𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝒔𝒊𝒙

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Point de vue : Eden Williams

J'étais petit, sûrement naïf, mais certainement pas débile.

Je me souviens de tout. Et pourtant, je n'ai pas l'intelligence, ou la mémoire, de mon père, ni ceux de Maman.

Mon Papa, ma Maman, ou ceux qui ne l'étaient pas. Je le savais, et malgré ça, je l'imaginais sans peine, enceinte de moi. Et lui, qui touchait son ventre rond, pour ressentir mes coups de pieds.

Il devait être 14 : 00, nous étions trois chez la baby-sitter : Henry, une petite fille d'environ un an, et moi. C'était l'heure de la sieste d'Angelina, mon meilleur copain et moi sommes restés seuls dans le salon en attendant.

Et comme tout autre enfant de notre âge l'aurait fait, nous avons piqué la télécommande et nous avons appuyé sur le premier chiffre.

- C'est ta Maman ! s'est écriée Henry en désignant l'écran.

Il y avait une photo d'elle, elle ne souriait pas, mais restait incroyablement belle.

Je me souviens qu'un jour, j'avais demandé à Papa pourquoi est-ce que ses yeux brillaient. Il m'a répondu que c'était elle, qui l'éblouissait de son sourire.

Il était différent, Papa.

« - Tu as su m'aimer malgré ce que les gens pensent de moi, malgré ce que je suis »

C'est ce qu'il avait dit dans sa demande en mariage, et je n'avais pas compris. Qu'était-il ? Pour moi, il était un père exceptionnel. Et pour rien au monde, je n'en aurais voulu un autre. Ce soir-là, il a accepté d'être câliné par des dizaines de personnes, porteurs de milliers de bactéries. C'était quelque chose qu'il n'aimait pas, disait-il. Les seuls contacts physiques qu'il acceptait étaient les miens et ceux de Morgan, lorsqu'il était triste ou, au contraire, tellement content qu'il se devait de partager cette joie. Tandis que ceux de Maman, il en avait besoin et envie.

- Tu m'étonnes, avait rigolé Derek quand je lui avais raconté.

Je n'ai toujours pas compris en quoi le fait que Papa est envie de Maman était drôle. D'après Tonton, je comprendrais quand je serais plus grand. J'ai demandé à ma maîtresse, elle m'a regardé bizarrement.

Bref, j'avais demandé à Papy Aaron de m'expliquer, qu'est-ce que ça voulait dire : « - [...] malgré ce que je suis » ?

Vraiment, il y a trop de choses que je ne comprends pas.

- Les gens sont mauvais, méchant, m'avait-il répondu en se plaçant à ma hauteur. Ton père a toujours été intelligent, bien plus que les autres. A cause de ça, quand il était petit, les enfants lui ont fait des choses. Des choses que ton Papa ne méritait pas.

- Et des choses, que si n'importe quels autres enfants ose te faire, je lui botterais les fesses en deux minutes, rajouta Dylan.

- J'étais différent, et le resterais, a conclu Papa avec un faux sourire.

- Parce que tu crois vraiment que je veux d'un meilleur ami banal ? est intervenu Tonton en passant son bras au-dessus de ses épaules.

- Tu aurais sûrement voulu qu'il ne parle pas comme une encyclopédie sur pattes, ni qu'il soit autiste et peut-être schizophrène, répondit-il en rigolant.

Il rigolait, mais semblait avoir une irrésistible envie de pleurer.

- Parfois, peut-être. Parce que j'en ai marre de passer pour un débile. Mais, je te regarde, et je me dis que je n'aurais pas pu avoir un meilleur petit frère ou un meilleur coéquipier que toi, Dr. Spencer Reid.

Un S pour Spencer [TOME 3] [EN PAUSE]Where stories live. Discover now