Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-bras

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Maël avait encore besoin de temps pour digérer tout ça. Pourtant, au lendemain d'une énième tempête dévastatrice, il avait ressenti le besoin de se rendre dans la grotte pour s'assurer que Leo allait bien.

Il avait réfléchi aux propos de Leo et il avait tellement de questions qui nécessitaient des réponses sans quoi il allait devenir fou. S'il ne l'était pas déjà vu qu'il était « malade » d'après les dires de la sirène.

Quand il pénétra dans la grotte, il s'était presque attendu à tout sauf découvrir Leo dans sa forme humaine, profondément endormi sous une couverture tressée d'algues. Il fut quelque peu décontenancé. Il posa ses affaires silencieusement avant de sauter sur l'ilot pour profiter des rayons de soleil filtrant par l'oculus. Il somnolait quand Leo s'agita.

L'Humain se redressa et observa, quelque peu touché, la sirène se frotter les yeux, regarder autour de lui avant de se figer en voyant qu'il n'était pas seul. Il essaya même de cacher la couverture d'algues. Ce qui intrigua Maël. Il s'assit au bord de l'ilot pendant que Leo l'imitait au bord de l'éperon rocheux, les yeux baissés sur ses doigts.

« Pourquoi tu dors là ? »

« ... »

« Au lieu de me mentir, tu ne me réponds plus maintenant ? »

« Non, ce n'est pas ça... »

« Alors ? »

« Je ne suis pas retourné dans mon peuple... »

« Depuis combien de temps ? »

« Depuis ton départ... »

« Quoi ? » Leo baissa de nouveau la tête et Maël crut même voir une larme couler. Mais il était trop loin. « Tu pleures ? »

« Non. » Sa voix était cassée.

« Pourquoi ? »

« Je me suis disputé avec mon père. »

« A quel propos ? A cause de moi ? »

« Entre autres. »

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Mon père faiblit. Il veut que je prenne sa place sur le trône. Mais je n'en ai pas envie. »

« A cause de moi ? »

« Oui... Et non. »

« Comment ça ? »

« Je n'ai jamais voulu de cette place, de ce rôle. Moi, je veux découvrir l'océan et même la Terre. Je n'ai rien d'un leader, je ne suis qu'une pathétique sirène. »

« Tu n'es pas pathétique. » Souffla Maël. Leo releva les yeux et les deux êtres vivants restèrent silencieux un moment jusqu'à ce que la sirène détourne le regard. Maël sauta jusqu'à l'éperon rocheux, s'asseyant à ses côtes. « Pourquoi penses-tu cela ? »

« J'ai tout foiré... Que ce soit avec ma mère, mon père ou toi. Tout ce que je fais, même si j'ai l'impression que c'est le meilleur choix, et bah, à chaque fois ça se retourne contre moi... »

« Comment ça ? » Maël le sentait si fragile. Il s'en voulait presque de profiter de cet état pour obtenir des compléments d'informations.

« Je pensais qu'en partant, ma mère aurait la vie sauve, qu'on lui ficherait la paix... Je pensais qu'on ne la traiterait pas comme une renégate à cause de son mari et de son fils si faible... »

« Leo... » Même s'il lui en voulait de lui avoir menti, Maël n'aimait pas le voir ni l'entendre si triste.

« Je sais ce que tu vas dire : je ne suis pas faible et tout. Mais c'est vrai. Par rapport à mes pairs, je suis faible de corps et de cœur. La preuve, j'ai cru que tu pourrais comprendre pourquoi je t'ai omis toute la vérité... »