chapitre trois

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« Tu peux faire le bien avec un regard, le mal avec un silence

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« Tu peux faire le bien avec un regard, le mal avec un silence. »

Neptune entendait la pluie frapper sur la fenêtre, sa tête posée sur des plumes d'oie comme une reine, le corps bien au chaud sous la couette et la tête du bon côté de l'oreiller. Elle avait mis quatre sonneries, chacune à sept heures, sept heures cinq, sept heures dix et sept heures quinze, mais elle était bien réveillée depuis plus de quarante-cinq minutes. Son regard tombait sur le cendrier, elle attrapait le reste d'un joint de beuh, regardant la fumée atteindre lentement le plafond déjà jauni. Les secondes devenaient élastiques, toutes les journées se ressemblaient et l'asiatique n'arrivait plus à faire la bonne part des choses, devait-elle se battre pour aller mieux ? Ou tout laisser tomber avec l'espoir que cette douleur qui lui brise l'esprit et le cœur s'apaise avec le temps ? La jeune femme lâchait la pièce du regard et ancrait ses deux prunelles brunes sur le réveil qui indiquait huit heures vingt-cinq. Elle était en retard et au lieu de se lever, elle prit son téléphone et envoya un message type qui disait qu'elle avait la grippe. Elle ne voulait pas se réveiller de cette transe dans laquelle elle était plongée depuis quelque temps, la beuh et l'alcool de la veille l'avait mise dans un état lamentable, mais pas plus que quand elle était sobre. Son téléphone sonnait, elle ne voulait même pas savoir qui l'appelait, elle fermait les yeux dans l'espoir d'enfin s'endormir, mais ces pensées éprises de mal lui faisaient un tel mal de crâne qu'elle laissait un soupir passé la barrière de ses lèvres avant d'enfin sortir de son lit. Le carrelage était glacé, le radiateur gelé, elle frissonnait avant de se lever et de partir le pied las vers son salon.

Et si tout ça n'était qu'un rêve, le fruit de son imagination ? Que sa douleur ne soit qu'en fait une folie désespérée qu'elle avait inventée après sa rupture ? Plus elle y réfléchissait, plus la vie et son charme se noyaient dans une douce illusion torturée. Quelques fois, elle rêvait le temps d'une vie car de son point de vue la réalité était décevante. Comment retrouvera-t-elle la lumière du jour qui l'éclaboussait, ces rayons qui lui chuchotaient que jamais elle n'avait souffert, comment pouvait-elle si prendre pour faire de ses propres souvenirs autre chose ? Les belles brûlures qui ravageaient son âme la faisait plus que souffrir, elle repensait au brun, à son regard magnétique et tous ses mots consolants, et sans le vouloir elle se demandait s'ils n'avaient été que des illusions. A trop se poser de question, elle finit par en perdre la raison, la jeune femme décidait donc de s'enfermer dans son appartement, à vouloir oublier toutes les pensées qu'elle avait amassé depuis quelques heures. Elle prit entre ses doigts fins un joint de beuh et se mit à fumer, se détruire était pour elle le seul remède à son mal-être. Neptune essayait de crier, essayait de hurler sa douleur, extérioriser sa peine et ses angoisses, mais elle n'y arrivait pas, c'est comme si sa voix était coincée au plus profond d'elle-même. Si elle pouvait laisser libre à ses pulsions, elle peindrait sur une fresque élevée ses séquelles. Il fallait qu'elle se ressaisisse avant qu'elle ne devienne un vrai squelette, la jeune femme se laissait dépérir, avant elle riait de l'inconnu, elle était plus belle, plus forte, mais depuis quelques temps, elle se laissait aller, les clavicules marquées, les côtes apparente, elle n'était qu'un amas d'os possédant un minime couche de peau blafarde. Fuir la nature immatérielle, ce n'était pas sûr qu'elle puisse.

La vie lui avait passé autour du cou un collier invisible, comme pour lui rappeler qu'elle ne pouvait être libre, qu'elle était l'esclave de ces moments douloureux. Elle restait seule, comme une entrave dans un monde violent, elle n'était plus qu'un reflet avec des penchants suicidaires. Elle se détruisait au détriment de sa propre vie, elle essayait d'éduquer sa peur, quelques fois elle étouffait, elle sombrait dans cette angoisse incessante, elle devait se reprendre, mais tout cela était plus facile à dire qu'à faire. Dans ce monde elle n'était qu'une infime parcelle, ressentait-elle l'inertie ? Il était difficile de se sentir vivant dans cette noirceur étouffante, comme si le moindre mouvement pouvait détruire tout ce que l'on avait construit pendant tant d'années. C'est comme si, après avoir tant fumé, Neptune sentait la redescente de l'adrénaline, il pleuvait des larmes dans des prisons de regret, la sienne, c'était son esprit, dont elle ne pouvait s'échapper, elle n'arrivait plus à penser correctement, comme si désormais elle était le pantin désarticulé de ses propres démons. Quand les nuits sont froides, les jours monotones, qu'elle a les yeux pâles et le cœur embrasé, elle repensait à sa vie d'avant, ses souvenirs d'enfance, et elle tombait encore un peu plus dans cette douce folie, la tuant petit à petit. Dehors la pluie tombait, raccord à son humeur maussade, elle avait juste envie de dormir et d'oublier.

cinq heures du matin | LOCKLEAR ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant