ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 35

417 65 8
                                    

Plus rien n'avait d'importance aux yeux de Maël. Son expédition prochaine, il n'était pas pressé. Sa thèse dans quelques mois, guère plus. Plus rien n'avait d'importance hormis ses moments en compagnie de Leo.

Seul lui importait la peau de l'homme-sirène en contact avec la sienne.

Depuis ce soir-là, les deux hommes s'étaient découvert un besoin viscéral de s'unir dès qu'ils étaient l'un vers l'autre, de ne faire plus qu'un. Maël ne se lassait pas de sentir les légères aspérités de ses écailles frotter contre sa peau, le sable de la plage à la nuit tombée exfolier leurs peaux. Maël aimait le goût du sel qui teintait sa langue, sa bouche et encore plus sa peau quand il la chérissait de haut en bas avec attention. Il était dingue de leurs contacts.

Ce jour-là, après un énième moment où rien d'autre n'avait d'importance que leurs émotions à fleur de peau, leurs désirs animaux de satisfaire leurs besoins primitifs, ils étaient lovés l'un contre l'autre au centre de l'ilot. Leurs deux corps étaient nimbés par le soleil filtrant par l'oculus. Les doigts de Maël se promenaient distraitement sur le bras de Leo qui somnolait sur son torse. Les longs cheveux de ce dernier habillaient ses épaules comme une cape soyeuse.

Est-ce qu'il se lasserait un jour de cette vue merveilleuse ?

Il avait la certitude que non.

« Maël ? »

« Hm ? »

« J'aimerais retourner en ville avec toi... »

« Qu'aimerais-tu faire ? »

« Je ne sais pas... Juste... Passer un moment avec toi... Ou avec tes amis, peu importe. »

Maël garda le silence un long moment. Si longtemps qu'il créa une inquiétude chez l'homme-sirène qui se redressa sur ses genoux. Maël se redressa en position assise et capta le regard de son amant. Il y vit une crainte qu'il n'avait pas vu depuis un long moment. Il monta sa main pour prendre en coupe le visage aux traits délicats. Ses yeux caressaient les traits de son visage avant de revenir pour s'ancrer dans le regard sombre.

« Je sais où je vais t'emmener. »

Après quelques jours nécessaires à la mise en place de cette sortie, Leo se tenait à son bras vêtu d'un pantalon beige plissé droit. Il tombait parfaitement au-dessus de ses chevilles délicates. Ses pieds faibles étaient chaussés de Dr Marten's basse de la même couleur. Son choix s'était porté sur une chemise bleu lavande sous un pull en laine à manche courte beige. La tenue était légèrement plus large que l'homme qu'elle habillait. De plus, ses longs cheveux sombres qui tombaient comme un voile sur ses épaules lui donnaient un air de faux innocent. Maël ne pouvait s'empêcher de penser qu'il lui faisait plus penser à un incube démoniaque qu'à un ange de la Cour Suprême.

A contrario, Maël paressait bien sombre dans son pantalon cargo noir, son col roulé noir sous son blouson en cuir. La seule similitude entre eux étaient le choix de ses chaussures : la version 16 trous de celle qu'arborait l'homme-sirène.

Maël avait prévu la sortie à la levée du jour. Actuellement, ils remontaient la berge où seuls les cris lointains des pêcheurs occupés à charger leurs navires pour partir en mer perturbaient le calme profond du village assoupi. Les candélabres publics éclairaient leurs chemins, jouant avec leurs ombres qui fascinaient Leo à chaque fois qu'elles grandissaient, s'étendant sur des mètres avant de rétrécir jusqu'à disparaître au moment où ils passaient sous l'un des éclairages. Les deux hommes appréciaient la caresse du vent salé sur leurs peaux, et bien que Leo mourrait d'envie de savoir où ils se rendaient, il ne semblait pas éprouver le besoin d'interrompre le moment.

Le chant de l'océan. Tome 2 : mor-brasWhere stories live. Discover now