chapitre neuf

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« Le lendemain de l'orage, j'ai pas perdu la mémoire,Et c'est bien l'heure de faire le ménage près de moi

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« Le lendemain de l'orage, j'ai pas perdu la mémoire,
Et c'est bien l'heure de faire le ménage près de moi. »

Un lendemain difficile, Neptune se réveillait, la tête lourde et les pensées sombres, comment avait-elle pu ignorer la douleur de Baptiste jusqu'à ce point de non-retour ? Elle se demandait si les anges l'entendaient, elle qui n'était pas venue sur Terre pour faire semblant. Elle lui avait tout dit en face, peut-être qu'elle lui avait fait du mal, c'est vrai, l'asiatique n'était pas la plus douce dans ses paroles ni dans ses gestes, elle détestait avoir tort mais par-dessus tout souffrir inutilement, mais elle se faisait du mal à elle-même sans même sans apercevoir. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait cela, c'était bien plus fort qu'elle, même quand elle était seule elle cherchait inexorablement quelqu'un pour la guider. Les chemins de la vie sont parfois impétueux et dangereux, mais celui qu'elle avait emprunté était le pire de tous, c'est comme s'il était bien trop escarpé et mortel. Neptune avait bien compris qu'elle ne reverrait plus jamais Baptiste, alors assise une fois de plus sur son pauvre balcon, elle se plongeait dans l'alcool et la drogue, seul moyen d'oublier ses faiblesses et ses échecs, ses erreurs et ses terreurs. Elle ne pouvait s'empêcher de réfléchir et les réponses à ses questions lui apparurent, déjà qu'elle s'empêchait de vivre, quand Baptiste était là c'était pire, ça avait toujours été pire avec lui. Quand ils se revoyaient ce n'étaient que la tristesse et la désolation qui en ressortait, jamais d'amour et de passion, un lien charnel dévastateur. Cependant de nouvelles questions germaient dans son esprit : pourquoi ne pensait-elle qu'à se défoncer ? Pourquoi n'arrivait-elle même plus à prononcer le prénom de celui qu'elle a tant aimé et détruit ? Elle avait bien mal, cela tout le monde le savait, elle se détestait, elle avait déjà renoncé, mais cela, elle ne l'avait dit à personne pour ne pas les inquiéter. Elle tirait une fois de plus sur son joint de beuh, la drogue ça n'avait jamais réussi à la rendre heureuse, ça elle le ressentait un peu, mais elle s'en fichait éperdument, elle n'essayait même pas d'arrêter, pour elle, c'était comme une échappatoire à cette vie sans saveurs.

Pourquoi elle fuyait ? Pourquoi faisait-elle semblant de rire ? Ce serait mieux si elle se taisait si à chaque fois qu'elle parlait, elle se contredisait, mais ses cordes vocales déployées laissaient passer un rire fou à lier dans le reflet de la nuit qui défilait. Les étoiles semblaient la juger, incroyable comme une si petite femme pouvait à ce point contenir tant d'énergie et d'émotions négatives. Elle était une de ces femmes que l'on évite mais que l'on essaie d'apprivoiser pour se sentir fort et vainqueur. Seulement, ce soir-là, accoudé à la barre horizontale du garde-fou, elle ne pouvait s'empêcher de rire et de hurler, laissant les voisins perplexes face à tant de démence et de folie passagère. Pourquoi l'aimer pour ce qu'elle était, si elle-même ne savait pas ce qu'elle était ? Qui était-elle ? Une femme dont la vie à briser les rêves et les désirs ? Une femme dont le cœur est plus noir que le charbon et le pétrole ? Une femme ayant trop souffert d'une absence abstraite ? Toutes ces questions tournaient en boucle dans sa tête, comme une mélodie acharnée à la faire souffrir, encore et encore, toujours plus forte et insoutenable, jusqu'à ce que le point de non-retour fut atteint. Neptune passa une jambe par-dessus de garde-fou, puis une deuxième, elle voulait en finir, les démons dans son esprit lui hurlaient de sauter dans le vide, est-ce que la chute ferait mal ? Ou le plus douloureux ne sera que la redescente dans une vie encore plus gâchée que la veille ? Elle était tellement faible qu'elle oubliait, elle était tellement faible qu'elle se bousillait. Neptune n'était que l'ombre d'elle-même que même les réverbères ne pourraient faire disparaître.

La belle brune se laissait tomber, du bon côté du balcon, elle ne pouvait pas sauter à cause d'un homme qu'elle n'aimait pas réellement. Du moins, c'est ce qu'elle essayait de se persuader, parce que Neptune savait très bien que tout cela n'était que des foutaises, elle était folle amoureuse de Baptiste. Folle, c'était le mot, elle ne pouvait s'empêcher de penser à tous les moments qu'ils avaient passé ensemble, elle regrettait déjà de ne lui avoir caché la vérité sur ses sentiments, l'asiatique commençait à se tirer les cheveux, cette situation la plongeait dans une crise de démence qu'elle ne pouvait contrôler. Son rire emplit l'intégralité de son appartement et ses tremblements et ses spasmes se mélangèrent à son sourire effrayant et à ses pleurs déchirants. Désespérée, elle était désespérément seule, se laissant consumer par ses émotions dévastatrices, Neptune ne pouvait plus penser correctement, comment allait-elle se sortir de cette mauvaise passe ? Elle n'en savait rien, ce qu'elle savait c'est que cet épisode de folie passagère était un avertissement au retour de ses démons qu'elle avait enfoui en elle il y a tant d'années, Baptiste avait ravivé les souvenirs d'enfance que la jeune femme aurait préféré oublier à jamais. Et la seule chose qui brisa le silence de cette fin de nuit, à cinq heures du matin, furent les sanglots de Neptune déchirant le ciel étoilé de cette fin d'été.

cinq heures du matin | LOCKLEAR ✓Where stories live. Discover now