Chapitre 19 - A Pénélope Garcia

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Garcia était assise derrière ses écrans, faisant tourner un de ses crayons fantaisies entre ses doigts. Tout était noir, pas une seule image ne défilait devant ses yeux. Elle avait éteint tout son système une fois revenue à Quantico pour effacer les images d'Alicia et de sa famille, les traces de leur traque concernant Karl... Elle avait tout éteint mais elle savait qu'au moment où elle rallumerait l'ordinateur tout réapparaitrait. Il faudrait qu'elle ferme les fenêtres une par une. Donc il faudrait qu'elle les regarde une dernière fois.

Son regard se posa sur cette photo qu'elle avait toujours dans son bureau. Cette photo de son équipe, de ses super-héros, toujours vaillants. Elle la retourna dans un geste sec. Elle n'y arrivait pas, elle n'arrivait pas à croiser le regard d'Alicia, même sur une simple photo.

Ils avait d'abord perdu JJ à cause de sa mutation forcée. Maintenant Alicia qui perdait complètement pied avec la réalité. Garcia ne savait pas comment faire, devait-elle simplement rester là alors que ses amies, les membres de sa famille, s'éloignaient les uns après les autres ? Elle détestait le changement et chaque fois qu'on lui arrachait un proche elle avait l'impression perdre un de ses propres organes vitaux. Elle reposa son crayon en soupirant mais rapidement ses mains eurent besoin de s'occuper alors elle entreprit de faire un peu de rangement dans son bureau. Elle tria les dossiers et les papiers, et au milieu de tous les rapports et de ses notes elle retrouva l'enveloppe qui contenait la lettre qui lui était destinée. Elle se pinça les lèvres.

- Non... non, non, j'ai pas envie de la lire, se murmura-t-elle.

Mais, malgré elle, ses pas la ramenaient vers le coin du bureau sur lequel était posée la lettre. Elle soupira et se laissa tomber sur sa chaise.

Pénélope,

Je t'ai déjà dit que je t'aimais ? Petite Pénélope Garcia qui œuvre dans l'ombre et cherche à tout prix à nous aider à traquer les monstres tout en te protégeant derrière tes bibelots colorés et lumineux. J'ai toujours adoré ton bureau, cet espèce de sanctuaire dans lequel j'ai eu l'honneur d'entrer quelques fois. Et à chaque fois je me sentais protégée ici, il y règne un climat de bienveillance, un petit nid dans lequel tu cultives un univers décalé. J'adore ton petit amoncèlement de figurines, de plumes et de crayons lumineux. Quand j'étais enfant, j'étais fascinée par les illuminations, les étoiles, les scintillements... tout ce qui pouvait éclairer l'obscurité qui me terrifiait tant chez moi. C'est certainement une des raisons qui me poussent à aimer ton petit cocon dans lequel le moindre recoin est illuminé.

J'ai commencé par dire « petite Pénélope » mais j'ai tort, en réalité tu es l'une des plus grande d'entre nous. On le voit moins que chez les agents de terrain, mais tu subis les mêmes horreurs que nous, chaque victime est à tes yeux un sacrifice inacceptable et chaque vie sauvée est une bénédiction. Tu vois des monstres chaque seconde de ta vie, et tu penses que nous sommes les seuls à pouvoir les combattre comme il se doit. Cependant, sans toi, nous ne pourrions rien faire. Le profilage est une science essentielle pour pouvoir arrêter les tueurs mais sans tes multiples talents de magicienne de l'informatique, nous n'irions pas très loin. Tu es brillante dans ton domaine et tu es toujours si dévouée envers nous, à vouloir alléger notre charge de travail ou simplement à nous accueillir après une affaire difficile avec ton sourire et un verre à partager. Finalement, la super-héroïne de cette équipe c'est toi.

Ne crois pas ceux qui te disent naïve, niaise ou simple d'esprit, tu es forte, lucide et empathique. Et tu es une amie formidable qui veille à trouver ce qu'il y a de plus beau en chaque être humain et qui continues de croire en la bonté naturelle des hommes. Tes remarques grinçantes et pétillantes lorsque je décroche le téléphone vont me manquer. Merci d'avoir été cette étincelle qui continuait de briller même dans les nuits les plus noires.

Ne change pour rien au monde et continue de voir la beauté partout où tu passes,

Alicia.

Garcia sentit une larme couler sur sa joue. Elle ne put se résoudre à lâcher ce bout de papier, il représentait tout ce qu'il lui restait d'Alicia. Elle le retourna et ouvrit les yeux, surprise. Au dos de la lettre Alicia avait rédigé une autre note, de manière moins solennelle qu'avait pu l'être son précédent discours. « Ouvre le deuxième tiroir du meuble à l'entrée de ton bureau. Sous le dossier bleu. Je voulais te faire la surprise plus tard mais j'ai eu raison de m'y prendre en avance visiblement. » Garcia se releva et inspecta ledit tiroir. Elle y trouva un petit paquet entouré d'un papier rouge brillant, agrémenté d'un ruban doré et d'un petit « bon anniversaire » orthographié sur un autocollant dessus. Elle retint sa respiration et le prit délicatement dans ses mains, comme s'il allait s'effriter au moindre mouvement brusque. Elle se rassit et l'ouvrit lentement. A l'intérieur se trouvait une petite figurine de verre représentant un colibri sur un piédestal. Elle le caressa du bout des doigts, le verre était frais et lisse sous son contact. Elle le sortit de sa boîte et le plaça aux côtés de sa collection, devant son écran principal. Elle cala la lettre juste derrière. Elle croisa son reflet dans un des écrans d'ordinateur devant elle, se dévisagea. Ses cheveux toujours roux encadraient son visage aux traits tirés et ses yeux gonflés. Elle prit un post-it et griffonna dessus « appeler coiffeur – changement de couleur », elle l'accrocha sur son bureau et quitta la pièce. 

Profileuse [Esprits Criminels]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant