. Ou du moins, pour Nicky qui reconnaissait l'odeur. Évidemment, son frère n'était pas au courant. Pour lui, sa sœur était toujours restée l'élève modèle, dont les notes étaient le reflet de son comportement. Les A+, elle les avaient collectionnés. Tandis que lui et Matt encaissaient les E-. Les gens disaient des deux frères qu'ils n'avaient pas d'avenir et qu'en grandissant les chemins des triplés se sépareraient. Quelle belle ironie !

Mais la vie réserve son lot de problèmes, qui avaient fait de la parfaite petite fille, une fêtarde, testant, une à une, les boîtes de nuits de sa ville. Nicky savait très bien ce qu'il y avait sur les langues des garçons qu'elle embrassait. Elle savait les risques qu'elles prenaient en couchant dans les sanitaires des discothèques. Mais n'était-ce pas le prix à payer pour quelques heures de paix ? La seule chose qui l'importait dans de tels moments c'était la douleur de ses frères. Elle aussi les voyait sortir de leur chambre chaque soir. Elle se rappelait encore la première fois qu'elle les avait regarder revenir. Ce fut l'horreur. Le lendemain, l'image de ses deux frères dont les belles mains mattes dégoulinaient de sang, la hantait toujours et avait fait revenir une seconde image, plus nette et précise encore que celle qui remontait seulement d'hier. Le souvenir d'un matin. Il lui fallait quelque chose, une manière d'oublier, juste l'espace d'un instant. Elle avait pensé aux lames de rasoir dans la salle de bain, mais regarder son sang pour oublier - ce qu'elle croyait alors être - celui de ses frères ? Mauvais plan. Il y avait cet homme au bout de la rue qui l'abordait souvent. Il vendait de l'héroïne. Nicky connaissait la dangerosité de cette drogue, mais à cet instant c'était la seule solution qui lui était venu en tête. En robe de chambre, elle avait descendu tous les étages de son immeuble en espérant que cet homme serait à son endroit habituel. Coup de chance (ou pas), il y était. Des billets contre une piqûre. Une seringue qui s'était enfoncée dans sa peau, et puis, plus rien. Elle avait regretté amèrement cette décision. Elle venait de signer pour trois ans d'addiction. Et puis, elle l'avait rencontré.

— On avait donc raison, Mademoiselle Harris connaissait un de nos deux hommes.

Cet homme venait de couper net les pensées de Nicky. La ramenant dans ce placard qui lui rappelait les WC où elle avait l'habitude de se piquer. L'odeur y était la même, d'ailleurs. A côté d'elle, Darryl était presque bleu. Il se retenait d'hurler. S'il le faisait c'était direction la prison pour lui et sa sœur.

— C'est étrange. Nous sommes d'accord que Olivia a été tuée car c'était un témoin indirect. Pourtant, les coupables ont pris la peine de la tuer de la même manière.

De la serrure, Darryl et Nicky pouvait parfaitement voir les deux individus. Un homme et une femme. L'homme avait la même carrure que leur troisième frère ; en moins musclé, peut-être. Il était afro-américain et n'avait pas un cheveu sur la tête. Ses sourcils baissaient et montaient quand il parlait. Il prenait des photos en tournant autour du lit de Olivia Harris. Nicky le trouvait beau, mais son métier le rendait affreux. Il était agent au FBI. Elle le savait car il portait un gilet pare-balle dont les trois lettres blanches comblaient presque plus d'espace que le bleu marine. Nicky était certaine de ne jamais lui avoir parlé, pourtant elle l'avait déjà vu quelque part. Mais où ? Dans un journal, peut-être. C'était en photo en tout cas.
Sa coéquipière semblait plus âgée que lui. Elle avait des cheveux châtain foncé, une peau claire et portait une chemise blanche avec une veste noir.

— Peut-être qu'ils s'en sentent obligé ? supposa l'homme. Un genre d'obsession collective.

Ou peut-être que ce sont juste de simple connard. Non, le mot est trop faible. Les gars qui la sifflaient dans les rues, ça se sont des connards. Les harceleurs dans les écoles, ça se sont des connards. Des enfants, d'accord. Mais des connards quand même. Il n'existe pas de mot pour les décrire. Monstre ? Non, car tous les enfants du monde ont appris que les monstres n'existent pas. Si ! Les monstres existent. Nicky, Matthews et Darryl l'ont appris dès leurs trois ans, quand leur "père" décidait de les enfermer dans le placard de la cuisine, car il voulait 1 heure de paix. Nicky sentit la nausée lui revenir en y pensant, tandis que son frère y pensait depuis qu'il avait dû rentrer dans celui de Olivia Harris et Adelyn Clarke en précipitation.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 26, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Les yeux dans les yeux [FANFICTION ESPRITS CRIMINELS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant