ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 36

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« Regretter quoi ? »

« Tout. Notre rencontre, mon amour pour toi. »

« Est-ce que toi, tu le regrettes ? » Contrecarra la sirène.

« ... » L'absence de réponse était étouffante.

« Okay... »

Ça faisait mal, très mal. Leo ressentit d'un coup un grand mal-être à être là, dans cette maison qui avait accueilli son père, Arthur. Il se leva et descendit le chemin rapidement, glissant par moment dans sa précipitation. Soudainement, il se sentit être retenu par une poigne forte autour de son poignet. Cette prise le força à se retourner et faire face à Maël, perturbé.

Il n'avait pas le droit.

Ce fut la première pensée qui passa dans l'esprit de Leo avant qu'il ne se reprenne.

Il était peut-être temps de mettre fin à tout ça.

« Ecoute Maël, je peux comprendre que tu regrettes mais en tout cas, sache que moi, jamais je ne regretterais d'avoir bafoué les lois ancestrales de mon peuple pour te découvrir. Je t'aime d'un amour profond, si profond que j'ai du mal à trouver les mots exacts pour te l'exprimer. Mais aussi fort que cet amour est, il y a des paramètres que ni toi, ni moi, ne pouvons altérer. Je suis un monstre aquatique, quoi que tu en penses. Tout aussi bien que toi tu ne peux pas survivre dans mon monde, je ne peux pas le faire dans le tien. » Il prit une profonde respiration après cette tirade. Il se redressa et plongea son regard dans celui de Maël, camouflant au mieux sa propre douleur. « Il est temps d'y mettre fin. »

« Q-Quoi ? » Dit finalement Maël. Ses yeux se troublèrent, sa respiration se fit lourde alors que sa prise sur le poignet délicat de la sirène se resserrait et qu'il le tirait même un peu plus à lui, inconsciemment. « Tu ne peux pas dire ça ! »

« Maël... » La sirène posa sa main libre sur la main de Maël qui se trouvait sur son poignet et il s'en défit aisément. La peur de Maël grandit quand il comprit qu'il ne faisait pas le poids contre la puissance de la sirène. Depuis le début. Il supplia ce dernier de ne pas partir mais la décision de Leo était prise. Il devait être la tête froide de leur couple, la personne qui prend les décisions, même si elles étaient compliquées. « C'est fini, Maël. Il faut que tu m'oublies. Rencontre quelqu'un, je sais que tu le feras mais oublie-moi. Tu sais quoi, haïs-moi. »

« Non ! Je ne peux pas et je ne veux pas ! Je t'aime Leo !! » Cria ce dernier en faisant un pas en avant. Mais Leo en faisait un en arrière. « Leo, écoute-moi, on va trouver une solution. Même si c'est juste pour quelques années, s'il te plaît, ne pars pas, ne m'abandonne pas. S'il te plaît... »

« Maël... » L'homme-sirène continuait de reculer, jetant des rapides coups d'œil en arrière pour anticiper les obstacles sur son chemin le menant à la plage.

Les pleurs de Maël déchiraient le calme relatif de la plage. Son beau visage était tordu par la douleur. Quand leurs pieds s'enfoncèrent dans le sable, la sirène accéléra sa marche arrière, ses doigts le déshabillant. Peu à peu, alors qu'ils se rapprochaient de la houle, cette dernière s'apprêtant à lécher les chevilles osseuses de la sirène, leur chemin était recouvert des vêtements dont Leo s'était délesté, son regard n'ayant pas une seule fois dévié du regard épleuré de l'humain, frustré de ne pouvoir agir et retenir la créature marine qui lui échappait un peu plus à chaque pas.

« Je t'aime Maël. N'en doute pas un instant. » Dit-il finalement alors qu'il était délesté de chacun de ses apparats humains. Un sourire triste grandit sur ses lèvres alors qu'il profitait encore un peu des traits du visage de Maël, bien que ceux-ci soient tordus par la douleur. « N'oublie-pas, soit heureux, oublie-moi. »

« Non... »

« Il le faut, et tu le sais. »

« Je refuse. » S'exclama-t-il.

Même s'il ne fallait pas, Leo fit un pas en avant pour se retrouver à quelque malheureux centimètres de l'humain qui resserra ses mains avec force sur ses épaules. La sirène monta sa main à sa joue qu'il caressa avec douceur. Il pencha légèrement la tête sur le côté, son pouce caressant la bulbe de ses lèvres avant de venir y poser ses lèvres.

Pour la dernière fois.

Maël plongea à corps perdu dans cet échange, ses bras s'enroulant autour de son corps pour le coller à son torse. Ainsi, Leo ne sentait presque pas la morsure du vent froid qui battait la plage.

Il était si bien, là, dans ses bras.

Et pourtant, il y mit fin.

Avec autorité, il se retira de l'étreinte. Maël tenta de résister mais cela était peine perdue.

« Ferme les yeux. » Contre toute attente, Maël obéissait. Le masque de Leo se brisa, il utilisa les derniers morceaux de sa volonté pour stabiliser sa voix alors qu'il venait poser ses lèvres contre l'oreille de Maël. « Mon baiser n'a pas marché sur toi parce que j'ai voulu qu'il ne marche pas. Je t'aime Maël et c'est parce que je t'aime que je le fais. »

« Je t'aime... »

Un sourire prit place sur ses lèvres. Il glissa ses lèvres le long de la joue de l'humain et vint les poser sur celles de Maël qui put sentir le goût salé de ses larmes sur sa langue avant qu'une morsure ne le fasse légèrement ployer le genou. Il ne s'écroula pas grâce à la prise ferme qu'exerçait la sirène dans son dos. La morsure était horrible, un goût horrible suintait dans la plaie, son cerveau devenait douloureux comme si des millions de frelons le piquaient en même temps. Ses jambes cédèrent définitivement puis il sombra dans le noir le plus complet.

Quand il se réveilla, il était allongé dans le sable humide. Un rapide coup d'œil vers le ciel lui fit comprendre qu'il était midi bien passé. Sa tête lui était lourde. Prudemment il se redressa en position assise et regarda autour de lui, doucement, car à chaque mouvement, sa vue se brouillait. Il avait un goût désagréable sur la langue et en touchant sa lèvre, il se rendit compte que celle-ci était coupée.

Quand sa tête et ses vertiges lui permirent, il se releva et regarda autour de lui. Il ne savait pas pourquoi il était là. Son cerveau était vide. Tout comme la plage où la houle battit son propre record et vinrent lécher ses chevilles, trempant ses chaussures et le bas de son pantalon. Maël recula subitement pour échapper à une deuxième vague. Il se gratta l'arrière de la tête, désespérant de comprendre ce qu'il faisait là.

Nada.

Finalement, en comprenant qu'il n'obtiendrait aucune réponse à ses questions, il tourna les talons et remonta la petite crique en direction du chemin qui le mena au village. Il avait envie de nager. 

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasDove le storie prendono vita. Scoprilo ora