ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 30

447 75 7
                                    

Leo recula brusquement. Maël se redressa, se rendant compte de l'ambiguïté de ses propos. La sirène chercha à s'écarter mais l'humain le retint en prenant sa délicate main dans la sienne.

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. Excuse-moi. »

« Que voulais-tu dire dans ce cas ? »

« Je me disais juste que ouais, peut-être j'ai cette malédiction qui me colle à la peau. Ce qui, étonnement, ne m'effraye pas et ne me surprend pas autant que cela devrait. Mais bien plus qu'une attirance maladive et psychotique pour l'océan, je suis surtout incapable de me défaire de toi... Des sentiments que je ressens à ton égard. »

« Quels sentiments ? » Demanda la sirène timidement.

« Je ne saurais les décrire. Mais il est vrai que même si en mon fort intérieur je sais que tu n'as pas besoin de moi, j'ai besoin de te venir en aide. »

« Même si tu dois te mettre en danger ? »

« Même si je dois me mettre en danger. » Les deux jeunes hommes se regardèrent. Ce fut Maël qui détourna le regard le premier, se sentant englouti sous une vague destructrice. « J'ai une furieuse envie de faire quelque chose de très cliché... »

« Quoi donc ? »

« J'ai très envie de t'embrasser. »

« En quoi est-ce cliché ? »

« Si tu avais regardé autant de feuilletons à l'eau de rose que je l'ai fait en compagnie de ma grand-mère, tu le saurais. »

« Dans ce cas, montre-moi. »

« Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée... C'est rarement une bonne idée, d'ailleurs... »

« Notre rencontre même était une mauvaise idée. »

Maël devait lui accorder ce point. Le simple fait de se parler comme ils le faisaient depuis de nombreuses années étaient une mauvaise idée. Et pourtant, cela ne l'aida pas plus à déterminer s'il allait passer ce cap et prendre ce chemin tortueux qui ne pouvait avoir que deux issues possibles :

Sa mort.

Ou sa folie.

Leo attira son attention en posant ses doigts délicats sur sa joue. L'humain perdit son regard dans l'immensité de son regard, ses yeux caressèrent son visage, s'attardant sur ses lèvres entrouvertes. Maël déglutissait.

« Dans cette situation, tu ferais quoi toi ? » Demanda-t-il pour gagner du temps et dans une dernière tentative de résister à son désir.

« Maël... » Souffla la sirène.

Maël perdit sa lutte intérieure. Il sauta sur les lèvres de la sirène qui se renversa sous son poids. Les mains de l'humain étaient fermement accrochées à la nuque de l'homme-sirène. Leo tremblait sous lui et pourtant il savait qu'il ne devait pas cesser. Les mains de Maël partirent à l'exploration du torse plat de la créature marine, s'autorisant enfin à imprimer dans sa mémoire la douceur de cette dernière, entrecoupée par la rugosité des écailles si fines qu'elles n'étaient pas perceptibles à l'œil nu. A bout de souffle, Maël recula mais son visage, tout comme son corps, recouvrait celui de la sirène qui haletait.

« C'est vraiment une très mauvaise idée. » Susurra l'humain dans une veine tentative de résister à son instinct.

Deux secondes plus tard, ses lèvres dévoraient à nouveau celles de la sirène qui ne savaient que faire de ses propres mains. Leo était perdu dans la myriade de sentiments qui envahissaient son âme et son corps. Ce dernier avait des réactions qu'il n'avait jamais ressenti jusqu'alors. Il grogna de frustration.

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant