𝘃𝗶𝘀𝗶𝗼𝗻

aussi fort

22,

Il avançait toujours, un pied devant l'autre sur le pont glissant. On aurait pu croire à du verglas. Il avançait toujours, le cœur battant, sur le pont qu'il empruntait chaque soir

mais ce soir là, ce n'était pas pareil.

À cet endroit, l'air était plus glacé, le vent lui fouettait le visage et faisait rougir ses joues. Il faisait froid pour une nuit de printemps.

Il sourit au noir béant qui l'entourait. Il se sentait intouchable là, au-dessus de l'eau, dans le noir, seul.

Seul ?

Il aperçut, comme un flash d'appareil photo ou les phares de voiture après un virage, cette forme à une dizaine de mètres de lui. Elle regardait sous elle, le corps appuyé contre la ridicule barrière en bois. Elle regardait au-dessous d'elle, le vide qui l'attendait.

Jisung sentit son cœur s'accélérer, il avait l'impression qu'une douche froide l'avait complètement réveillé. Il se mit à courir, peu importait, si le sol était glissant ou pas.

L'adrénaline le poussa à une vitesse dont il ne se pensait pas capable, et, habité par la peur en voyant son torse se pencher dangereusement dans le vide, il se jeta sur le corps frêle et l'élan les catapulta sur le sol.

Jisung n'avait jamais serré quelqu'un contre lui aussi fort auparavant.