⇻ ᴘᴏʀᴛᴇʀ ~ 〚𝕃𝕖𝕧𝕐𝕒𝕜𝕦〛

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ᴘᴏʀᴛᴇʀ
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Quand ils rentraient du lycée ensembles après l'entraînement, Lev proposait toujours à Yaku de porter son sac sans que ce dernier ne comprenne pourquoi. Il refusait toujours, bien évidemment. Il n'était pas faible à ce point ! Mais n'empêche que ça le perturbait cette histoire.
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Depuis quelque temps, Lev avait une manie qui énervait beaucoup Yaku. Il fallait dire qu'il en avait beaucoup, des manies qui l'énervaient chez Lev. Comme sa tendance à toujours lui rappeler sa petite taille. Mais celle-là, elle était tout simplement insupportable.

Au début, ce n'était rien de bien méchant même si Yaku n'avait pas du tout compris quand Lev lui avait demandé si il voulait qu'il lui porte son sac pendant qu'ils rentraient chez eux après l'entraînement. Yaku avait juste refusé en regardant bizarrement son ami. Puis il n'y avait plus fait attention, ni même pensé jusqu'au lendemain, où Lev lui avait fait la même proposition plus que chelou. Et puis ce fut une semaine, un mois, et bientôt deux.

Deux mois que Lev répétait ce manège chaque soir et si au début, Yaku s'était juste dit que ça lui passerait, maintenant, ça le préoccupait vraiment. Avouez que c'était quand même étrange de toujours lui demander ça. C'était même super chelou. Est-ce que Lev pensait qu'il était faible au point qu'il ne pouvait pas porter son sac tout seul ? C'était une véritable connerie. Il devrait le savoir, pourtant, que sa petite taille ne l'empêchait pas d'avoir de la force. Il devrait même le savoir mieux que personne. Mais pourtant, il continuait à lui demander ça tous les soirs.

"- Yaku-san ! Tu veux que je prenne ton sac ?

- Pour la millième fois Lev, non, je peux le porter tout seul. Pourquoi tu veux à ce point me le prendre ?"

Il avait enfin posé la question fatidique, et cette même question avait visiblement fait totalement beuguer Lev. Il s'était arrêté en plein milieu de la route, comme si ça lui semblait impossible que Yaku lui pose cette question alors que c'était plutôt évident qu'il allait le faire à un moment ou à un autre. Mais non, Lev restait là, sans savoir quoi dire ni quoi faire, et Yaku avait juste envie d'exploser de rire devant la tête de merlan fris de son camarade. Comme si de rien n'était, le libéro reprit sa route, bien vite rejoint par son camarade qui semblait enfin avoir repris ses esprits, quoique il n'avait pas totalement l'air d'avoir les pieds sur terre.

Au final, Lev n'avait plus ouvert la bouche de tout le trajet, ce qui, en plus de n'être jamais arrivé, était très bizarre. D'habitude, le russe couvrait le silence en ne cessant de parler de tout et de rien. Et Yaku écoutait tout, répondait parfois, acquiesçait. Lev comblait le vide. D'habitude. Là, le libéro pouvait tout entendre hormis la voix de son coéquipier. Il entendait le vent qui soufflait dans les feuilles des arbres, les moteurs des voitures qui passaient dans la rue qu'ils longeaient et même dans celles alentour. Il entendait un chien aboyer au loin, la sonnette d'un vélo, les cris des enfants qui jouaient dans un jardin. Il entendait tout sauf la voix de Lev. Et il avait beau dire qu'il l'exaspérait à ne jamais savoir se taire, là, il aurait mille fois préféré qu'il continue à être le moulin à parole de d'habitude.

Ils atteignirent bientôt la maison du russe, et Yaku ne savait plus quoi faire. Lev l'inquiétait. Quand il ne parlait pas, c'était qu'il y avait un problème, et un gros. Alors pour qu'il se taise tout le long du trajet, ça devait vraiment être grave. Et puis si il était totalement honnête, il n'aimait vraiment pas voir cet air triste sur le visage de son coéquipier. Ça ne lui allait pas du tout. Le libéro se mordilla la lèvre, ne sachant pas vraiment si il devait insister ou bien lui laisser le temps de lui parler de ce qui n'allait pas. C'était de sa faute en plus. C'était cette question qu'il lui avait posée qui l'avait complètement rendue mutique.

"- Attends Lev !"

Il venait d'attraper la manche de sa veste, le retenant avant qu'il ne pousse le portail de sa maison. Il ne pouvait définitivement pas laisser son kouhai partir comme ça. De toute façon, il allait y penser pendant des heures, il n'arriverait pas à se concentrer, et le lendemain, il serait encore plus exécrable avec Lev que d'habitude. Et si Yaku pouvait s'éviter ça, ça l'arrangeait. Ça arrangeait tout le monde.

"- Désolé si j'ai dis ou fait quelque chose de mal, ce n'était pas mon intention."

Il ne savait vraiment pas comment le dire pour que ce soit crédible, pour qu'il ne passe pas pour un abruti. Parce qu'on parlait quand même simplement d'un sac et d'une question. Alors il l'avait formulé de cette façon, en espérant que ça arracherait au moins un petit sourire à Lev, à défaut de lui rendre sa joie de vivre si communicative qui, même si il ne le montrait pas forcément, le faisait toujours sourire à l'intérieur de lui.

"- Ah ! Non ! Non, tu n'as rien fait Yaku-san ! C'est juste...

- Juste quoi ?

- C'est un peu... Gênant..."

Yaku s'était senti rassuré pendant une demi seconde. Ce n'était pas de sa faute. Mais maintenant, il avait peur de ce qu'allait encore lui sortir Lev, qui semblait d'ailleurs au comble de la gêne avec ses joues rougies et ses doigts qui jouaient ensembles sous le stress. Yaku ne comprenait définitivement pas ce qui se passait mais il avait hâte de savoir ce qui perturbait autant son coéquipier, et peut-être même avoir enfin le fin mot de cette foutue histoire de sac.

"- Kuroo-san a dit l'autre fois qu'il portait toujours le sac de Kenma quand ils rentrent chez eux.

- Et donc ?

- Et bah... Euh... C'est à dire qu'on sait tous que Kuroo-san aime Kenma et que Kenma aime Kuroo-san alors je me suis dit que... Que ça pourrait m'aider à te dire que...

- T'aider à me dire qu..."

Les paroles de son kouhai qui avait détourné les yeux, les joues plus rouges que jamais prirent enfin tout leur sens dans le cerveau de Yaku qui ne put s'empêcher de rougir à son tour. Mais quel idiot ! Il avait véritablement envie de frapper Lev pour sa stupidité, mais une autre part de lui avait simplement envie de le prendre dans ses bras parce que c'était tellement adorable comme manière de tenter d'attirer son attention.

"- T'avais pas besoin de faire tout ça abruti. Je t'aime déjà."

(1037 mots)

It's True Love [Recueil d'OS]Where stories live. Discover now