The True Story Of Eïleen 》Ier voyage : Découverte

18. Worst day ever

Je me rendis alors compte avec horreur que je n'avais plus en face de moi uniquement le demi-dieu. Mais c'était également Cronos tirait les ficelles de cet interrogatoire.

- Je vous ai dit que je m'occupais de l'interroger ! s'exclama soudain Luke en tirant la gorgone loin de moi. C'est moi que le seigneur Cronos a choisi pour diriger son camp. Vous êtes sous mes ordres.

La méduse commença à répliquer, c'était ma chance. Aucun des deux ne faisait plus vraiment attention à moi, recroquevillée contre le sol, je ne devais pas paraître très intimidante.

Je dégainai le plus lentement et discrètement possible mon épée en me contorsionnant pour atteindre mon bracelet et commençait à trancher mes liens.

- Cela suffit ! s'exclama ultimement Luke, à l'égard de la gorgone. Attends un peu, mais qu'est-ce que...

- Ce n'est pas que je n'ai plus envie de te revoir, mais... en fait si, ta tête ne me revient vraiment pas ! m'exclamais-je avec un grand sourire.

Je terminai sur ces mots de sectionner le dernier morceau de corde et bondissais sur mes pieds. Je me jetai presque sur la porte qui était, heureusement, ouverte, avant de m'élancer dans les couloirs du paquebot.

Heureusement pour moi, Sthéno semblait faire partie des rares monstres présents sur le bateau, et je ne croisais personne sur ma route, si ce n'est des mortels envoutés par la brume. Néanmoins, j'eus, très bientôt, une gorgone furieuse et un Luke troublé à mes trousses ! Je tentais de les devancer du mieux que je pouvais en balançant tout ce qui se trouvait à portée de main dans mon sillage. Je crois bien même que j'avais à un moment réussi à toucher un des deux avec une assiette.

J'atteignis finalement le pont du bateau pour découvrir à mon plus grand soulagement qu'il y avait déjà quelques pégases attachés à des transats. Bon sang, ma vie venait d'attendre un stade de bizarrerie beaucoup trop élevée !

Je sectionnais les liens des pégases et grimpais sur l'un d'eux (que mon âme de fan avait quand même pris le temps de rapidement sélectionner d'un coup d'œil, prenant celui qui ressemblait le plus à l'image mental de celui de BlackJack). Le cheval volant ne tarda pas à s'envoler à tire d'aile.

Oui, mon plan avait marché comme sur des roulettes !

- Après tant d'échec, Eïleen McGuire a enfin vaincu !

Je pense très honnêtement que le karma existe, je n'y croyais pas avant cet instant là, mais l'énorme flèche qui se planta alors dans le flanc du pégase pile à la fin de ma phrase ainsi que la lance qui m'érafla mon côté droit, me poussèrent à en accepter l'existence.

C'est ainsi que mon tout nouveau pégase alla s'écraser contre le sol du pont tandis que la troisième guerre mondiale semblait se jouer sur mon t-shirt qui commençait à être couvert de sang. Entre ma blessure, ma joue couverte de griffure ensanglantées et ma chute, je crois très honnêtement que je n'avais jamais eue aussi mal de toute ma vie.

Mais je me traînais quand même jusque vers Blackjack (ou du moins je supposais qu'il s'agissait bien de lui) en ignorant les cris qui se mêlaient autour de moi. Bon c'était peut-être aussi parce qu'ils ne m'avaient jamais paru aussi lointain. Le pégase tentait d'enlever la flèche avec ses dents en moulinant des pattes, il y parvint au moment où je lui disais de ne pas le faire et poussa un long hennissement de douleur, il devait certainement souffrir autant que moi.

- Oh bon sang. Fut la seule chose que je trouvais à dire, ce qui était, à bien y repenser, plutôt drôle au vue des circonstances.

Je n'avais jamais vu autant de sang et je tentai dans un acte désespéré d'arrêter la coulée de sang de la blessure du pégase en plaquant mes mains sur cette dernière. Deux bras m'en empêchèrent et me tirèrent en arrière.

- Le bungalow des Hermès te paraîtra divinement confortable par rapport à ta cellule ! s'exclama Luke, des restes de micro-morceau d'assiette incrusté dans sa peau et une partie du visage en sang.

Je tentai de me débattre du mieux que je pouvais, c'est à dire pas grand-chose aux vues de ma force physique actuelle. Luke me serra les bras si fort que j'étais persuadée d'en garder des marques mais je tins bon. Je réussis finalement d'un astucieux écrasage de pied quand il s'y attendait le moins à me délivrer de son emprise. Je me tournais vers lui pour lui faire face, l'expression la plus intimidante que je pouvais avoir sur le visage. Bien qu'elle dût probablement être bien atténuée par les larmes de douleurs qui avaient commencé à ruisseler sur mon visage.

Luke qui avait la main serrée contre son épée, s'arrêta en plein milieu de son geste en me reluquant de la tête au pied quelques instant avant de ramener brusquement sa main avec effroi.

- Oh mes dieux, qu'est-ce que j'ai fait... murmura-t-il horrifié en découvrant l'étendue de mes blessures. Leen, fit-il d'une voix tremblante et posant sa main sur mon épaule, m'empêchant de vaciller en avant, je suis...

- Ne me touche pas ! m'écriais-je à mon tour, ou du moins j'essayais puisque ma voix ressemblait plus à un petit mugissement de chaton qu'on égorge.

Je reculai de quelques pas en cherchant un échappatoire des yeux.

- Non 'leen je..., balbutia Luke, ce n'est pas ma faute, c'est Cronos, il, il m'a obligé, il m'a dit que si tu n'avouerais pas il te tuerait.

Je secouai rapidement la tête, aussi horrifiée que lui, il me terrifiait plus que jamais et je reculai de plus en plus sans regarder ce qui se trouvait derrière moi. Mauvaise idée lorsque l'on se trouvait sur une scène d'évasion remplit de monstre et de pégases blessés, surtout de pégases blessés.

C'est donc sans grand étonnement que je trébuchai sur la patte de Blackjack et basculai en arrière. Une étrange sensation de vide intense m'envahit tandis que j'entendais Luke crier mon nom. Je fermai les yeux en tentant de retenir mes larmes.

- Bon sang de bois McGuire ! s'exclama alors une voix familière, on dirait que t'as passé la nuit à faire la fête avec des cyclopes !

J'ouvrai les yeux pour découvrir Mr Hedge, installé sur le capot d'une voiture cabossé qui semblait avoir été mâché par endroit.

J'avais, je m'étais... téléportée ?