Nina&Ian

Prologue

   

        L'eau ruisselait le long de son corps frêle tout fatigué. Ses jambes la portaient avec peine dans cette cabine de douche et de longues traînées noirâtres de mascara bousillaient ses joues.

" Je n'en peux plus." se disait la jeune femme.

            Au bout de dix minutes, vingt, peut-être, elle sortit de l'ambiance humide et chaude et saisit une serviette moelleuse. S'enroulant à l'intérieur, elle balaya d'un mouvement le miroir et se regarda droit dans les yeux. Les immenses poches sous ses yeux la conseillaient vivement de se mettre immédiatement sous les draps et de dormir. Ca n'était pas tant que ça la promo qui l'épuisait, non... mais plutôt les virées dans les clubs tard la nuit, tôt le matin. Peu importait, un remontant alcoolisé et la voilà prête à conquérir un nouveau dancefloor dans cette ville à l'autre bout de son Atlanta. Elle n'était pas du genre casanière, du genre à visiter les monuments de chaque lieu où son travail la menait, du genre à occupée Skype pour parler à sa famille... et puis, quelle famille ?! Elle n'en avait plus. Et c'était tant mieux, elle jouissait désormais d'une liberté non négligeable. Par ailleurs, son genre à elle était plutôt: martinis, hommes et fêtes jusqu'au bout de la nuit. Qu'à cela ne tienne, ce soir, le divertissement serait au maximum. Elle ignorait ce que le reste du cast faisait mais elle, elle sortait !

            Son image reflétée, elle se sentit plus revigorée que jamais. Allez savoir pourquoi, plus elle se trouvait éreintée, plus son envie de s'éclater atteignait des sommets... Un rouge Chanel, un regard au Smoky Eyes, une robe noire moulant parfaitement son corps de beauté de l'Est et des escarpins à en faire dégringoler la plus experte des Tops Models, Nina Dobrev sortit de sa suite, portant plein d'espoir pour cette soirée.

Elle avait beau jouer le rôle d'une adolescente stable et plutôt la tête sur les épaules, la vérité était tout autre.

 

 

            Pages après pages, lignes après lignes, son esprit s'évadait ailleurs que dans cette luxueuse suite. Il n'avait pas besoin de tout ce confort. Pourquoi lui fournissait-on un salon, un bar, une salle de jeu comprenant un billard, un babyfoot, des tas de consoles de jeux, une salle de bain composée d'un SPA, d'une chambre décorée de façon Victorienne... et j'en passe ? Définitivement, non. Une simple chambre avec une salle de bain modeste aurait suffit. Il ne restait qu'une nuit après tout. Demain, sept heures, il ne resterait plus aucune traces de son passage. Aussi, il laissa tel quel la multitude de joujous parant sa suite et s'était plutôt improvisé une soirée lecture au coin du feu. Il faisait froid à Londres en plein mois de décembre. Quand l'intrigue de son bouquin ne lui suffit plus, il se connecta à son compte twitter. Il fut encore surpris de toutes les mentions qui apparaissaient à la seconde. Il aurait bien voulu remercier un par un ses fans mais ça demeurait impossible, à son plus grand regret. Son agent lui repétait qu'il possédait un coeur trop charitable, une personnalité inadaptée à la célébrité où les requins n'étaient que trop nombreux...

            Son Blackberry vibra entre ces mains et il décrocha.

"Bonsoir, navré de vous déranger, Mr. Somerhalder mais il semblerait que Mademoiselle Dobrev ait besoin de quelqu'un..." annonça une voix timide à l'autre bout du fil.

"Comment ça ?!"

            Quelle connerie avait-elle encore faite ? Il ignorait si elle s'en rendait compte ou non mais ses déboires lui nuisaient à elle et tout le cast, de jour en jour. Il serra les dents lorsqu'on lui annonça l'ampleur des dégâts.

"... ainsi que la danse effectué à la place des danseuses sur les bars... Vous comprendrez qu'il nous ait impossible de fouiller chaque téléphone portable de chaque client présent ce soir afin de supprimer des images, disons...compromettantes alors..."

"Elle a fait quoi ?!" s'enquit Ian, incrédule.

"Eh bien, elle..."

"Non, laissez tomber, je lirai la presse demain et je saurai. J'en ferai part à son agent...

            Il marqua une légère pause, massa sa tampe droite et imagina l'actrice dans un piteux état dans un coin du club, supportant les flashs crépitants.

"Où se trouve t-elle ? Dans quelle club, je veux dire ?... J'arrive."

            Il avait beau jouer un vampire détraqué et tourmenté, la vérité était toute autre...