XX - Laisse-moi t'aider

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— Ça ne se voit pas ?

— Mais je croyais que ça amplifiait les pouvoirs...

— T'es trop curieuse.

Il appuie ses bras sur le bord du bateau et se penche en avant, là où les vagues frappent la coque.

— Tu vas retrouver ton apparence ?

— Tu poses trop de questions.

— Je suis toujours trop pour toi.

Il me jette un regard assassin puis le détourne. Il grimace à nouveau, attrape son visage et pousse un long grognement.

— Ne regarde pas, grommelle-t-il entre ses dents.

Mais je ne me retourne pas, je penche même la tête sur le côté pour essayer de voir son visage cependant il attrape sa peau, juste au niveau de l'implantation de ses cheveux roux qui soudainement deviennent noirs, plus courts et plus lisses... je fronce les sourcils puis le vois littéralement arracher son visage en gémissant, cela ne semble pas très agréable. Ses épaules s'amaigrissent, il perd en centimètres au niveau de sa taille et lorsqu'il se redresse, voilà qu'il a de nouveau son apparence de Changeur de Peaux : le jeune homme aux cheveux de jais et aux yeux vairons. Plus mince que Hector, plus petit, mais plus appréciable à regarder également.

Cette "mue" qu'il s'est retiré s'évapore dans les airs comme de la cendre, je reste bouche-bée, à le fixer tandis qu'il inspire profondément, gonflant son torse et expirant lentement. Les vêtements qu'il porte sont toujours ceux de Hector, mais bien trop grands pour lui.

— Incroyable... soufflé-je.

Alors il tourne la tête vers moi.

— Je t'avais dit de ne pas regarder !

— Ton corps est tellement... étrange. Je veux dire... il change de forme, de taille, de couleur...

— Je suis un Changeur de Peaux, Chloé, dit-il comme une évidence.

— Je sais !

Il détourne le regard pour le fixer sur un point, devant lui, là où il fait noir. La lune nous éclaire, ainsi que les lanternes accrochées aux mats mais elles ne cessent de vaciller quand le bateau tangue.

— Pourquoi tu n'es pas avec le petit prince ?

— Je n'arrivais pas à dormir...

Moi aussi je m'appuie contre le rebord et fixe l'horizon presque imperceptible.

— Ouais, ça m'arrive souvent, avoue-t-il.

— Vraiment ? On dirait que jamais rien ne t'atteint.

— Tu parles, je fais comme si tout allait bien mais ce foutu Gouverneur m'a bien amoché.

Je le regarde, interloquée. Alors il baisse la manche du long manteau trop grand, puis tire sur le col de sa chemise trop grande également pour me montrer son épaule, poignardée. On y voit encore cette affreuse plaie en longueur, recouverte de croûtes mal formées et boursouflée. Je grimace rien qu'à l'idée de la douleur que cela doit procurer.

— Il ne t'as pas raté...

— C'est la première fois que je me fais poignarder, tout ça à cause de toi.

Je lui lance mon plus mauvais regard mais il esquisse un sourire en coin.

— Tout ça pour toi... ? rectifie-t-il.

Alors je souris moi aussi, satisfaite.

— Je préfère, taquiné-je en regardant de nouveau l'horizon.

Invocatrice de l'OmbreOnde histórias criam vida. Descubra agora