Redressement corporel. 16 h 29.

    — Tout va bien, Jill ? demanda-t-il.

Doute. Inspiration. Expiration. Doute persistant.

    — Hum, je... J'ai aucun signe de Zoé, finit-elle par avouer. Aucun SMS, rien.

    — Houlà. Ça lui ressemble pas.

    — Ouais, rit-elle nerveusement. Par pure chance, un p'tit signe d'elle dans la zone ?

Son bon ami regarda vaguement autour de lui. Il hocha négativement la tête comme si elle le verrait depuis le toit. Après un énième moment d'observation, il prit la parole d'un ton neutre :

    — Aucune idée. En vrai, j'pense pas. Le bleu gérait les listes. J'étais aux cams et Esma guidait les nouveaux dans les guérites au deuxième étage. Le groupe A est parti faire un dernier contrôle du côté nord-ouest. Un type aurait croisé deux potentiels contaminés dans un resto japonais. Ça va être un peu compliqué pour ce soir, quoi. Désolé. J'ai rien de mon côté. Tu... Tu voudrais peut-être que je vérifie les listes ? Ça me prendra un p'tit moment. À toi de voir.

À moi de voir, se répéta-t-elle. Jill passa une main agitée dans ses cheveux. À vue de nez, il lui faudrait au moins deux heures pour vérifier chaque nom.

Quelle idée de ne pas remplir les formulaires sur ordinateur, s'écria-t-elle en elle-même. Il était déjà plus de 16 heures 30. Ses craintes se rivèrent d'emblée sur la voisine de palier contaminée, mais qui restait chez elle.

Son petit-fils avait installé des sangles qui ne servaient à rien. L'an dernier, un voisin l'avait retrouvée à une heure du matin au rez-de-chaussée. Ce dernier avait été retrouvé sans vie. L'un des symptômes du virus étant les troubles de la conscience, la vieille femme ne se souvenait de rien.

Craignant pour sa vie et celles des autres, son petit-fils avait alors installé des chaînes-menottes. Cela faisait cinq mois qu'elle finissait toujours par ouvrir sa porte d'entrée après l'Heure de contamination.

Ses cris se mêlant au bruit des chaînes qui la laissaient marcher jusqu'à sa porte pouvaient être entendus chaque nuit.

Si Zoé et le bébé étaient restés dans l'appartement, vérifier leur présence restait une mission suicide. Jill projeta ses yeux dans le vague. Son pouls restait stable, mais ses paumes étaient moites. Elle se mordit la lèvre supérieure, puis la tira en arrière.

    — Dis-moi ce que je dois faire, Jill, relança-t-il.

Silence. Rien que le silence. Paire de jumelles dans l'autre main, son bon ami perçut le visage de Jill devenir bleu d'inquiétude. La voilà s'imaginer le pire scénario. Il abaissa la paire jusqu'à sa taille, puis se tourna vers les guérites de sécurité.

    — Zoé ! s'époumona-t-il quelquefois.

Aucune réponse. Dans la précipitation, Jill coupa l'appel et parcourut le toit à la recherche d'une réponse qu'elle ne voyait pas encore se démarquer dans cet essaim de pensées. De son côté, son bon ami marcha à grands pas jusqu'au nouveau gardien.

Comme si ce dernier connaissait la Zoé recherchée, il lui ordonna de la chercher parmi les citadins présents. Le bleu se figea dans l'incompréhension. D'un faux calme, il saisit son col et l'attira jusqu'à lui.

    — Tu passes d'étage en étage en appelant Zoé. Si t'entends quelque chose, tu viens me voir et me le dis. Simple. Pensée, action, résultat. C'est ce qu'on s'était dit avant la tournée de ce soir, pas vrai ? (Acquiescement) Pensée. Action. Résultat.

Rouge sur Noir (terminée)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang