Chapitre 3 - Surprise

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Victoria

Quelques semaines plus tard, c'est-à-dire deux semaines, cinq jours et douze heures plus tard. Oui j'ai compté. Parce qu'il me manque. C'est tellement pathétique. Mais c'est la vérité. Nos conversations me manquent et c'est dur de ne pas penser à lui tout le temps. Le seul moment où il sort de mes pensées c'est quand je travaille à la galerie. Parce que quand je travaille, rien ne se met jamais en travers de mes pensées à part les peintres que j'ai à rencontrer et les affaires que je dois gérer. Mais de retour dans mon chez moi, je revois Aaron m'embrasser dans l'entrée et m'emmener dans ma chambre. Et je nous revoie prendre le petit déjeuner et discuter dans les couvertures. Arghhhh. Je veux juste passer à autre chose et ne plus penser à lui. Lui et sa foutu chemise blanche parfaite qui sent divinement bon et rangée dans mon dressing.

Je me lève pour une nouvelle journée, déprimée par le temps morose de Seattle et de mon esprit. Mon ventre me fait mal. Et je ne suis pas du genre à me plaindre au moindre truc, quand j'ai mal quelque part et que je le remarque assez pour me diriger devant la cuvette des toilettes c'est que quelque chose ne va pas. Je vomis mes tripes dans les toilettes de justesse. Je vomis, encore et encore et encore. Je me sens nauséeuse et patraque. Je me rassure en rappelant à ma tête que Seattle en mai n'est pas si chaud que ça et qu'il pleut sans cesse depuis quelques jours. Je me suis fait avoir par un rayon de soleil hier et j'ai sûrement attrapé un truc.

J'envoie un message à Molly en préparant mon café pour l'informer de mon état grippal. Elle me répond aussitôt qu'elle m'apportera une soupe spéciale ce midi. Trop mignonne même si je ne suis pas sûre de pouvoir avaler quoi que soit parce qu'une seconde après avoir senti la bonne odeur de café dans mon mug j'ai vomi, encore, dans l'évier de la cuisine cette fois. Bordel. L'odeur m'a donnée la gerbe. J'abandonne et retourne me coucher. Au début de l'après-midi, je me sens mieux. Etrange.

***

Aujourd'hui, je n'ai pas eu de problème quand je me suis levée. Rapport à la gerbe. Trop bizarre. C'est comme si je n'avais jamais été malade. J'ai décidé de prendre mon café à emporter pour ne pas être en retard au boulot. Je suis au téléphone avec ma grande soeur quand j'arrive au Starbucks et l'odeur de toute cette nourriture me met de nouveau mal. Et je commence à me poser des questions. Et plus mon cerveau mouline, plus je panique. Parce que j'ai vingt-cinq ans et que ça ne peut pas m'arriver. Je repensais à lui pour la première fois depuis avant-hier quand ma soeur s'est énervée de mon inattention envers elle.

—Vic, tu m'écoutes ou quoi ? s'énerve-t-elle.

J'ai la gorge nouée et des larmes commencent à perler au coins de mes yeux.

—Eh oh. Victoria Miller, réponds-moi !

—Je...

—Vic ? Vic qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète-T-elle soudain.

—J'ai. Octavia, je crois que...

—Tu me fais peur petite soeur. Qu'est-ce qui ne va pas ? Où tu es ?

—Starbucks.

Elle raccroche. Je sais qu'elle est en route et tout ce dont je suis capable c'est trembler. Je tremble comme une feuille. C'est pas possible. Je veux dire que c'est impossible que ça arrive. Physiquement impossible. J'ai le temps de me faire plusieurs scénarios inquiétant quand Octavia se gare en trombe et sort de la voiture, ahurie. Elle m'aperçoit, les larmes sur mon visage et elle me fonds dessus. Ses bras se referment autour de mes épaules et j'éclate en sanglot devant le putain de Starbucks, bondé à cette heure de la matinée.

—Tout va bien. Je suis là, murmure Octavia contre mon oreille, me caressant les cheveux.

Elle est tellement maternelle. C'est inné chez elle. Je suppose que c'est normale vu qu'elle est maman d'une petite fille trop mignonne. Lili est le rayon de soleil de tout le monde dans la famille.

—Alors, tu vas me dire ce qui t'arrive, demande-t-elle une fois montées dans sa voiture.

Je reprends mon souffle avant de prononcer les mots qui vont changer ma vie.

—Je crois que je suis enceinte.

***

Le docteur Tate, ma gynécologue, entre dans la salle d'examen avec les résultats de mes analyses de sang. Son visage est impassible et l'attente est interminable. J'ai déjà attendu une semaine car elle ne pouvait me prendre que aujourd'hui et je n'ai pas voulu faire de test de grossesse parce que ce n'est pas fiable, peu importe le nombre que l'on fait.

—Alors ?

—Vous êtes enceinte. De trois semaines et demie.

—Mais comment c'est possible, je prends la pilule.

—Ce n'est pas à 100% fiable et si vous ne vous êtes pas protégée durant vos derniers rapports le risque a augmenté.

Je reste interdite face au diagnostic. Je suis enceinte. Je suis enceinte genre un mini moi est à l'intérieur de mon ventre. A vingt-cinq ans. Je me retrouve toute seule pour élever un enfant dont je n'avais même pas pensé avoir avant mes trente ans.

—Nous allons parler de toutes les options, bien sûr, continue le docteur Tate avec son sourire bienveillant habituel.

—J'ai besoin de temps, pour intégrer. Digérer la nouvelle.

—Oui, évidemment. Je vais vous donner des brochures de chaque possibilité qui s'offre à vous et nous allons programmer un rdv dans une semaine, pour discuter de la situation ?

—D'accord.

***

De retour dans le bureau de la gynéco, j'ai eu la semaine pour passer en revue absolument tous les scénarios possibles. J'ai pris ma décision.

—Je veux le garder.

Un homme dangereux (en réécriture)Where stories live. Discover now