Chapitre I: Novossibirsk Partie 6

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C'était ainsi qu'il avait décidé de quitter cette ville au plus vite. Au il ne savait pourquoi, l'événement passé lui avait laissé le goût amer d'une colère désespérée, au premier obstacle il était tombé. Durant tout son trajet à pied il ne pouvait s'empêcher toute sorte de choses ; qu'il ne reverrait plus Donia, qu'elle n'avait plus envie de le voir, qu'il ferait mieux de tout oublier et fuir absolument. Pourtant, quelque part dans ces rues, elle se démenait afin de connaître les causes de ce déséquilibre si brutal sur la psychologie d'Artyom, mais nous anticipons. Il s'était rendu à l'appartement auquel il avait passé une soirée la veille, et fût accueillit par Sasha, qui semblait surpris de le voir si frais alors qu'il était encore tôt le matin, pour un lendemain de festivités agitées. Il attendit une quart d'heure avec lui, se lançant des discussions vagues, le malaise était tel que Sasha se mit à plonger dans la lecture d'un livre posé sur la table basse au milieu de vieux fauteuils dans lesquels ils étaient assis. Mais Sergeï qu'ils attendaient en fait depuis tout ce temps finit par arriver, et c'est alors que Artyom décrivit tout son sentiment d'intense confusion et son envie irrépressible de partir au plus loin d'ici. Il était comme un enfant, ne sachant trop pourquoi il voulait absolument lui dire tout cela, la seule raison valable étant leur discussion qui avait eu la veille. « Alors voici un billet de cinq mille roubles. Dit Sergeï avec un sourire bienveillant aux lèvres. Partez où vous voulez, prévenez moi et je prendrais la peine de vous rejoindre. »Ces mots avait profondément surpris Sasha assis dans un coin de la pièce et lança un regard illuminé, presque comique à son ami. Artyom s'élança en dehors de l'immeuble rejoindre son appartement et le quitter à tout jamais. Il prit le premier train pour Saint-Pétersbourg (même si en réalité il devait en prendre deux) ce qui lui fit dilapider entièrement son billet de cinq mille rouble plus une petite centaine qu'il mit de sa poche. Tout s'était passé si vite, il prenait du plaisir à ne pas perdre son temps. Il réussit à rallumer son téléphone dans le train, et fut inondé de message de Donia, qui s'étaient arrêtés depuis plus d'un jour. Tous les messages étaient un ramassis de question qu'il n'avait pas envie de lire. Cependant, un message envoyé depuis dix minutes attira son attention. C'était un numéro quelconque qu'il ne connaissait pas, mais il reconnut son identité dès la première lecture du message :« C'était une erreur, revenez immédiatement chez Sasha. »Au moment où il releva la tête de son écran, le train commença à se laisser glisser sur les rails. Il était dans sa cabine depuis des heures, la nuit venait de tomber et il plongeait de plus en plus dans une somnolence. C'était comme une chute dans un océan sans fond, les profondeurs oniriques ne pointaient pas le bout de leur nez. Alors qu'il avait ressenti une très forte exaltation en prenant ce train, tout avait changé, pris dans les filets de la réalité, il s'ennuyait à mourir dans sa cabine, n'en pouvait plus de penser, essayait de s'endormir en vain. Le fil de sa pensée se coupa net lorsqu'il aperçut une forme blanche passer dans le couloir du train qu'il apercevait à travers la port vitrée. Il lui avait semblé que une femme vêtue d'une ample robe blanche venue d'un autre siècle venait de passer. Il eu un réflexe stupide d'enlever furtivement ses lunettes, mais fini par les remettre sur son nez. Le train était on ne peut plus calme depuis quelques heures, la nuit était impénétrable dehors. Il se leva, et partit faire quelques pas dans le couloir, et il fit une découverte étrange. Tout le train était sombre, la lumière artificielle semblait fuyarde, au bout du couloir on ne distinguait rien. Et surtout ce calme qui occupait l'espace sonore, c'est à peine si on entendait le frottement des roues sur les rails. Puis les fenêtres qui ne laissait absolument rien voir du tout, pas un seul arbre à par ce noir perçant qui semblait coller aux vitres. Dans les autres cabines tout était vide, aucun passager ne semblait être à bord. Puis une toute dernière chose effraya Artyom pour de bon : la vitesse du train augmenta d'un coup, un son sourd vint couvrir l'ambiance sonore du train, et ses oreilles semblaient augmenter en pression, comme si le train avait prit une grande altitude en très peu de temps. Puis les lumière ne produisirent presque plus aucun rayon, c'était comme si Artyom devenait sourd et aveugle en quelques instants. Il se déplaça malgré tout dans le train à la recherche d'une explication. Passer au wagon suivant à l'aveugle fût une réussite, mais tout était noir, il ne savait même plus où était sa cabine. Au bout du troisième sas consécutif qu'il passait, il vit enfin une lumière au bout du couloir, et se réjouis profondément d'avoir recouvré la vue. Plus il s'approcha, plus des sons semblable à des festivités étaient audible, il semblait qu'on se donnait à une fête dans le wagon suivant. C'est alors que tout une scène surréaliste se déroula sous ses yeux. Le wagon-bar était bondé de gens habillés à la mode du dix-neuvième siècle, on servait le thé, des alcools variés, certains étaient assis au bar, d'autre jouaient aux carte dans un coin, ou encore parlaient debout un verre à la main, ne pouvant se mouvoir tellement il y avait de mondanités dans cet endroit. Artyom passa alors dans un état second, il vivait un véritable rêve éveillé, et en sachant trop pourquoi, il se mit au bar pour commander un verre d'une vodka anonyme qu'on ne lui fit même pas payer. Il commença à s'enivrer, et enchaîna directement avec un immense verre de bière, appréciant la gratuité des boissons. Alors officiellement éméché, on lui tapota sur l'épaule. C'était Stépanovitch, tout souriant qui pour une fois était dans son élément, tandis qu'Artyom lui était totalement étranger. Il lui fit découvrir quelques instants l'assemblée, et le fit asseoir à une table où l'on discutait de politique de manière assez décousue. On regardait le jeune homme comme un monstre, Stépanovitch souriait sarcastiquement en regardant son visage quelque peu déboussolé. Il y avait à la table un monsieur d'un certain âge, deux jeunes hommes habillés avec la simplicité de l'époque et une fille d'un vingtaine d'année qui semblait taciturne. « Je pense que si nous voulons changer ce pays, il faut le faire avec des pincettes, dit Stépanovitch sans entrée en matière. Ne pas reproduire ce qu'il s'est passé à Paris, c'est primordial, vous n'y étiez pas vous, en s'adressant aux jeunes gens. C'était si beau au début, les bourgeois quittaient la ville, le peuple parisien était représenté, et un vent de liberté planait, celui que je voulais retrouver en Russie, en ramenant les tracts de France. Une cinquantaine de jours plus tard, on marchait sur les cadavres, tout était fini. Si vous aviez vu la tête des parisiens en cette sombre saison... Ils pleuraient et disait que « si encore un bourbon se proposait à reprendre le trône de son palais posé sur les nuages de Versailles, il tirerait une balle dans la tête le jour même. » - Ne comparons pas ce qui est incomparable, rétorqua l'homme plus âgé. La Russie est immense, le Tsar mène le pays d'une main de fer même si le servage a disparu. Vous voulez un soulèvement à la fin de siècle ? Rêvez, rêvez, et revenez m'en parler au début du prochain. Je ne suis pourtant pas défaitiste, il s'agit de ne pas s'y prendre trop tôt, attendons que les ouvriers prennent clairement conscience de l'enjeu. Aussi, à nous de définir ce que nous voulons vraiment. La question du féminisme par exemple elle n'est pas très unanime sur les différents réseaux de province. - Mais elle est déjà toute réglée ! Voyez comment elles nous ont aidés durant le temps du soulèvement parisien...- Cessez vos remarques imbuvable sur votre commune ! Cria la jeune fille en frappant la table, qui visiblement contenait une rage prononcée sur Stépanovitch. Ce n'est pas une question de participation, ni même d'y laisser tous les droits fondamentaux pour mieux sucrer les droits moraux. Nous sommes oppressées jusque dans l'au delà par des lois cancéreuses qui son dans vos racines, des lois bourgeoises qui percent même notre idéologie ! La cause commune est très clair : l'équité pour tous, et aussi pour toutes ! Combien de femmes ont été enterrées par les manières que l'on nous enseigne déjà enfants. Savez vous que si je ne m'étais pas réveillé lorsque je me trouvais à l'université, je serais en ce moment même dans la ville la plus ennuyeuse dans l'ouest du pays à jouer du piano tous les dimanches pour un imbécile !- J'entends ce que vous dites, mais dites vous que cela changera, de mes mains et bien entendu, des vôtres. - Rien ne changera, même dans les mœurs, rétorqua Artyom qui avait fixé le sol tout le long de la discussion. - Mais peut-être mon cher avait vous une idée précise sur le féminisme ?Toute la table fixa Artyom un long moment, lui et son tee-shirt d'un autre temps, il ne savait que pensait l'assistance car cet anachronisme ne faisait que refléter une certain perplexité. - Je suis d'accord que l'homme a une certaine tendance à se figurer comme un être qui se doit de décider, poursuivit-il, de prendre le dessus sur les décisions humaines. On apprend au jeunes filles comment se taire, aux jeunes garçons à être les plus forts. Mais autant qu'il y a de femmes qui ne veulent pas se taire, il y a des hommes qui ne veulent pas s'adonner à une certaine virilité, et je en parle pas d'éducation pure : je veux parler de tout ce qui englobe la société. Moi même, j'ai observé toute ma vie, on ne m'a pas laissé le choix, je reste de toute façon de marbre face à toute remarque patriarcale. Parlons d'ailleurs de cela ; je me suis froissé à chaque phrase qui contenait une seule nuance de sexisme, et croyez vous que l'on m'a donné raison ? La société est pourrie de ce genre d'idées. Implicitement, si ce n'est explicite pour d'autres pays. Et voilà que je me soumet qu'on m'accuse de déviances sexuelles, qui d'ailleurs ne devraient en aucun cas être considéré comme des déviances. Artyom s'arrêta un instant, haletant suite à ses paroles, et avait l'impression de ne pas savoir trouver ses mots.- Non, la question féministe n'est pas réglée et paraît ressurgir dès qu'elle aboutit. »Ses mots semblaient avoir totalement dérouté l'assistance, il faut dire que Artyom s'était exprimé de manière très personnelle et avait parlé tel l'homme ivre qu'il était réellement.« Les hommes qui se disent forts ne sont que des hypocrites, et seules les femmes ont le mérite de reconnaître leurs faiblesses. Car nous sommes tous faibles, nous, c'est à dire l'espèce humaine.- Tout votre discours est ramassis de sottises venues d'une chiffe ! S'écria le vieux à sa droite. - Il est vrai qu'il transparaît peut-être plus par votre position que une réelle ambition politique. À moins que vous ne souhaitiez la gynarchie ? Demanda la jeune femme. Ces mot brouilla totalement Artyom qui ne savait que penser, si bien qu'il ne répondit rien. - Vous au moins vous vous fiez au sentiments, ce qui est rare chez l'homme. Tout au moins chez certains gredins ! S'écria-t-elle en s'adressant à Stépanovitch. Mais d'où venez vous donc ?- Dans un pays que vous ne connaîtriez pas même en ayant fréquenté la plus prestigieuse université »Artyom conclut ses mots en finissant son verre de bière qu'il avait descendu tout le long des discours. Il se leva dans la hâte, cherchant à fuir. Les paroles qu'il avait prononcé lui avait laissé un goût amer, il repensait à Donia, et avait besoin d'elle. Il commençait à sentir des larmes monter, il les cacha en sortant du wagon par la porte où il était entré. Il se retrouva de nouveau seul dans l'obscurité, et se prosterna dans le silence, le vide lui pesait, un vide dans son cœur, dans son esprit. Il remarqua alors qu'il ne marchait sur rien hormis le vide, et se contenta de son vol plané dans les ténèbres comme une maigre consolation de son manque de soumission amoureuse, qu'il désirait plus que tout. Sergueï avait décacheté une enveloppe qu'il avait reçu le matin même, mais qu'il avait totalement oublié d'ouvrir. Artyom était parti depuis une heure. C'est alors que Donia entra dans l'appartement qui était grand ouvert. Sergueï s'en étonna à peine.« Qu'est-ce que tu as fais à Artyom ? Dit le moi avant de perdre mon sang froid. - Ne t'en fais pas, il part loin de toi, dans une autre contrée. Sois tranquille, il ne reviendra pas.- Quel abominable homme tu es ! Il est tellement instable qu'il avalerait toutes les sottises que tu déblatères chaque jour ! Pourquoi a-t-il perdu la mémoire ? Sergueï finit par lâcher son air ironique et parut d'un seul coup très sérieux.- Je n'en sais rien, laisse moi le découvrir et faire mon travail. D'ailleurs cesse de fouiner ici, ce n'est pas un homme que tu dois aimer c'est un sujet qui a de graves problèmes et cours après le danger en essayant de te revoir. - C'est toi qui va le mener à la mort, je ne lâcherais rien, et je cours le rejoindre, je finirais par savoir où tu lui as donné l'idée de partir ! »Sergueï fit la haussa les sourcils lorsque Donia quitta la pièce après avoir prononcé son ultime phrase et décacheta enfin sa lettre. Le courrier avait tout de menaçant et ne contenait que quelques phrase :« La chose a été lâché dans la nature, vous devez la ramener immédiatement. Peut-être un lien avec le sujet que vous avez croisé ? Réfléchissez. »Le visage de Sergueï se décomposa, et le seul réflexe qu'il eût fut de courir stupidement vers la gare, alors que Artyom s'était déjà installé confortablement dans son train.

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⏰ Ostatnio Aktualizowane: May 04, 2021 ⏰

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