VII - Aucun secret n'echappe au prince

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— Où étiez-vous, Chloé ?

Je reste contre la porte tandis qu'Andreï tourne la tête vers moi. Le soleil se couche, les rayons de ce dernier, un peu rosés et orangés éclairent son visage angélique.

— Je... euh...

— Notre servante nous a dit ce matin que vous étiez souffrante. J'ai souhaité vous rendre visite, m'assurer que tout allait bien, que je ne vous avais pas brusquée hier soir mais vous n'étiez pas dans vos appartements.

Il marque une pause et me jauge.

— Alors je vous ai attendu pendant deux longues heures.

Je passe ma main dans mes cheveux moites. Il faut dire que cette journée n'a pas été de tout repos et que j'ai l'impression que les prochaines ne seront pas mieux. Trop de choses se sont déroulées en peu de temps, je me sens fatiguée, affaiblie et prise au dépourvue avec le prince dans ma chambre qui attend des explications.

— Veuillez m'excuser, je...

Je me pince les lèvres, cherchant mes mots.

— Je comprendrais que vous ne souhaitiez pas en savoir plus sur moi.

Il laisse pendre les bras le long de son corps, ses épaules s'affaissent et il pousse un profond soupir. Je reste à ma place, sans oser m'approcher de lui. J'ai la sensation qu'il a quelque chose à dire mais à la fois qu'il ne souhaite pas le dire. Comme s'il me cachait quelque chose.

— Je suis au courant de ce qu'il s'est passé sur le bateau qui vous menait jusqu'à Panterm.

Je cligne plusieurs fois des paupières et reste muette.

— Je ne l'ai dit à personne, reprend-il.

Je fronce les sourcils.

— Si mon père l'avait su, vous seriez d'ores et déjà morte ou probablement dans un cachot.

— Pourquoi ?

— Parce que les Créatures de l'Ombre ne s'étaient pas montrées depuis quelques mois, notamment près d'ici et vous, vous n'avez pas tenu votre rôle de citoyenne. Vous n'avez pas averti la Nation de ce qu'il s'est passé et vous êtes entrée au château sans rien dire.

Je ne rétorque rien, je le dévisage, ne sachant réellement comment me positionner. Tout va si vite, entre Tristan qui est à mes trousses et maintenant le prince Andreï qui a des doutes sur moi, je me sens quelque peu prise au piège.

— C'est parce que je sais ce qu'il s'est passé sur ce bateau que je suis venu vous voir hier soir.

Je plisse les paupières, l'air inquisitrice.

— Avant que vous ne m'expliquiez où vous étiez toute la journée, décrivez moi ces créatures.

Pourquoi souhaite-t-il absolument savoir à quoi ressemblent ces choses monstrueuses ? Sans parler de celle qui est entrée en moi ! Je me dois de rester vague, je ne peux pas lui accorder ma confiance mais je dois lui faire croire que oui, pour l'honneur de ma famille.

— Je... je ne m'en souviens pas très bien. C'était assez rapide et terrifiant... il faisait sombre soudainement, l'eau a commencé à bouillir et une Ombre Obscure en est sortie, elle a pris forme petit à petit. On aurait dit quelque chose d'humain mais à la fois d'inhumain... pas d'œils, pas de nez... mais un cri strident. Elle... cette chose était faite de ténèbres, pas d'os, pas de chair... juste une sorte de fumée noire et épaisse et elle a tué deux passagers...

Andreï me regarde, sans un mot, absorbé par mon récit.

— Et je ne sais pas ce qu'il s'est passé, d'où ça venait mais... on aurait dit un dragon...

Invocatrice de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant