7. Le bain

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1146 mots

Bonjour !

Je préviens : ce chapitre est un peu plus triste que les autres. Je crains de crever vos petits coeurs.

Mais nous en venons progressivement au vif du sujet, encore un petit peu de patience !

Plus que deux chapitres et les choses sérieuses commenceront. En attendant...

Bonne lecture !

* * * * *

- Allez, à la douche !

Planté au milieu de la salle d'eau, Andreas ne savait pas vraiment, ni ce qu'il devait faire, ni ce qu'il ressentait.

Zayn venait de le lâcher pour remplir la baignoire d'eau chaude ; et l'absence de ce dernier repère, physique, le laissa démuni.

Il savait, en réalité, ce que l'homme attendait de lui : qu'il se déshabille, tout seul, comme un grand. Mais c'était, en trois mots : tout simplement inenvisageable.

Que ferait-il sans cette ultime barrière contre les coups ? Certes, le tissu atténuait rarement l'intensité de la douleur. Cependant, et c'était l'essentiel : il ne sentait pas aussi vulnérable que sans.

Il était loin d'être sûr de pouvoir survivre, si l'arrivée providentielle de Zayn dans le court de son existence s'averait n'être qu'un leurre, son premier faux espoir, un mauvais tour joué par le destin.

L'adulte, quant à lui, mit un moment avant de se rendre compte du trouble du garçon ; encore plus à en deviner l'origine.

Il pensa simplement que le garçon était pudique. À ce propos, il avait déjà opposé résistance, lorsque Dr. Johnson avait cherché à le dévêtir.

Ou bien avait-il honte de ses blessures ? Derrière son silence quasi religieux, l'infirmier devinait une grande intelligence dans son regard.

Un petit garçon forcé de grandir plus vite que la moyenne, pour affronter un quotidien qui n'aurait pas dû être le sien, ni celui d'aucun autre enfant.

Une telle réflexion n'aurait donc pas été si étonnant de sa part, même à son âge.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Imitant son mari, Zayn s'accroupit pour être à la hauteur d'Andreas. Il espérait que ce dernier lui accorderait davantage confiance.

Et s'il se félicita qu'il ne recule pas, la peur qui se peignait dans ses yeux était plus qu'explicite.

- Tu peux parler, tu sais. Tu n'attends pas l'autorisation, quand même ?

Et partant d'un petit rire nerveux, l'homme réalisa brusquement que c'était peut-être exactement ce qu'il attendait.

Heureusement, et il détesta de pouvoir s'en réjouir, le garçon balança la tête de gauche à droite pour lui signifier la négative.

Puis, dans une sorte de hoquet, il sembla comprendre quelque chose, mais trop tard. Il avait déjà fauté.

Zayn avait probablement voulu dire par là qu'il voulait qu'il parle, sinon qu'il le devait.

Son beau-père et sa mère auraient pu ignoré cette erreur. Mais Zayn, et Niall ? Comment allait-il le punir.

Quel était le barème pour chacune de ses fautes ?

Avec les années, il avait appris à prédire les réactions des deux adultes qui l'avaient exclusivement élevé. Mais le couple qui l'accueillait étaient de parfaits étrangers. Et il ne semblait pas avoir d'enfants.

Cela valait peut-être mieux pour Andreas, qui avait généralement du mal à s'intégrer. Ou pas...

- Je suis désolé...

Sa petite voix s'éleva dans l'espace restreint, tandis qu'il baissait la tête en signe de respect. C'était de cette manière que sa génitrice l'avait éduqué à se comporter envers les adultes. Dresser, plus exactement.

- Hé, bonhomme. Tu n'as à t'excuser de rien. Et si tu ne veux pas parler pour le moment, tout est OK. Juste, ne te prives pas de nous dire, à Niall ou à moi, si tu as besoin de quelque chose ou si ça ne va pas. D'accord ?

Le petit garçon hocha la tête, avant de relever avec prudence les yeux vers Zayn.

Il n'avait même pas l'air en colère. Peut-être qu'il était gentil, comme la maîtresse, qui lui demandait pourtant rester éveillé en classe alors qu'il n'avait dormi une seule minute, la nuit précédente.

Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir.

- On lave tes cheveux, maintenant, hm ?

Alors, l'enfant retira avec précaution sa veste, seul ; puis son t-shirt, avec l'aide de Zayn.

Son pantalon et ses sous-vêtements à terre, il se pressa de glisser dans l'eau plus que tiède. Un délice...

La chaleur détendait ses muscles endoloris, et la vapeur d'eau ambiante lui donnait l'impression d'ouvrir ses poumons.

L'infirmier le laissait barboter quelques minutes, puis, il fit couler un filet d'eau pour humidifier les cheveux bouclés, et versa une quantité générale de shampoing dans sa paume.

Andreas ne bougea pas d'un pouce durant l'opération ; et ce même lorsque l'homme ne prit pas garde au savon qui entrait en contact avec son œil.

Son manque de réactions préoccupait toujours Zayn. Il n'exprimait, pour ainsi dire, que de la peur. Pas une once de soulagement ou de regret pour son ancienne vie ne venait le trahir.

C'était plus que perturbant.

Comme si l'enfant avait mis tous ses sentiments, toutes ses émotions en berne. Il ne restait plus que le concret : la douleur, le contact, le chaud et le froid... L'humidité.

L'infirmier remarqua rapidement que c'était une sensation que le petit réprouvait particulièrement.

Alors qu'il l'aidait à se sécher, Andreas frotta vigoureusement ses jambes, rouvrant quelques unes de ses plaies, qui avaient commencé à cicatriser. Comme si la légère piqûre que cela devait lui causer ne le gênait.

- Attention, tu vas te faire m-...

- Pa-Pardon, je vais nettoyer.

Et de la manière la plus naturelle du monde, l'enfant se dirigea vers le lavabo, un peu trop grand pour lui. Il se dressa sur la pointe des pieds, en équilibre précaire ; et ouvrit à pleine vanne le robinet d'eau froide.

De ses petits ongles désormais propres, il entreprit de faire disparaître les traînées de sang tàchant le linge de toilette blanc. D'une main sur son épaule, Zayn le stoppa.

- Arrête ça. Tu n'as pas à le faire. On va simplement le mettre à tremper, et après un tour en machine, ce sera comme neuf !

Le poing refermé sur la serviette, qu'il lui avait quasiment arraché des mains une minute plus tôt, le garçon adressa un regard désemparé à l'attention de Zayn, avant de hocher la tête avec précaution. Il abandonna son œuvre dans le lavabo, frisonnant à cause du froid.

L'adulte l'aida à s'habiller, d'un simple pantalon bleu, et d'un pull brun au-dessus d'un t-shirt. Aussitôt, il tira sur les manches pour recouvrir ses mains, et se blottit dedans.

- C'est confortable, hein ?

Andreas hocha la tête, une fois de plus.

Ce que l'homme face à lui ne savait pas, c'est que la veste élimée qu'il portait jusque là était le vêtement le plus chaud qu'il avait trouvé dans son armoire, lorsque le policier lui avait demandé de l'accompagnr à l'extérieur, le soir de l'arrestation de sa mère et de son beau-père.

Un tel habit représentait un luxe qu'il n'avait, pour ainsi dire, jamais connu. Sa mère refusait la charité de leurs voisins, qui avait tenté par trois fois de proposer des pièces plus épaisses pour lui, alors que les températures chutaient.

Mais comme tous ceux qui avaient, un jour ou l'autre, fait un pas vers Andreas et s'étaient heurtés à un mur, ils avaient abandonné. Et le garçon avait continué de grelotter dans la cour de l'école, tout le mois de novembre.

A ChanceWhere stories live. Discover now