chapitre quatre

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« A l'heure où j'écris ces mots la nuit a tué le jour,Dispersant dans les cieux des morceaux de soleil éparpillés partout

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« A l'heure où j'écris ces mots la nuit a tué le jour,
Dispersant dans les cieux des morceaux de soleil éparpillés partout. »

Les premiers rayons du soleil tapaient contre les carreaux, s'échouaient sur le visage endormi de Neptune, la jeune femme ouvrit délicatement les yeux, battant des paupières pour chasser la désagréable impression d'avoir pleuré jusqu'au bout de la nuit. Les draps blanc immaculé étaient salis par le noir qui avait coulé la veille, l'asiatique se leva et partit loin de cet endroit lui rappelant douloureusement à quel point elle avait échoué avec le brun. Son téléphone vibrait dans sa main droite mais elle tentait de l'ignorer, elle savait déjà que ce n'était pas un message de l'homme qui l'avait envoyé dans les plus profonds trépas de la peine. Sa jeunesse, secouée par de violents orages, n'était, depuis bien longtemps, plus traversée par de vibrants soleils, à l'instar de tout ce qu'elle renvoyait, la jeune femme n'était plus que triste âme perdue et détruite. Son cœur accueillait des vagues qui formaient des secousses dès qu'elle le voyait, comme ce jour-là, où elle maudit silencieusement son métier de photographe, mais elle ne pouvait faire marche arrière, elle ne voulait pas paraître pour ce qu'elle était vraiment, une petite fille fragile et en manque considérable d'attention. Attirée par un train qui prenait la mauvaise direction, par des lèvres qui ont le rouge de mille démons, oui elle l'aimait, sans aucun doute elle en souffrait, mais elle faisait abstraction de tout ce qu'elle pouvait bien ressentir pour ne se concentrer que sur l'objectif. La matinée s'acheva lentement et elle se mit à marcher dans la ville lumière qui avait taché son âme d'un sombre noir inquiétant. Elle planait près des rues qui étaient pavées de leurs brefs échanges, quelques fois elle espérait recroisait soit lui soit son rêve étrange. Neptune croisait les regards des passants, mais elle leur trouvait plus grand chose, comme si elle était devenue aveugle après cet homme lui ayant brisé le cœur si facilement.

Tous les mots qu'elle n'avaient pas su dire formaient de silencieux incendies, hauts comme des sommeils qui viennent dévaster une part d'elle. Neptune le savait, elle devait penser moins à jadis et allait plonger dans d'autres abysses mais c'était plus fort qu'elle, elle n'arrivait pas à se détacher du souvenir flou d'un homme l'emportant dans les mers amoureuses le temps d'un instant. Comment avait-elle fait pour confondre le poison et l'antidote ? L'amour, le sérum et le venin, car elle aimait souffrir plus qu'à l'accoutumée. Parfois, l'envie de boire assez de vin pour se débarrasser de ses souvenirs embarrassants vient la prendre et l'embrasser, mais la plupart du temps elle y fait abstraction pour ne pas tomber dans le plus profond de l'abysse de la tristesse et de la honte. Elle se rappelait encore ces longues nuits chaudes, de ses vas-et-viens enivrants, elle se rappelait encore très bien ce qu'elle ressentait en ces instants de pur bonheur. Quelques fois, après leurs ébats, elle fumait une cigarette avant de se blottir dans les bras si réconfortant de son amant d'une nuit, comment avait-elle fait pour laisser tomber ses barrières sentimentales ? Ou plutôt comment son regard sombre avait fait disparaître toutes ses incertitudes ? Quelques fois, Neptune cherchait à retrouver le parfum du brun sur un passant qu'elle ne reverrait jamais de la nuit, peut-être même de la vie, mais elle échouait à chaque fois, comme si même cette recherche était vouée à l'échec.

La jeune femme cherchait à s'enfuir vers l'inconnu, vers des rêves ensoleillés que l'on ne peut faire que la nuit, sa raison s'était fait empiéter par un troupeau de sentiments qu'elle ne pouvait décrire que comme néfaste et sans saveurs, mais elle se laissait aller sous ces émotions qui la portaient comme le vent pousse les voiles d'un bateau. Elle aimerait le revoir, sans dire adieu, comme pour se rappeler qu'avec lui, c'était fou comme elle aimait rire. Elle se souvenait des nuits où ils parlaient jusqu'à l'aube, où elle l'écoutait comme si c'étaient les derniers mots qu'il prononçait. Cela avait été le cas, désormais, il ne lui adressait plus la parole, et c'est seulement le sourire nostalgique qu'elle revêtait tard le soir, au moment où les étoiles brillaient nonchalantes, qu'elle se souvenait de ce fichu détail douloureux. Des longs pleurs durant le jour, une danse infatigable la nuit, voilà pour Neptune ce qu'était la signification du verbe oublier. Quand son regard se perd dans l'immensité du ciel noir, qu'elle y plonge pour dilater le temps, elle sommeille doucement entre rêve et passion, à se souvenir de leurs brefs échanges et de leurs deux corps qui se donnaient entièrement à l'autre. Finalement, l'asiatique ignorait encore une fois son mal-être et se mit à rêver silencieusement d'une vie plus belle et plus douce, où ils s'aimeraient encore toute la nuit, un monde où il n'aurait jamais claqué la porte de l'appartement de la jeune femme sans un mot, sans même se retourner. Elle voulait simplement le retrouver, parce qu'après tout, Neptune voulait simplement être aimée.

cinq heures du matin | LOCKLEAR ✓Where stories live. Discover now