CHAPITRE 48

Depuis le début
                                    

Pour toute réponse, il hocha la tête, une expression lasse collée au visage.

Me levant, en faisant le moins de bruit possible, je fis mon chemin vers la porte d'entrée, afin de partir définitivement de cet appartement.

Alors que je refermais derrière moi, j'entendis de simples mots, à peine audibles, qui me firent comprendre que ma décision était finalement la bonne :

- Fais attention à toi, l'ange.

Fixant la porte, désormais close, je me fis une promesse, une lourde promesse.

Je ferais tout pour qu'il ne leur arrive rien, ni à l'un, ni à l'autre, ni à quiconque comptant pour moi. Je ne laisserais personne rejoindre Addison autrement que si ce n'est de façon naturelle, n'impliquant aucunement ces foutus guerres de gangs.

Même si l'une me haïssait, et me souhaitait les pires atrocités, et que l'autre était déçu de moi, ou rejetait mes façons d'agir, je ne pouvais me résoudre à les laisser, à me détacher d'eux, d'où mon désir de les garder à bonne distance de ma personne.

Après avoir dévalé les escaliers de l'immeuble des Tyree, je dû faire face à la noirceur tombée sur la ville. Ainsi, entourée par les bruits familiers de la Cité des Anges continuant à vivre malgré la nuit, je vissais mes écouteurs dans mes oreilles, me dirigeant avec lenteur chez moi.

***

- And everything is not the same now.. It feels like all our lives have changed..
(Et plus rien n'est comme avant.. C'est comme si nos vies étaient bouleversées..)

La voix douce de Justin Bieber dans les oreilles, je fredonnais les paroles de l'une de ses nouvelles chansons tout en avançant dans la pénombre d'une ruelle.

Lonely.

Seul.

Bien sûr que je me sentais seule, en plus de l'être à l'instant même.

Mais, au fond, qui ne se sent pas seul ? Qui ne se sent pas, un jour, incompris de tous ?

Keith, ce soir, m'avait aussi avoué, à sa façon, qu'il se sentait seul. Et je l'avais laissé, mais je ne devais pas oublier que c'était pour lui, pour que sa vie soit celle qu'il mérite.

Les paroles de Skaï, quelques instants plus tôt, me frappèrent à nouveau de plein fouet :

"Tu mérites de finir dans le même état que lui, cette nuit là."

Oui, je le mérite pleinement. Mais il est hors de question que lui revive une situation similaire.

S'éloigner, pour protéger.

Finalement, la décision du clan, des garçons, quelques mois plus tôt, me paraissait moins dure, moins mauvaise, plus compréhensible, plus acceptable. Qui sait ce qui se serait passé s'ils étaient restés, si nous avions gardé contact, si j'avais su où ils étaient au moment même ?

Il faut parfois blesser, pour protéger.

Attrapant mon portable, j'entrepris d'envoyer un message concernant la réalité qui venait d'éclore dans mon esprit, un message peut-être risqué, peut-être trop instantané, trop lié à ma prise de conscience soudaine, mais je me sentais obligée de le faire.

@maddy.moore : J'ai compris le choix du clan. Je sais que c'était pour notre bien, pour mon bien, ainsi que pour le votre, et pour le tien. Je sais aussi pourquoi tu m'as ignorée ces derniers jours, mais je ne veux pas que tu sois éloigné, une nouvelle fois, pour me protéger. Je ne suis plus la gamine innocente que j'étais l'année dernière, je veux assumer mon rôle dans tout ça, et rejoindre le clan.

SHYNESS 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant