2-Rose Bonbon (2/2)

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— Tom, regarde-moi, il faut que tu te calmes !

Une chance pour elle que le vampire soit l'un des plus mesurés de son espèce ou la vie de l'humain — voire même celle de la fée — se serait alors vite écourtée. La porte éclata en envolée de débris sous la force du buveur de sang qui, sans y réfléchir à deux fois, s'enfuit.

— Vous connaissez ce... monstre ou peu importe ce que c'était ? Un psychopathe ou... un échappé d'asile peut-être, balbutia l'humain, encore sous le choc.

Le front de Lizzie se plissa. Monstre ? Même les pires ombrumes, aussi dangereuses soient-elles, comme les gorgones ou les harpies, ne se trouvaient pas affublées de ce nom peu flatteur. Alors, c'était ainsi que les humains les voyaient ? Pour Lizzie qui espérait que ces rumeurs ne fussent que d'odieux préjugés dignes du Moyen-âge, cette première impression la refroidit brutalement.

— Ce n'est pas un monstre !

— Il m'a blessé ! protesta-t-il.

Il ignorait avec quelle technologie ou maquillage, il était parvenu à ce résultat — puisqu'en aucun cas il n'acceptait de croire en l'existence de créatures mystiques — mais c'était terrifiant. Les yeux rouges, son teint cadavérique et ses horribles canines tranchantes lui revinrent en mémoire : il en frissonnait encore.

— Ce n'était pas lui. Il était avec moi, et même sans ça, Tom ne pourrait pas faire du mal à qui que ce soit.

Sauf pour me protéger. Lizzie en avait conscience : le vampire prenait très à cœur son métier. Elle s'en voulut un peu de ne pas l'avoir écouté à l'instant. Son insouciance frôlait bien trop souvent l'égoïsme et, bien qu'elle se jurât chaque hiver de faire des efforts, le naturel revenait bien souvent au galop jusqu'à ce qu'il ne soit plus que l'heure des regrets.

— Un autre vampire a dû vous mordre, poursuivit-elle d'une voix plus calme. Montrez-moi, je vais vous soigner.

Il releva un sourcil, incrédule.

— Vous avez des pansements sur vous ? Du spray antiseptique ?

À vrai dire, l'humain n'avait que brièvement observé les lieux mais mis à part du sucre, des fenêtres en guimauve et un peu de chocolat, rien ne lui inspirait vraiment confiance. Un chaudron rouillé, vide de toutes soupes ou solutions capta son attention : qui pouvait habiter cette étrange cabane ? Peut-être était-il tombé dans le studio d'une mauvaise adaptation d'Hansel et Gretel avec l'apparition de la fée Dragée et d'une pâle copie de Dracula en prime ? Quel curieux mélange.

— Je suppose que non, répondit Lizzie, coupant ainsi court à ses réflexions. Mais j'ai passé ma tulipe rose en soin, il y a quelques années. Alors, je devrais pouvoir refermer ces plaies.

Ce fut au tour de l'humain de douter. Il avait accepté sans problème le déguisement de la jeune femme, mais ne pensait pas qu'elle était mentalement instable au point de se faire passer totalement pour son personnage. Sur qui était-il tombé ?

Était-elle actrice ? Non, dans ce cas des caméras tournoieraient tout autour d'eux comme des vautours. Un délire de secte ou un jeu de rôle bien trop poussé à son goût ? Il envisagea un instant ces idées avant de réaliser que ce genre de réunions ne se tenait jamais avec si peu de monde.

Et puis pourquoi lui ? Pourquoi l'avoir coursé et attaqué à travers la forêt ? Pourquoi s'était-il retrouvé dans un méli-mélo d'arbres en se souvenant n'avoir jamais quitté les murs de son appartement ? Non ! Décidément, rien n'avait de sens, ce soir. Soudain, une brise fraîche le sortit de ses songes.

Quelle fut sa surprise lorsque la main de la jeune femme, agrémentée de poussière dorée, effaça sa blessure comme si elle n'était plus qu'un simple trait de crayon à papier.

Rose framboise (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant