2-Rose Bonbon (1/2)

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— Tu en es sûre ?

La jeune fée se pinça machinalement les lèvres pour ne pas laisser éclater sa joie. Tom et elle s'étaient suffisamment éloignés pour qu'aucun vampire trop curieux ne les espionne. À cette heure-ci, la plupart des autres créatures dormaient à poings fermés ou restaient cloîtrées entre les épais murs de leur logis, de peur de perturber le silence nocturne. Ce paisible calme s'offrant à eux, ils le brisèrent.

— Les moustiques ne peuvent pas transporter autre chose que le sang, mais d'après ce que j'en ai lu, le portail ne se referme que cinq secondes après leur passage. C'est déjà arrivé par le passé, alors cela a pu recommencer. Un humain est ici !

L'enthousiasme de Lizzie se reflétait autant dans sa voix que dans ses pupilles, bordées de rose.

— Et donc, tu suggères qu'on aille le chercher pour le livrer à un souverain ? supposa Tom d'un air plutôt sceptique. Ça ne serait pas plus simple de prévenir directement le roi des vampires qui ferait intervenir la garde de ma.. ?

— Non surtout pas ! s'opposa-t-elle vivement. Ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de rencontrer un humain. Je veux savoir comment il vit, ses habitudes, à quoi il ressemble...

Voyant son ami peu convaincu par cette petite aventure nocturne, elle ajouta :

— Allez, s'il te plaît, Tom ! Tu ne seras pas obligé de m'accompagner jusqu'au bout, simplement me dire où il se trouve, grâce à ton flair Lé-gen-daire !

Un petit battement de cils conclut sa tirade.

— Ce n'est pas un jouet, Lizzie, soupira-t-il.

— S'il présente le moindre danger, on l'attachera à un poteau.

Devant ses yeux et son sourire d'angelot, le vampire céda. De manière générale, Tom arrivait difficilement à dire non à qui que ce soit, et encore moins lorsqu'il s'agissait de sa petite Lizzie. Bien sûr, l'idée de la laisser seule dans sa quête à l'humain ne lui effleura pas même l'esprit.

— En revanche, dès que tu as toutes tes réponses, on le ramène à un roi, d'accord ?

Trop heureuse, elle hocha la tête, déposa un bisou doré sur la joue du vampire, ce qui colora promptement ses iris noisette, et s'enfuit déjà à toutes ailes. L'humain ne devait pas être bien loin si personne d'autre que la petite fée n'avait trouvé le carnet de cuir. Tom utilisa son flair, sentant au bout de quelques minutes l'odeur alléchante du sang frais. Leur fugitif était blessé, apparemment. Il décupla sa vitesse, le regard rouge, luttant pour ne pas fondre sur sa proie dès lors qu'il la trouverait.

Un gémissement plaintif arrêta sa traque. Il l'entendait, son souffle saccadé provenait d'une petite maison en pain d'épices. Couverte de glaçage bleuté et de boules de gomme aussi colorées qu'un sapin de Noël, Tom ne comptait plus le nombre d'enfants ombrumiens qu'il avait vu tourner autour de cette maisonnette.

Heureusement, cette nuit, personne ne semblait s'en approcher. La pleine lune devait jouer, sans doute. Devant la façade brune et parfumée, Lizzie sautilla d'impatience, déjà prête à ouvrir la porte. Mais avant qu'elle n'esquisse le moindre geste, le jeune vampire la retint avec douceur par le bras.

— Je passe le premier, on ne sait pas s'il est dangereux.

Tom semblait souvent considérer la petite fée comme une fleur fragile, ce qui était en partie vrai puisque ces créatures naissaient des premiers bourgeons de printemps.

— Je ne suis plus une enfant, grommela-t-elle.

— Peut-être mais tu es sous ma protection.

En plus d'être un ami dévoué, Tom occupait le poste de garde du corps de Lizzie. Si choisir un vampire pour cette tâche pouvait  paraître absurde, c'était, au contraire, une action totalement réfléchie pour l'impétueuse petite fée qui ne dormait jamais.

Rose framboise (terminée) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant