Chapitre 4 - Nouvelle vie, où es-tu ?

17.2K 679 75
                                    

Victoria

Juillet, 14 mois plus tard

Après une énième porte fermée, je perds espoir. J'ai couru la ville pour le retrouver et pourtant je ne l'ai toujours pas trouvé. Avec un nom complet je ne pensais pas que j'aurais autant d'impasses. Son nom n'apparaît que sur quelques articles mentionnant un cabinet d'avocat réputé. Pas d'adresse de cabinet. Je n'ai rien. J'ai été voir tous les Aaron James de la ville mais rien. Je dois me faire une raison, je ne le retrouverais jamais. L'envie de m'effondrer me vient mais je ne peux pas le faire au milieu d'un parc avec mon fils. Alors je continue d'avancer, la poussette devant moi. Mon bébé gazouille dans sa couverture et je m'autorise une seule larme avant de lui sourire de tout mon être.

—Et bien petit gars, ce ne sera que toi et moi. J'abandonne.

Il y a cinq mois, quand Brian est né j'ai voulu le prendre dans mes bras avant que les médecins ne le confie à la famille d'adoption que je lui avais choisi. Malgré ma décision de le faire adopter, je n'ai pas pu me résoudre à le laisser quand ses petits doigts m'ont légèrement serré la main. Cela m'a brisé le coeur d'avoir créé de faux espoirs à Katherine et Thomas, qui attendaient depuis si longtemps d'avoir un enfant sans le pouvoir. Mais j'avais la possibilité de me rétracter durant les premières heures après l'accouchement. C'était la décision la plus facile à prendre de toute ma vie. Je me demande encore comment j'ai pu envisager une seule seconde de l'abandonner. Il est devenu la partie la plus importante de ma vie à la seconde où mon regard s'est posé sur lui. Brian Paul Miller. Son deuxième prénom est aussi celui de son père. Une des rares choses que j'ai pu apprendre sur Aaron pendant nos discussions cette nuit là était son deuxième prénom. Alors même si je n'ai pas pu lui dire qu'il avait un fils, j'ai voulu lui rendre hommage.

Dans ma nostalgie, je ne me suis pas rendu compte que je m'étais arrêtée en plein milieu de l'allée de Denny Park. Brian est enfin endormi. Je profite de cette minute de répit pour m'asseoir sur un banc et appeler Octavia. Sans elle je n'aurais jamais réussi à jongler entre la galerie et ma vie de maman. Je ne me voyais pas engager une nourrice pour veiller sur lui alors que ma grande soeur, déjà mère et parfaitement disposée à prendre soin de mon bébé était disponible. Elle travaille de chez elle depuis que ma nièce est née alors tout était parfait.

—Enfin tu m'appelles ! cri-t-elle à travers le combiné.

—Pourquoi est-ce que tu hurles dans mes oreilles ? râlais-je.

—Tu ne m'a pas appelée depuis deux jours ! Je me suis inquiétée pour toi et mon neveu. Il me manque ce petit monstre.

—Quelle drama queen, levais-je les yeux au ciel. Tu peux vivre sans nous pendant deux jours et puis je t'ai envoyé des textos. Tu n'étais pas sans nouvelles. Et ne traite pas mon fils de petit monstre !

—Ouais... Il ne dort jamais à la maison, on dirait qu'il s'amuse de pleurer toute la journée. Il aura ma peau un jour.

Je ricane devant son excessivité. Elle a toujours été comme ça, même quand nous étions petites. Elle était le centre de l'attention, toujours à parler et amuser la galerie et j'étais la gamine timide qui n'osait pas regarder les gens dans les yeux. Là où elle était sociable, j'étais réservée ; là où j'étais sérieuse, elle rigolait. Je n'ai jamais été dérangée, notre duo a toujours fonctionné comme ça. Après quelques mots concernant les prochaines gardes je raccroche le coeur plus léger. Les rires et les cris des autres enfants du parc me parviennent aux oreilles comme un écho distant. Je berce Brian pour éviter qu'il ne se réveille de sa sieste mais ma main s'arrête subitement.

Des pas lourds et bruyant résonnent derrière moi. Je me retourne mais ma tête me fait soudain souffrir le martyre. Je m'effondre sur le banc, les pleures de Brian remplissant l'air autour de moi. Avant que ma vue ne se floute à cause de la brutalité du coup que j'ai reçu à la tête, je vois des chaussures noires cirées. Mes yeux se ferment alors que je lutte pour les garder ouverts.

Un homme dangereux (en réécriture)Where stories live. Discover now